Jean-Christophe Lagarde a entamé sa deuxième semaine de
président de l’UDI et les grands médias, jusqu’à présent distants avec celui
qui n’était encore que le député-maire de Drancy, lui ont ouvert leurs portes
et leurs émissions pour le découvrir et le faire découvrir au pays.
Le nouveau leader du parti centriste la formation centriste
a ainsi eu l’occasion de préciser son projet pour l’UDI et sa vision du Centre
dans le paysage politique français.
Avec un discours assez volontariste, il a expliqué qu’il
voulait un parti indépendant et capable d’être un partenaire d’égal à égal avec
l’UMP, surtout qui pourrait présenter son candidat à l’élection présidentielle.
Quant au Centre, il veut en faire une force de renouveau
devant les échecs de la Droite et de la Gauche ainsi que devant la menace des
extrêmes et notamment du Front national, affirmant que le moment des centristes
est venu, des centristes qui n’ont été ces dernières années que des supplétifs
peu respectés de la Droite.
Partout, il martèle son projet humaniste et fédéraliste tout
en jouant l’apaisement à l’intérieur de l’UDI.
Et le message semble assez bien reçu même s’il demeure
encore du scepticisme sur la capacité de Jean-Christophe Lagarde à atteindre
les objectifs, très hauts placés, qu’il s’est fixé.
Car, aujourd’hui, l’UDI est toujours, à la fois, en
structuration et en convalescence.
Ainsi, un départ d’Hervé Morin voire une opposition déterminée
et sans concession de sa part vis-à-vis du nouveau président aurait des
répercussions sur les marges de manœuvre de ce dernier.
Mais, plus que tout, sa déclaration maintes fois répétées
qu’il peut y avoir, dans deux ans, un candidat centriste à la présidentielle
capable d’être présent au second tour, oblige Jean-Christophe Lagarde a prendre
beaucoup de risques pour parvenir à ce but que beaucoup jugent plus qu’impossible.
Le dynamisme et l’agressivité – dans le bon sens du terme –
qu’il présente lors de ses sorties médiatiques en tant que président de l’UDI
avec un discours clair et bien appris ainsi que par une posture apaisée de
celui qui a gagné et qui peut être magnanime et rassembleur sont un bon départ
et de bonne augure pour la suite.
Reste que la tâche va être rude.
Et si les difficultés deviennent insurmontables et les
objectifs irréalisables, Jean-Christophe Lagarde pourrait alors perdre sa
crédibilité naissante.
D’autant qu’il est un faux calme et que certaines de ses
sorties médiatiques, depuis son entrée en politique, dérapent parfois et
soudainement dans une agressivité – dans le mauvais sens du terme – qui pourrait
à terme anéantir tout ses efforts afin d’apparaître comme un leader responsable,
maîtrisant son discours.
Un exemple parmi d’autres?
Lors de son passage au grand jury de RTL, on lui a posé une
question à propos de ses dures attaques à l’encontre de Jean-Pierre Jouyet, le
secrétaire général de l’Elysée qu’il a traité sans ménagement de menteur à
propos de l’affaire qui l’oppose à François Fillon.
Le problème est que – au-delà de savoir qui a menti de
Jouyet ou Fillon – l’on se demande encore quel était son intérêt de s’attaquer
avec hargne au secrétaire général de l’Elysée dans une affaire qui ne concerne,
in fine, que l’UMP, peut-être le PS mais en aucun cas l’UDI.
Un tel comportement déjà observé par le passé, s’il se
répétait trop fréquemment, pourrait devenir pain béni pour ses adversaires
politiques.
Et sa réponse devant les journalistes de l’émission ont
montré qu’il a vraiment mieux à faire que de la polémique pour la polémique qui
n’ajoute rien à son image publique, bien au contraire.
Dans les mois qui viennent, il faudra qu’il ne se disperse
pas tant les rendez-vous risquent d’être chauds pour faire exister une UDI aux
côtés du PS, de l’UMP et du FN mais aussi pour réunir tous les courants de son
parti autour d’un projet politique tout en affirmant sans faille l’indépendance
de celui-ci face aux pressions qui viendront sans cesse de l’UMP, sans oublier
le problème d’une alliance ou non avec François Bayrou dans le cadre d’une
hypothétique réunion du Centre.
Pour pouvoir affronter tous ces défis, il fallait au moins
ces débuts prometteurs.
C’est fait.
Reste à ne pas les gâcher, surtout, à transformer l’essai.
Et que son volontarisme affiché soit autre chose qu’une
posture rhétorique.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
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