Mine de rien, l’élection du président de l’UDI, dont le
premier tour aura lieu à la fin de cette semaine, revêt une grande importance
pour l’avenir du Centre et des partis centristes en France dans les années à
venir.
Au-delà du candidat qui sera élu ou des deux finalistes qui
concourront pour le deuxième tour, quatre qualités principales doivent être
regardées pour bien choisir le prochain président de la formation centriste et
de la droite modérée.
Ce sont sa capacité à maintenir l’indépendance de l’UDI, sa
capacité à renforcer la cohésion de l’UDI, sa capacité à élaborer un projet
politique ainsi que sa capacité à développer l’UDI et par delà le Centre.
- Sa capacité à
maintenir l’indépendance de l’UDI
Le prochain président doit maintenir absolument
l’indépendance de l’UDI, sans transiger.
Il doit le faire pour permettre à l’UDI de continuer à
exister mais bien sûr aussi de se développer et qu’elle acquiert la crédibilité
nécessaire pour que les Français la considèrent sérieusement comme un parti de
gouvernement, voire une alternative à la Gauche et à la Droite.
Avoir cette capacité n’est pas seulement une question de
rhétorique.
Les quatre candidats à la présidence rivalisent dans leurs
discours à qui sera le plus indépendant tout en accusant les autres de toutes
les tentations d’inféodation à l’UMP.
Une manière de décoder ces discours est sans doute de
regarder qui est demeuré indépendant face à l’UMP et qui ne l’a pas été.
Cependant, les alliances, voire les compromissions du passé,
ne peuvent suffire à disqualifier un candidat.
C’est également dans sa force de caractère et son charisme
que se trouve une partie de la réponse.
- Sa capacité à renforcer la cohésion de l’UDI
On l’a dit souvent ici, il était assez caractéristique de
voir que c’est un non-centriste, Jean-Louis Borloo, qui a pu réunir la plus
grande partie de la famille centriste dans une confédération.
Il l’a pu en se présentant comme une personnalité extérieure
– donc ne venant pas d’une chapelle ou d’une coterie centristes – qui seule
était capable de rapprocher les centristes englués dans des batailles de
personnes et assommés par les défaites de 2012.
Reste que la cohésion entre les différents constituants de
l’UDI n’est pas du tout assurée, ce que Borloo savait en s’en plaignant
amèrement.
Personne ne sait exactement, à quelques jours du premier
tour de cette présidentielle si la victoire de l’un ne va pas entraîner le
schisme des autres et leur départ vers d’autres horizons.
Cette question, ô combien brûlante, n’a pourtant pas été
discutée par les quatre candidats lors de la campagne.
On sait seulement qu’Hervé Morin et Jean-Christophe Lagarde
au lourd passif commun ont indiqué, chacun de leur côté, que la victoire de
l’un ou de l’autre n’entrainerait pas le départ du vaincu.
Mais rien n’est sûr.
De même, que feront les deux premiers nommés si Yves Jégo ou
Jean-Christophe Fromantin venaient à leur chiper le poste de président sous
leur nez.
C’est dire si la capacité à renforcer la cohésion (ou, ad
minima, à la préserver) est une qualité importante chez le prochain président.
Si rien ne permet de prédire ce qu’il en sera dans la
réalité, en tout cas, il faut absolument que dès sa nomination celui-ci prenne
immédiatement des initiatives pour souder l’UDI avant que les envies
séditieuses ne voient le jour.
Tâche compliquée au moment où l’on parle mais qui ne le sera
peut-être pas in fine si les résultats sont sans appel et sans contestations.
Quoiqu’il en soit, un des moyens sera pour le nouveau
président de lancer sans tarder l’élaboration du projet afin de créer une force
centrifuge des idées pour se préserver des forces centripètes des ambitions
personnelles.
- Sa capacité à élaborer un projet politique
Bien évidemment, il faut un projet politique pour l’UDI.
Il le faut pour le présenter aux Français et devenir ainsi
une force politique crédible à leurs yeux.
Mais il le faut également pour la cohésion l’UDI qui,
rappelons-le est une confédération (le fait de la changer ou non en parti
centralisé n’est pas une question primordiale même si les candidats ont des
visions différentes à ce sujet).
Afin de la sortir de son statut de simple cartel électoral,
le projet adopté par tous sera un liant fort et dynamique pour le parti
centriste où tous auront comme objectif de le défendre.
De plus, ce projet servira aux négociations avec le
Mouvement démocrate pour savoir si une alliance avec de dernier est possible
sur le fond et non sur la forme comme cela a été le cas avec le «machin» de
l’Alternative.
Enfin, il servira aux négociations avec tous ceux qui
souhaiteront s’allier avec l’UDI, dont l’UMP, entre autres.
Car négocier une alliance avec un projet et le comparer avec
celui de son possible allié n’est pas la même chose que de discuter uniquement
stratégie électorale et récompenses gouvernementales.
Quel est aujourd’hui le candidat qui a cette force d’imposer
un débat sur le projet, de faire en sorte qu’il soit adopté et d’avoir les
idées pour le porter?
A cette triple question, il n’existe pas de réponse
évidente.
- Sa capacité à développer l’UDI et par delà le Centre
Une fois élu, le nouveau président de l’UDI devra se
projeter immédiatement dans l’avenir pour imaginer et mettre en route toutes
les stratégies qui amèneront au développement du parti et par delà, du Centre
tout entier.
Car l’UDI, malgré de bons résultats aux municipales et aux
sénatoriales, n’a pas encore réussi sa percée dans l’électorat comme l’a montré
le résultat très décevant des européennes où alliée avec le Mouvement démocrate
dans l’Alternative, elle n’a pu passer la barre des 10% (9,93% pour 7 sièges
dont la plupart au profit du MoDem).
C’est donc, entre autres, en étant capable de montrer quelle
est la spécificité de l’UDI et du Centre, dans sa capacité à démontrer que
l’UDI et le Centre sont une alternative crédible à la montée des extrêmes, que
le président assoira la notoriété du parti et le rendra attractif.
Ce qui est sûr, c’est que si le prochain président de l’UDI
possède ces quatre capacités et qu’en plus il réussit dans son entreprise, alors
il deviendra, évidemment et naturellement, n’en déplaise à tous ceux qui
tentent de lui dénier cette qualité avant même le début de son mandat, le
candidat, non seulement, de son parti mais aussi du Centre à l’Elysée en 2017
et un éventuel héritier de Valéry Giscard d’Estaing.
D’où les embûches qu’il rencontrera (sûrement) et les
ennemis qu’il se fera (énormément) s’il a la stature pour…
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
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