Il n’a pas fallu attendre longtemps après la retraite de
Jean-Louis Borloo pour maladie (et sans doute un certain ras-le-bol!) pour que
les chefaillons centristes se bagarre à nouveau entre eux.
Et ce n’est pas (encore…) entre l’UDI et le Mouvement
démocrate que la hache de guerre a été déterrée mais à l’intérieur même de la
confédération créée par Borloo avec l’élection de Philippe Vigier à la tête du
groupe UDI de l’Assemblée nationale face à François Sauvadet.
Petit rappel historique nécessaire afin comprendre que la
lutte ne fait que commencer.
Après l’échec des centristes en 2012, une partie du Nouveau
centre emmenée par Jean-Christophe Lagarde, François Sauvadet et Maurice Leroy a
rejoint Jean-Louis Borloo.
Pendant ce temps, Hervé Morin, leur ennemi intime, fait de
la résistance en affirmant que le Nouveau centre dont il est président
demeurera indépendant.
Mais, devant la pression «amicale» de ce qui lui reste de
troupes, notamment des élus avec Philippe Vigier en conciliateur, il est
contraint et forcé de rejoindre l’UDI où trônent déjà aux responsabilités
Lagarde et Sauvadet, désormais lieutenants d’un Borloo qui le déteste autant
qu’il le déteste.
Ambiance…
A parti de ce moment, toute la stratégie d’Hervé Morin – qui
multiplie les leurres en affirmant sa loyauté à la nouvelle formation et à son
chef – va être de déstabiliser l’UDI, à la fois, de l’intérieur en faisant des
déclarations iconoclastes et en revendiquant d’être la première formation de la
confédération pour contrer systématiquement Jean-Louis Borloo qui ont échangé
avant leur «réconciliation» de nombreux noms d’oiseaux, mais aussi de l’extérieur
en étant le principal supporter de la réintégration de François Bayrou (qu’il a
pourtant quitté avec pertes et fracas en 2007) dans le jeu centriste afin qu’il
soit une épine dans le pied du même Borloo.
Ambiance…
Cette stratégie a des résultats mitigés (même si on peut
penser qu’elle est une des raisons de la lassitude de Borloo), puisqu’Hervé
Morin continue à avoir du mal à exister politiquement même s’il réussit à
squatter les plateaux de télévision dès qu’il le peut (mais, au soir des
municipales, il n’y avait pas assez de journalistes pour venir écouter sa
conférence de presse…)
Reste que le retrait de Jean-Louis Borloo est bien
évidemment une excellente nouvelle pour lui, sa revanche et ses ambitions.
Voilà un de ses ennemis de l’espace centriste qui s’en va et
qui, en plus, laisse un vide puisqu’il n’y a aucun successeur légitime qui
puisse s’imposer naturellement.
Ce qui oblige à une élection pour choisir le prochain
président de l’UDI.
Et Morin sera bien sûr candidat. et se voit à la tête du
parti ce qui pourrait lui permettre de pouvoir se présenter à la présidentielle
de 2017, son rêve, lui qui n’a pu le faire en 2012… faute de parrainages
d’élus.
Dans cette optique, il vient de gagner la première manche
face à celui qui pourrait être son adversaire au poste de président de l’UDI,
Jean-Christophe Lagarde.
En effet, c’est un de ses proches, Philipe Vigier, qui a été
élu à la présidence du groupe UDI de l’Assemblée nationale en battant un proche
de Lagarde, François Sauvadet, le favori et qui avait reçu des promesses de
Borloo de récupérer le poste.
Pour autant, la tâche s’annonce, sinon impossible, voire extrêmement
ardue pour le président du Nouveau centre.
D’une part, il est très loin de faire l’unanimité à l’UDI
(mais le Nouveau centre doit encore être le principale parti de la
confédération en nombre de militants, ce qui lui assure de nombreuses voix).
D’autre part, il est impossible qu’il soit un rassembleur
dans le sens où l’on voit mal Lagarde, Sauvadet et Leroy et quelques autres lui
faire allégeance, de même que la majorité du Parti radical avec Laurent Hénart.
Sauf que ses adversaires sont dans le même cas que lui.
Dès lors, si aucune personnalité indiscutable n’émerge d’ici
là, il pourrait arriver en tête de la course.
Mais cette victoire pourrait être à la Pyrrhus et faire
imploser l’UDI, éparpillant l’espace centriste de micro-partis se faisant à
nouveau une guéguerre fratricide et mortifère.
Sans doute qu’une coalition anti-Morin pourrait le priver de
la présidence de l’UDI avec, néanmoins, un risque d’implosion plus ou moins
similaire.
Ambiance…
Déjà les ennemis du Centre se lèchent les babines et ont
réservé leurs places au premier rang, tout près du ring.
Centristement votre
Le Centriste