Il semble qu’une remise en cause de la démocratie libérale
caractérise cette deuxième décennie du XXI° siècle.
Une remise en cause interne par la conjonction d’une
revendication libertario-hédoniste d’une autonomie individuelle sans borne et
d’une affirmation que le système démocratique serait incapable d’accomplir de
manière satisfaisante ses missions de protection du peuple en matière
économique, sociale et sociétale, notamment de produire de la croissance et de
l’emploi.
Une remise en cause externe avec les régimes autocratiques
qui, de la Russie à la Chine en passant par l’Iran ou le Venezuela, prétendent
que les règles de la démocratie libérale ne sont rien d’autres que de la
faiblesse et la porte ouverte à toutes les dérives qui minent la civilisation
mondiale par une culture démocratique qui serait par principe dévoyée et
produirait du désordre dans tous les domaines.
Une analyse superficielle de la situation des démocraties
occidentales pourraient laisser à penser que cette double remise en cause n’est
pas sans fondement.
Voilà des pays riches et avancés qui sont incapables de
contenter leurs populations de plus en plus revendicatives dont la défiance du
fonctionnement de la démocratie augmente, accusant leurs élus d’incurie et de
corruption tandis qu’elles manquent de fermeté face à leurs ennemis extérieurs.
Plus profondément, la démocratie produirait elle-même sa
contestation interne notamment par le relâchement du lien social et la montée
des comportements égoïstes et égocentriques d’individus qui rejettent, et le
principe de solidarité et celui de tolérance, qui sont des piliers du vivre
ensemble démocratique.
Ce tableau inquiétant est brandi par tous ceux qui refusent
d’envisager les réformes nécessaires pour renouveler le modèle démocratique
mais aussi qui s’opposent aux avancées indéniables de la démocratie actuelle
dans une posture réactionnaire et passéiste.
Ce n’est pas la vision du Centre et du Centrisme.
Explications.
La démocratie n’a jamais été et ne sera jamais le système
parfait. Il est le meilleur système par le compromis qu’il établi entre
liberté, égalité, solidarité, tolérance mais aussi par le fait qu’il donne une
prééminence à la majorité (ou des majorités) tout en garantissant les droits de
la minorité (ou des minorités).
Mais, pour être pérenne, la démocratie ne doit surtout pas
être un système figé qui la condamnerait à une mort certaine. Il lui faut donc
se réformer sans cesse et s’adapter à la réalité du présent tout en préparant
l’avenir et se reposant sur les acquis du passé.
Concrètement, la démocratie est un processus constamment en
construction et en progression qui se nourrit de ce qu’il a édifié tout en
approfondissant ses mécanismes et s’attaquant aux défis qui se présentent à
lui.
Pour cela, il faut des dirigeants et des citoyens
responsables, capables de s’appuyer sur un consensus démocratique qui ne
souffre aucune ambiguïté, ce qui est de moins en moins le cas actuellement.
Or, comme l’écrivait Alexis de Tocqueville, «pour qu’il y
ait société et, à plus forte raison, pour que cette société prospère, il faut
que tous les esprits des citoyens soient toujours rassemblés et tenus ensemble
par quelques idées principales».
Néanmoins, le fait que, tous les sondages le confirment, les
Français soient très majoritairement attachés à la démocratie, à la liberté et
au droit de vote, laisse de l’espoir.
Cependant ils ne doivent pas oublier que «tout ce qui
augmente la liberté augmente la responsabilité». (*) Surtout, que «l’expérience
d’une vie réussie n’est pas à l’aune de la victoire, mais dans le sentiment et
la conscience d’avoir été à la hauteur de ses responsabilités».
Belle maxime de Nelson Mandela qui devrait être celle de
tout citoyen d’une démocratie.
Car, oui, la responsabilité nous fait réfléchir à nos actes
et nous permet de ne pas faire des erreurs dangereuses ou des imbécillités que
nous payons cash.
Elle est aussi, dans nos sociétés avancées du XXI° siècle,
une condition sine qua non d’une démocratie approfondie qui ne sombre pas sous
les coups du «chacun pour soi» et d’un consumérisme politique populiste et
démagogique.
Au moment où la montée des extrêmes se confirme dans les
résultats du premier tour des élections municipales, il est bon de le rappeler.
(*) citation de Victor Hugo