«A question directe, réponse directe: est-ce que j'envisage
de me présenter aux élections présidentielles? Non».
Oui, c’est bien François Bayrou qui a dit sur les ondes
d’Europe 1 que s’il est élu maire de Pau, il ne sera pas candidat à l’élection
présidentielle de 2017.
Voilà bien une bombe médiatique… dans le petit univers
actuel des centristes.
Sans doute que le président du Mouvement démocrate a compris
que son rêve élyséen était une chimère, lui qui n’a rassemblé sur son nom qu’un
peu plus de 9% des voix en 2012.
Notons, cependant, qu’il n’a pas dit ce qu’il ferait s’il
n’était pas choisi par les Palois pour être leur édile mais on peut aisément
comprendre qu’incapable d’être élu devant quelques dizaines de milliers
d’électeurs, il aurait beaucoup de mal à justifier la légitimité d’une
candidature devant des millions…
Reste qu’en politique, François Bayrou sait plus qu’un autre
qu’il ne faut jamais dire jamais.
D’ailleurs, certains commentateurs politiques ont noté qu’il
avait employé le verbe «envisager» ce qui lui permet de se laisser une
opportunité de changer d’avis.
D’autant qu’en politique, les déclarations et les serments
passent et les comportements ainsi que les ambitions retrouvées se calquent sur
la réalité historique du moment.
Une leçon que le président du Mouvement démocrate a sans
doute apprise d’un de ses maîtres, Charles de Gaulle.
Car, sa vision personnelle de la situation de la France et
de l’Europe qui lui fait annoncer depuis des années des catastrophes pourrait
faire en sorte, si le monde ne tourne plus très rond dans trois ans, de lui
redonner une image de recours à la mode gaullienne.
Comme on dit, on attendra de voir pour le croire ou encore
qui vivra verra.
Au-delà de ces lieux communs, admettons cependant que cela
soit le cas, que Bayrou ait vraiment renoncé à sa drogue présidentielle, ne
voilà-t-il pas que le MoDem est déjà prêt à renvoyer l’ascenseur à celui qui a
permis à son président d’être le favori pour le fauteuil de maire de la cité
paloise, en l’occurrence le maire de Bordeaux, Alain Juppé.
Ce dernier n’a pas du tout annoncé quoi que ce soit pour
2017.
Mais au vu des démêlés judiciaires de Nicolas Sarkozy (et
des sondages où les Français disent majoritairement qu’ils ne veulent pas qu’il
revienne), la transparence de François Fillon et la détestation populaire de
Jean-François Copé, Juppé a une sérieuse chance de pouvoir prétendre être le
candidat de l’UMP, voire de toute la droite et du centre-droit où se trouve
désormais, faut-il le rappeler, la formation de François Bayrou, ancien
ministre de l’Education sous l’ère de Jacques Chirac de l’actuel premier
magistrat de la capitale de la Gironde (et, pourquoi pas, son futur premier
ministre…).
Des voies s’élèvent d’ores et déjà au Mouvement démocrate
pour dire que le Bordelais serait un bon choix.
Toujours est-il que Bayrou casé à Pau serait une aubaine
pour de nombreux centristes qui redoutent encore qu’il puisse être un handicap
dans le développement d’un Centre unifié.
Certains d’entre eux voient même dans ce désistement de
Bayrou la voie ouverte pour une candidature de Jean-Louis Borloo à la prochaine
présidentielle.
Voilà qui doit faire beaucoup rire les notables de l’UDI!
Centristement votre.
Le Centriste