Or donc Rama Yade n’a pas du tout aimé les propos de
François Bayrou qui la qualifie de «trop sarkoziste» pour pouvoir conduire la
liste de l’Alternative à Paris pour les prochaines européennes (il faut dire
qu’elle est en balance avec sa très chère adjointe, Marielle de Sarnez…).
Elle lui a répondu, dixit le Nouvel Observateur, qu’elle
«n’avait pas de leçon à recevoir» surtout en précisant, à l’attention du
président du Mouvement démocrate et associé à son président, Jean-Louis Borloo
dans l’Alternative, que «l’opportunisme électoral n’était pas de son côté».
Si madame Yade dit tout haut ce que disent tout bas de
nombreux membres de l’UDI à propos de l’alliance de Bayrou avec Borloo,
celle-ci oublie qu’elle fait partie d’une formation centriste alors qu’elle a
toujours clamé haut et fort qu’elle n’était pas du Centre.
Voici, exemple parmi d’autres, ce qu’elle répondait au site
web Agents d’entretiens à la question «Découvrez-vous, dans le creuset du Parti
radical, des gens nouveaux, des centristes que vous n’aviez pas l’habitude de
côtoyer?»
«D’abord, je ne suis pas centriste.»
Et l’interviewer étonné d’insister: «Mais le Parti radical,
lui fait partie de la grande famille centriste non?»
Et elle d’enfoncer le clou: «Je ne me sens pas du tout
centriste».
Puis d’expliquer: Pour moi, le radicalisme, ce n’est pas du
centrisme. Le parti radical est le plus vieux parti de France. Il a accompagné
toute les grandes conquêtes de la République: l’école, le suffrage universel,
l’impôt républicain. Qualifierez-vous Gambetta, Clemenceau, Jean Moulin, Gaston
Monnerville, jusqu’à Jean-Louis Borloo qui a longtemps été sans étiquette, de
centristes? Le radicalisme, c’est une famille qui a une histoire très
particulière dans l’Histoire de France, il y a une âme dans ce parti qui n’est
pas soluble dans le centrisme».
Voilà qui a le mérite d’être clair.
Ce qui l’est nettement moins c’est que pour avoir un avenir
politique alors que les portes s’étaient fermée à l’UMP depuis ses problèmes
avec Nicolas Sarkozy, il fallait qu’elle suive Jean-Louis Borloo d’abord au
Parti radical puis à l’UDI qui se qualifie lui-même de parti de centre-droit
(oui, madame Yade, il y a le mot «centre» dans ce positionnement politique), ce
qu’elle n’a manifestement pas fait dans l’enthousiasme.
Mais ce qui est clair, également, c’est que la meilleure
façon de détourner le regard des autres sur ses contradictions politiques, a
toujours été de pointer celles des autres…
Et comme d’habitude, c’est le Centre qui se retrouve marron.
Centristement vôtre.
Le Centriste