L’Alternative est bancale. Cela, nous le savions dès sa mise
en place. C’était même sa marque de fabrique et il ne pouvait en être autrement
puisque la refondation du Centre dont elle se veut le facilitateur est en fait,
à l’origine, un simple outil de prise du pouvoir par l’un (UDI) ou l’autre
(Mouvement démocrate) bord de l’espace centriste.
Ce qui est le plus gênant dans cette initiative, c’est qu’elle
demeure une sorte d’union ad minima et sans lendemain au même titre que celle
que deux partis passent uniquement pour une séquence électorale où ils se sentent en danger.
Mais même cette interprétation de l’accord Bayrou-Borloo semble
«optimiste».
Car, comme le notait France Info récemment, l’Alternative n’existe
pas dans 19 des 25 plus grandes villes françaises.
Ce qui signifie dans ces cas (et beaucoup d’autres) pas d’union
entre les deux formations centristes mais, pire, qu’elles sont des adversaires.
Une hérésie si l’on considère que la charte qu’elles ont
signé stipulait, «Nous nous présenterons ensemble à toutes
les élections, nationales, régionales et européennes».
Ensemble, dans le langage bayrou-borlooiste ne semble pas
vouloir dire la même chose que dans le dictionnaire de la langue française: «l’un
avec l’autre» et non «l’un contre l’autre»…
La constitution des listes pour les européennes a été
également une lutte de tous les instants et l’impression désagréable demeure
que cette union, dans ce cas précis, est d’éviter une débâcle et de faire
réélire les sortants.
Dès lors, on est bien dans une situation qui appelle
obligatoirement une explication entre les deux «partenaires» une fois que les
élections seront passées où l’on espère dans les états-majors des deux partis
centristes que les électeurs seront assez indulgents pour ne pas sanctionner cet
artifice assez grossier pour ne pas dire cette combine assez irrespectueuse
très éloignée des valeurs du Centre.
Le porte-parole de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde estime fort
justement qu’«à la sortie de cette séquence (électorale), il faudra faire le
bilan. A ce moment-là, soit le MoDem clarifiera sa règle et on poursuivra
l'aventure, soit on arrêtera là».
Le problème, c’est que l’on ne comprend pas pourquoi l’UDI n’a
pas demandé au Mouvement démocrate de la clarifier avant les élections!
Toujours est-il que l’on est bien circonspect. Voilà deux
partis qui ont beaucoup en commun, notamment une vision politique assez proche
et qui devrait ainsi pouvoir nouer une alliance dans la clarté et la confiance.
Au lieu de cela, chacun avance masqué avec la volonté de
prendre sans donner et de pouvoir, avant tout, contenter certaines ambitions
politiques comme on l’a vu dans le duel Sarnez-Yade à Paris.
C’est vraiment dommage pour ne pas utiliser un gros mot.
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC