Il fallait les voir, les entendre et les lires les
éditorialistes dans une sorte de compétition dérisoire à qui serait le plus
méchant (et parfois bête) à propos l’UDI juste avant les résultats de
l’élection à la présidence du parti.
Deux exemples.
Sur France Inter, un certain Thomas Legrand expliquait qu’ «aujourd’hui, les minuscules notables
prétentieux du centre-droit n’inventent pas la politique de demain mais
caricaturent celle d’aujourd’hui. Les centristes de l’UDI ne peuvent pas mieux
prouver leur désormais inutilité; C’est si vrai que les socialistes (en
l’assumant de plus en plus d’ailleurs) font une politique centriste… sans les
centristes... D’où l’indifférence générale pour ce scrutin. Une indifférence
salutaire qui me ferait presque regretter d’avoir traité ce sujet ce matin…».
Sur RMC, un certain Hervé Gategno n’était pas en reste:
«l'UDI est un tout petit parti dont les dirigeants rivalisent de petitesse; un
parti qui ne se trouve pas encore assez petit pour ne pas se diviser en
chapelles; et un parti qui a été incapable d'organiser une élection claire et
incontestable avec moins de 30.000 adhérents. Résultat: les centristes se comptent,
mais ils ne compteront pas».
Et comme si cela ne suffisait pas, d’ajouter «les images de
la comète Tchouri (s'il y en a) nous seraient plus utiles pour comprendre les
enjeux de la politique française que l'élection à l'UDI – on a un espoir de
trouver des traces de vie, alors que ce centrisme-là est un astre mort».
Certes, les éditorialistes donnent leurs opinions et ont le
droit de préférer un tel à un autre mais comme ils sont avant tout des
journalistes, il serait salutaire qu’ils aient, parfois, un peu plus de
déontologie avant de vouloir placer un bon (méchant) mot ou une bonne
(méchante) formule, ce qui est toujours plus facile qu’une analyse sur le fond.
Néanmoins, si ce flot de hargne et de condescendance est exagéré,
il faut bien reconnaître que la situation de l’UDI et du Centre en général a de
quoi susciter quelques sarcasmes et beaucoup d’interrogations que nombre de
journalistes ont repris en des termes plus sérieux.
Du coup, il y a un boulot énorme dans l’espace centriste
d’ici à 2017 et à l’éventualité d’une candidature autonome du Centre à la
présidentielle.
La première bonne nouvelle a été qu’Hervé Morin, suite à
l’élection de Jean-Christophe Lagarde à la présidence de l’UDI, ne claque pas
la porte et affirme vouloir demeurer dans le parti.
Si c’est le cas, alors les centristes de l’UDI, dans
l’unité, mais aussi ceux du Mouvement démocrate, bien absents ces derniers
temps – à part évidemment leur chef omnipotent –, ont du boulot sur la planche.
Car l’élection à la présidence de l’UDI passée, il n’y a
plus aucune raison pour que les partis centristes ne se mettent pas au travail
– chacun de leur côté mais aussi en commun – sur leur projet pour la France et
leur programme électoral ainsi que sur la clarification de certains
positionnements et leur ambition politique pour convaincre les Français de leur
accorder leur confiance.
De même, ils doivent réfléchir à la manière de peser
beaucoup plus qu’ils ne le font actuellement sur le débat politique et comment
faire pour reconstituer une force centriste digne de ce nom.
Ces différentes tâches vont être ardues et compliquées mais
elles sont indispensables si le Centre souhaite avoir un avenir et que celui-ci
ne soit pas simplement de faire de la figuration pendant que les autres
courants politiques mèneront la danse.
Et c’est cette crédibilité auprès du pays qui permettra à un
candidat centriste, qu’il s’appelle Lagarde, Bayrou ou d’un autre nom, d’avoir
une chance de remporter la mise en 2017, tout au moins de faire par son
résultat électoral et ses propositions pour le pays, un Centre qui compte dans
le paysage politique par ses idées, ses valeurs et le sérieux de ses leaders.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
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