Après Barack Obama, premier noir à occuper la Maison blanche
en 2009, Hillary Clinton sera-t-elle la première femme à s’assoir dans le
fauteuil du bureau ovale en 2017?
Si tel est le cas, ce sera l’occasion pour le Parti
démocrate de faire deux fois l’Histoire. Mais aussi pour les centristes
américains de faire coup double.
Car Barack Obama et Hillary Clinton sont tous deux
indubitablement du Centre et s’en revendiquent.
Preuve, parmi tant d’autres: les attaques virulentes et
incessantes de la gauche du Parti démocrate qui les trouvent «trop à droite» et
celles de la droite du Parti républicain qui les trouvent «trop à gauche»!
Plus sérieusement et plus profondément, si Obama a quelque
peu donné une coloration «populiste» (qui signifie aux Etats-Unis, plus proche
des revendications sociales du peuple, plus à gauche) à son discours depuis sa
réélection face à l’intransigeance des républicains radicaux, il n’en demeure
pas moins un homme du Centre.
Il a maintes fois prouvé, par son positionnement avant et
après son élection, qu’il défendait les valeurs et la vision centristes.
En ce qui concerne Hillary Clinton, elle est depuis encore
plus longtemps une femme du Centre, l’ayant constamment démontré par son action
politique comme première dame des Etats-Unis pendant la présidence de son mari,
Bill, comme sénatrice de New York, lors de sa campagne électorale de 2008 et lors
de son passage à la tête du département d’Etat dans l’administration Obama.
Les Pères fondateurs des Etats-Unis (ceux qui mirent en
place le système politique et rédigèrent la Constitution) avaient dans l’idée
de faire une démocratie centriste où le consensus devait systématiquement
l’emporter afin d’éviter qu’un camp ne profite du pouvoir de manière
outrancière et protéger les droits de la minorité par tout un mécanisme de pois
et contrepoids que l’on appelle «check and balances».
Si des hommes comme Franklin Roosevelt (démocrate, gauche) ou
Ronald Reagan (républicain, droite) ont réussi, comme quelques autres
présidents (de même que certaines législatures dominées par la gauche du Parti
démocrate ou la droite du Parti républicain), à déplacer le curseur mis en
place par les créateurs de la démocratie américaine, il est vrai que c’est le
gouvernement «au centre» qui l’emporte dans la durée.
Néanmoins, un gouvernement «du Centre» a été plus rare avec
des personnalités comme Théodore Roosevelt (républicain) ou Bill Clinton
(démocrate).
Depuis le virage à droite du Parti républicain à la fin du
XX° siècle, les centristes se trouvent essentiellement au Parti démocrate où
ils sont bien représentés même si l’aile droite de ce dernier (les «blue dogs»,
courant de centre-droit) est en perte de vitesse.
Quant à Hillary Clinton, les choses semblent se présenter
sous des auspices que l’on pourrait qualifier de plus qu’encourageants.
Largement en tête tant dans les baromètres de popularité que
dans les sondages d’intention de vote, elle a déjà derrière elle de nombreux
supporters qui s’organisent et organisent la machine de guerre électorale même
si elle n’a pas encore dévoilé ses intentions pour la présidentielle de 2016.
Ces dernières semaines, les médias ont encore un peu plus
parlé d’elle puisque le temps électoral aux Etats-Unis est devenu quasi-permanent
…
Quoi qu’il en soit, elle semble être, non seulement la
grande favorite, mais ne pas pouvoir être battue.
Néanmoins, nous sommes encore à plus de deux ans et demi
avant la prochaine élection et il peut se passer beaucoup de choses qui
pourraient casser cette évidence.
Rappelons qu’en 2008, elle était l’archi-favorite de la
primaire démocrate ainsi que de l’élection présidentielle et qu’elle a trouvé
sur son chemin un certain Barack Obama…
De même, elle cristallise sur son nom la haine tenace de
très nombreux républicains ultras, ce qui pourrait multiplier, lors de la prochaine
campagne, le nombre de coups tordus, ces fameuses «boules puantes», à son
encontre et dont on peut avoir un avant-goût de temps à autre.
Il faudra également qu’elle soit à la hauteur. Même si cela
semble une évidence pour une femme qui maîtrise la politique comme elle, rien
n’est jamais gagné d’avance dans une élection présidentielle.
Pour autant, Hillary Clinton a de fortes chances de devenir
la première présidente des Etats-Unis (on ne voit pas qui pourrait, en tant que
femme au jour d’aujourd’hui, avoir autant de chances qu’elle).
Et si c’est le cas, l’on sera alors assuré d’avoir une vraie
centriste à la Maison blanche dont un des proches conseillers sera un autre
vrai centriste, un certain Bill Clinton…
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC