Rappelons cette évidence: l’Alternative n’a pas été créée
pour sauver le soldat Bayrou mais pour sortir du marasme les partis centristes
qui ne parvenaient pas à susciter une quelconque appétence auprès des
électeurs.
Ce rappel est utile, à la fois, pour dire aux membres de l’UDI
que l’accueil d’un Bayrou en voie de marginalisation n’était pas de leur part
un geste humanitaire mais une démarche éminemment politique (voire politicienne
pour certains critiques de la création de cette Alternative) et pour ne pas
oublier que l’objectif réel était un deal gagnant-gagnant entre un Borloo
englué dans une UDI sans dynamisme et un Bayrou à la recherche d’un nouveau
souffle.
Nous avons dit ici que cette «organisation coopérative»
était un «objet politique non-identifié», à la fois, d’alliance et de
compétition où chacun pouvait y mettre ce qu’il voulait et s’en servir comme il
en avait envie.
A ce jeu, c’est François Bayrou qui vire en tête mais les
membres de l’UDI ne peuvent s’en vouloir qu’à eux-mêmes si le président de
Mouvement démocrate a su utiliser cet outil mieux qu’eux pour se redonner, si
ce n’est encore un avenir politique, en tout cas une visibilité médiatico-politique
évidente.
Les récriminations des leaders de l’UDI (en l’absence de
leur chef) sont de ce point de vue, au mieux, hypocrites, au pire, pitoyables.
Car ils savaient, dès novembre dernier, qu’ils faisaient
entrer le loup dans leur bergerie déjà bancale.
Que François Bayrou soit plus malin qu’eux, mais n’était-il
pas leur chef voilà peu?!
Qu’il ait réussi à imposer – pour l’instant puisque l’accord
n’est pas définitivement scellé –quatre têtes de liste MoDem sur sept et la
moitié des candidats éligibles pour les européennes pour le ticket commun avec
l’UDI, est incontestablement une victoire pour lui.
Tout comme est une victoire l’acceptation par l’UDI de sa
théorie des alliances à la carte aux municipales qui permet au Mouvement
démocrate d’être l’allié ici de l’UMP, là du Parti communiste, ailleurs du
Parti socialiste ou de… l’UDI!
Si cette dernière se sent flouée, elle n’a qu’à battre sa
coulpe et réfléchir à son fonctionnement de confédération (ou à son faible leadership)
face à un Mouvement démocrate entièrement dévoué à François Bayrou (moins les
quelques dissidents qui ont rejoint les rangs socialistes).
Le risque, in fine, est que l’Alternative se disloque, ce
que certains à l’UDI espèrent secrètement dorénavant.
Néanmoins, si cela survient, ni le Mouvement démocrate, ni l’UDI
n’en sortiront gagnants et indemnes.
Encore moins l’espace politique centriste.
Pour autant, si les relations entre les deux bords
continuent à être du même acabit, le spectacle qu’offriront les deux formations
aux Français risque de les couler pour de bon.
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC