Que chacun veuille défendre sa position sociale, son point
de vue, son travail et ses valeurs et quoi que ce soit d’autres dans le respect
de l’autre, quoi de plus normal en démocratie.
Que les personnes qui partagent un statut particulier ou des
idées s’associent pour le faire, c’est un des piliers de la république.
Que ces organisations fassent pression auprès des pouvoirs
publics pour être reconnues ou pour que leurs thèses soient prises en compte et
que des mesures concrètes soient décidées, là aussi, rien à redire.
Plus concrètement, que les tenants de l’école libre, que
ceux de l’euthanasie, que ceux du mariage pour tous, que ceux des opposants à
l’avortement, que ceux qui veulent travailler 25 heures ou que ceux qui
demandent que l’impôt sur le revenu soit supprimé puissent exprimer leurs
idées, les défendre, s’associer pour le faire et faire pression pour que
celles-ci soient connues, reconnues et adoptées par la société, cela n’est
guère que le fonctionnement normal d’une démocratie.
Sans cela pas de démocratie, pas de république.
On ne peut donc pas s’émouvoir si les homosexuels réclament
d’être considérés comme des citoyens à part entière ou si les catholiques demandent
le respect de leur religion.
Les lobbys, terme chargé en France d’une vision fortement
négative ne font que leur travail.
Et, à l’inverse de ce que demandent certains, ils doivent
pouvoir le faire au nom du droit à avoir son opinion et de la défendre.
Mais il y a les valeurs de la démocratie républicaine qui
sont incontournables et qui doivent être prises en compte par ces lobbys s’ils
ne veulent pas devenir des groupes qui combattent la liberté au nom de la
liberté…
Concrètement, les catholiques ne peuvent demander à ceux qui
ne le sont pas d’épouser toutes leurs conceptions de la vie, les homosexuels ne
peuvent exiger que la société en fassent autant ou en fassent des citoyens
au-dessus des autres (sous prétexte qu’ils ont été effectivement en-dessous
auparavant). Et ainsi de suite.
De même, dans une démocratie républicaine, le vivre ensemble
nécessite que l’on soit d’accord sur les valeurs qui le fonde et donc,
qu’ensuite, on les respecte.
Sans oublier les principes de fonctionnement de la
démocratie qui, eux, ne peuvent faire l’objet d’aucune entrave ou exception
sauf à dénier les droits de la majorité mais aussi ceux de la minorité.
Les valeurs de la démocratie républicaine, défendues par le
Centre, sont la liberté, l’égalité et la fraternité.
Au-delà de ces «grands» mots, ils doivent permettre à chacun
de vivre et de construire sa vie comme il l’entend tout en respectant l’autre
et les principes de la démocratie républicaine, c’est-à-dire le résultat des
élections libres et démocratiques, les souhaits de la majorité, les droits de
la minorité, le tout garantit par la séparation des pouvoirs qui permet, entre
autres, à tous les citoyens qui se sentent floués de pouvoir demander
réparation auprès d’une justice indépendante.
Le Centre est particulièrement impliqué dans cette
organisation de la vie en société de par son humanisme intégral où la personne
humaine est le fondement même de la société dans laquelle le consensus et le
compromis doivent être des piliers du vivre ensemble sans pour autant, et cela
est essentiel, remettre en question les grands principes de la démocratie
républicaine que nous venons d’énoncer.
Or, c’est bien là que le bas blesse dans l’ensemble des
sociétés démocratiques du XXI° siècle où l’autonomisation grandissante de
l’individu couplé avec une explosion des demandes des «droits à» et à des
comportements consuméristes mettent à mal le vivre ensemble par des demandes
souvent exorbitantes voire extravagantes.
Grâce à l’univers médiatique qui nous entoure désormais, ces
demandes, ces comportements reçoivent souvent une publicité et un battage sans
commune mesure avec le sérieux des demandes ou le nombre de personnes qui les
portent.
Il est donc important que nous en revenions toujours aux
fondamentaux de la démocratie républicaine.
Oui, il est légitime de s’exprimer et de défendre ses idées
ainsi que de vouloir qu’elles soient adoptées par la société.
Mais il est totalement illégitime de ne pas respecter les
principes de la démocratie républicaine pour y parvenir.
Tout au long d’un XX° siècle violent et sanglant, les
extrémismes de gauche et de droite ont tenté de déstabiliser la démocratie
républicaine et celle-ci a vacillé maintes fois et a même connu des éclipses
comme en France pendant l’Occupation, en Allemagne avec les nazis, en Tchécoslovaquie
avec le régime communiste et en Espagne avec Franco, pays où existait un régime
démocratique avant la prise du pouvoir par des groupes totalitaires.
La richesse d’une démocratie républicaine, c’est bien
également le débat qui s’instaure en son sein.
Mais pour que celui demeure une richesse, il doit s’appuyer
sur les principes démocratiques et les respecter.
Personne n’a jamais dit que la démocratie républicaine était
un système parfait. Mais aucun autre ne lui arrive à la cheville, ne l’oublions
pas au moment où, partout dans les démocraties et notamment en France, des
groupes tentent de s’approprier la république au nom de leur droit… à ne pas la
respecter.
Faisons en sorte que la démocratie républicaine soit la norme
de ce XXI° siècle et non qu’il devienne l’exception.
Alexandre Vatimbella
Directeur di CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC