La lente mais sûre dérive à droite de l’UMP qu’un sondage
Louis Harris Interactive pour le magazine Marianne vient de confirmer pose
évidemment la question de la présence de centristes à l’intérieur du parti
présidé à nouveau par Nicolas Sarkozy, d’autant plus que l’on connaît le peu de
respect de ce dernier pour le Centre à part pour les voix qu’il peut
rapporter...
Si, après le choc de 2002 avec la présence de Jean-Marie Le
Pen au second tour de la présidentielle, l’UMP avait été créée pour rassembler
les familles centristes et droitistes dans un grand parti de centre-droit et de
droite modérée pour s’opposer à l’extrémisme populiste et démagogique du Front
national et le contrer dans les urnes, on ne perçoit plus dorénavant que cette
union soit une évidence du fait de la radicalisation de plus en plus importante
d’une majorité de l’électorat de droite.
En regardant les résultats du sondage précité, on voit bien
que, souvent, ce sont les sympathisants de l’UMP qui se sentent plus proches
des thèses du FN que les sympathisants de ce dernier vis-à-vis de celles de
l’UMP.
On peut même en conclure que, non seulement, la fameuse
«dédiabolisation» mis en œuvre par Marine Le Pen a réussi auprès de l’électorat
de l’UMP, tout en ratissant tous les mécontents du «peuple de gauche», mais que
la stratégie de Nicolas Sarkozy, se placer sur le terrain de l’extrême-droite
pour siphonner ses idées et ses voix, n’a en fait permis, au bout du compte,
que de rendre encore plus acceptable le Front national pour le «peuple de
droite».
Dès lors, devant l’échec de la Gauche et de la Droite à
contrer la montée des extrêmes ces dernières années – on le voit également avec
le Front de gauche même s’il ne réussit pas électoralement parlant de la même
manière que le Front national – il ne reste donc plus que le Centre pour mener
le combat.
Dans cette optique, il serait bien que les quelques vrais
centristes de l’UMP – et non les centristes défroqués qui ont peu à peu épousés
la plupart des thèses droitistes, parfois les plus dures –, tirant le bilan
assez médiocre de leur présence aux côtés de la Droite pendant douze ans,
ouvrent des discussions avec l’UDI pour rejoindre la confédération ou créer une
coalition avec eux.
De même, un rapprochement UDI-Mouvement démocrate serait un
signal fort pour la constitution d’un axe central où les partis centristes
seraient le noyau dur, le pôle d’attraction auxquels les modérés de la Droite
et de la Gauche pourraient s’allier en vue d’une nouvelle majorité tournant le
dos aux thèses dangereuses que véhiculent le Front national et le Front de
gauche.
On ne semble malheureusement pas en prendre le chemin avec
l’alliance François Bayrou-Alain Juppé qui passe au-dessus de l’UDI mais aussi
avec la discrétion, voire l’inaudibilité, des centristes de l’UMP, incapables
de peser à l’intérieur ou de s’émanciper.
Aujourd’hui, les centristes de l’UMP ne sont plus qu’un
maigre alibi, une caution dérisoire afin de faire croire que Droite et Centre
c’est la même chose.
Il est temps de faire un sort à cette idée reçue avant que
des centristes ne se retrouvent dans des alliances déshonorantes faute d’avoir
eu le courage au bon moment d’être fidèles aux valeurs qu’ils prétendent
défendre et qu’ils participent à la création d’un Centre capable d’attirer la
Droite et non le contraire pour détourner cette dernière de son tropisme actuel
radical si dangereux pour la démocratie républicaine.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
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