Le retrait de la vie politique de Jean-Louis Borloo a donné
lieu à une flopée impressionnante d’hommages.
On a entendu que des compliments de la Droite à la Gauche
et, bien entendu, dans l’espace central, chez les centristes et chez les
radicaux.
Voilà au moins qui réconfortera Jean-Louis Borloo mais qui
le fera peut-être (sûrement!) rire jaune.
Derrière beaucoup d’entre eux, se cachent en effet des
arrière-pensées politiciennes, surtout à l’UDI et au centre de l’échiquier
politique.
Il faut se rappeler que la constitution de l’UDI puis de
l’Alternative était vraiment et reste très loin d’être un long fleuve
tranquille.
Que ce soit de l’intérieur avec des querelles incessantes de
chefaillons en mal de pouvoir ou de l’extérieur avec une pression loin d’être
amicale de l’UMP pour faire du suivisme électoral, la président de l’UDI était
constamment ballotée et sur le grill.
D’autant que Jean-Louis Borloo, qui avait demandé un pouvoir
central plus fort, dans ce qui n’est toujours qu’une confédération, avait
menacé de laisser tomber s’il n’obtenait pas gain de cause, ce qu’il n’a pas
obtenu, lui qui pestait contre tous les SMS qu’ils recevaient chaque jour sur
des petites querelles mesquines entre membres dirigeants de l’UDI.
Quant à l’Alternative, beaucoup au sein même de l’UDI
pensait qu’il s’était fait grugé par François Bayrou qui, à l’agonie politique,
avait grâce à cette «organisation coopérative», retrouvé mordant et ambition en
se l’appropriant quasiment, lui permettant au soir de sa victoire à Pau, par
exemple, de faire un discours de politique nationale alors qu’il venait de
jurer quelques jours plus tôt que la présidence de la république ne
l’intéressait plus.
Et si Pierre Méhaignerie avait raison, lui qui a expliqué
que dans la décision de Jean-Louis Borloo de prendre une retraite politique, il
y avait aussi beaucoup de lassitude face aux querelles et coups bas venus d’abord
de la galaxie centriste.
D’autant que l’on sait que Jean-Louis Borloo n’aime pas la
politique politicienne et tout ce qui va avec d’où ses multiples refus de
s’engager dans des aventures comme les présidentielles où la bataille des idées
est souvent supplantée par une bataille de chiffonniers.
On verra bien si, dans les mois qui viennent, Jean-Louis
Borloo se sent assez en forme pour revenir à l’UDI.
Mais on peut aussi se demander si cette même UDI existera
toujours!
Dit comme cela, voilà une éventualité qui semble hautement
impossible tant les centristes auraient à perdre en s’opposant les uns aux
autres et en se divisant à nouveau.
Pour autant, quand on connait les inimitiés, pire, les haines
tenaces entre les dirigeants de l’UDI, on serait tenté d’être beaucoup plus
nuancés.
En tout cas, on sera vite fixé puisque des élections
internes vont devoir avoir lieu, notamment pour la présidence de la formation
de centre-droit, ce qui va certainement libérer la parole des uns et des autres…
De même, une clarification sera nécessaire après les
européennes pour savoir ce qu’est en réalité l’Alternative.
Les partis centristes sont à nouveau à un tournant eux qui s’imaginaient
déjà sur une longue ligne droite, fonçant vers un avenir radieux!
Centristement votre.
Le Centriste