Le président Nicolas Sarkozy n’aimait pas les centristes,
tout le monde le savait.
Un de ses plus proches conseillers, Patrick Buisson, non
plus.
Et ils n’ont pas changé d’avis.
Venu en droite ligne de l’extrême-droite et de ses journaux
haineux, monsieur Buisson a toujours eu le plus grand mépris pour ceux qui
veulent réunir plutôt que diviser, ceux qui parlent de consensus plutôt que de
confrontation, ceux qui cherchent le juste équilibre avant les clientélismes.
Dans les enregistrements que ce dernier a fait en secret
pendant ses cinq ans passés à l’Elysée avec Nicolas Sarkozy et qui viennent de
commencer à être dévoilés dans la presse, on peut voir que les attaques contre
les centristes volaient au ras de la moquette au plus haut sommet de l’Etat.
Pour Nicolas Sarkozy, Jean-Louis Borloo n’a jamais eu
l’étoffe d’un premier ministrable alors qu’il lui a fait croire pendant des
mois, qualifiant même sa possible entrée à Matignon de «grotesque».
Pour Patrick Buisson, un des ministres les plus «calamiteux»
était Michel Mercier lorsque ce dernier était Garde des Sceaux parce qu’il n’était
pas assez pressant auprès des magistrats.
Et quand Buisson discute avec son ami et publicitaire de
Sarkozy, Jean-Michel Goudard, la pire insulte qu’ils trouvent pour caractériser
Sarkozy est qu’il est… «giscardien».
Tout cela devrait faire réfléchir les centristes sur leurs
rôles et leur utilité pour les gens de droite (comme pour ceux de gauche,
d’ailleurs).
Sont-ils (ou veulent-ils être) les «idiots utiles» des
partis de droite et de gauche ou doivent-ils être les adeptes d’une politique
de respect et de juste équilibre qui les distingue des extrêmes?
Bien évidemment, seule la deuxième solution donne une
légitimité à l’existence d’un espace centriste.
Tant que ce ne sera pas le cas, les «bons mauvais mots» sur
leurs personnes continueront à fleurir dans les discussions de ceux qui, d’abord
et profondément, sont leurs adversaires.
Aux centristes de savoir si ceux-ci les amusent également.
Reste que l’on n’ose pas penser un seul instant qu’ils
veulent surnager dans cette boue comme si de rien n’était.
Centristement vôtre.
Le Centriste