Il est une idée reçue tenace propagée par de nombreux
observateurs de la vie politique qui affirment que les leaders centristes se
détestent entre eux et que c’est une de leurs caractéristiques premières,
empêchant ainsi toute union, faisant du Centre un espace morcelé pour toujours.
Cela viendrait de leur forte aspiration à demeurer libres
mais aussi à se disputer la moindre parcelle de pouvoir dans un climat constant
de haine et de coups bas.
Si la première affirmation est souvent vraie, la deuxième,
il la partage avec tous les autres leaders des autres formations.
Que n’a-t-on dit de la haine entre Hervé Morin et
Jean-Christophe Lagarde, de celle entre François Bayrou et Jean-Louis Borloo,
pour ne parler que des plus récentes.
Mais jetons un œil pour voir ce qui se passe ailleurs entre
politiques de même bord, voire de même parti.
Et là, nous devons demander à tous ces observateurs si fins
et si perspicaces de la vie politique comment doit-on qualifier les relations
entre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé? Entre Jean-François Copé et François
Fillon? Entre François Hollande et Martine Aubry? Entre Jean-Vincent Placé et
Cécile Duflot?
Et l’on pourrait allonger la liste indéfiniment.
Sans même parler des haines qui agitent les microcosmes
d’extrême-droite et d’extrême-gauche où les insultes volent souvent très bas.
Si l’on remonte un peu plus loin dans l’histoire politique,
on retrouve bien sûr l’inimitié entre Jacques Duhamel et Jean Lecanuet, tous
deux centristes. Mais aussi celle entre François Mitterrand et Michel Rocard,
tous deux socialistes, celle entre Jacques Chirac et Edouard Balladur, tous
deux gaullistes, celle entre Jean-Marie Le Pen et Bruno Megret, tous deux
d’extrême-droite, celles entre Daniel Cohn-Bendit et Dominique Voynet, tous
deux écologistes.
Pour ne pas accabler les lecteurs de listes sans fin, je ne
parlerai pas de ce qui se passe à l’étranger qui ressemble étrangement aux
pratiques de notre pays…
Alors cessons d’affirmer que ce n’est que chez les
centristes français qu’il y a des querelles de personnes.
Oui, la politique c’est aussi ces affrontements, parfois
légitimes quand on se bat sur les idées, souvent malsains quand on se bat
uniquement pour sa tronche, entre des ambitieux qui ne veulent pas laisser leur
place à l’autre ou qui veulent conquérir celle de l’autre.
Et, oui, les centristes jouent bien à ce jeu.
Mais comme les autres, comme tous les autres.
Centristement votre.
Le Centriste
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