C’est toujours édifiant de voir une personnalité politique
contrariée dans son ambition personnelle se retourner quasiment contre son
camp.
C’est d’ailleurs ce qu’a twitté Antoine Huré un jeune
centriste ce week-end après une nouvelle démonstration pro-UMP du député UDI
François Sauvadet («Quand tu entends Sauvadet tu te demandes pourquoi l’UDI
existe»).
Au-delà de l’intérêt de la personne elle-même, c’est son
comportement qui est malheureusement encore trop commun en politique.
On savait que M. Sauvadet, éternel second couteau centriste,
n’avait pas du tout apprécié les «trahisons» à son encontre de MM. Borloo,
Morin et Lagarde, la dernière d’entre elles étant sa non-élection à la tête du
groupe UDI à l’Assemblée nationale, poste qui a échu à Philippe Vigier, un proche
d’Hervé Morin, le président du Nouveau centre que ledit M. Sauvadet déteste par
ailleurs.
Il n’en a pas fallu plus pour qu’il refuse de voter pour
l’Alternative aux élections européennes (l’alliance entre l’UDI, son propre
parti, et le Mouvement démocrate de son ancien chef, François Bayrou) et que,
depuis, il milite pour un programme commun de l’opposition, une satellisation
de l’UDI à l’UMP et une critique systématique de ses anciens amis, tout en
demeurant, pourtant et pour l’instant dans la formation centriste où il est de
plus en plus marginalisé.
Son dernier fait d’arme est d’avoir lancé son «appel de
Vitteaux» (gros bourg de quelques 1.000 habitants en Côte d’or) pour une «union
des forces républicaines d’opposition» avec le député UMP sarkozyste, Guillaume
Larrivé qui, lui, ne demande pas moins que la création d’une confédération
regroupant UMP et UDI, ainsi que l’eurodéputé Arnaud Danjean, celui-là même
qu’il a soutenu contre la liste UDI-MoDem aux européennes...
A eux trois, ils forment ce que François Sauvadet appelle
désormais en toute modestie, la «team bourgogne» qui se veut une avant-garde de
l’union de la Droite et du Centre qui milite en outre pour un candidat commun à
la présidentielle de 2017, un UMP, bien sûr.
Il faut dire que M. Sauvadet est devenu un admirateur sans
borne de Nicolas Sarkozy depuis que ce dernier l’a fait ministre pendant
exactement dix mois et onze jours, son fameux «quart d’heure de gloire»
warholien.
Lui qui, auparavant, se montrait critique envers l’ancien président
de la république et la Droite en général, est devenu un compagnon de route de
l’UMP en remerciement de cette nomination surprise.
Pourquoi pas? C’est son droit. Mais alors il faut qu’il aille
désormais jusqu’au bout de sa logique politique en devenant membre de la
formation de droite (et qu’il remette ses mandats en jeu si c’est le cas).
Car François Sauvadet oublie sans doute ses fondamentaux
centristes et ses anciennes prises de position mais, heureusement, il demeure
encore beaucoup de centristes qui n’oublient pas, eux, pourquoi ils ne sont pas
de droite.
Ceux qui, comme M. Sauvadet, l’ont oublié ont également
oublié que la politique n’est pas seulement un marigot d’ambitieux
opportunistes ou de revanchards déçus mais un lieu de convictions et de valeurs.
C’est en cela que son comportement est édifiant.
Centristement votre.
Le Centriste
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