Au rayon des nouveautés de la semaine, après la
superproduction «Sarkozy, le retour» à la sortie un peu ratée tellement le
dernier épisode de la sage ressemble aux précédents, on retrouve également un
film d’auteur sorti dans une certaine indifférence, «Bayrou, coucou me revoilà»
qui, pour l’instant, obtient un succès d’estime surtout auprès des
journalistes.
Les deux histoires ont plusieurs points communs dont celui
d’affirmer qu’il n’y a point de salut en dehors du destin présidentiel.
Résumé du scénario.
François Bayrou nous avait juré ne plus être intéressé par
la présidentielle et avait fait une quasi-allégeance à l’UDI (et à l’UMP) afin
d’obtenir le poste de maire de Pau car affirmait-il, être édile dans son cher
Béarn était désormais son unique et dernière ambition politique avant de
tourner casaque une fois élu – et le retrait de la vie politique de Jean-Louis
Borloo – et de n’écarter plus aucune possibilité dont celle d’être présent en
2017, ce qu’il vient de rappeler dans les dernières interviews on et off qu’il
a données lors de l’université d’été du Mouvement démocrate.
Bien entendu, personne de sensé – y en a-t-il à la tête de
l’UDI?! – n’avait cru un mot de ces serments et de ces promesses qui en
politique n’engagent que ceux qui y croient.
Que l’on comprenne bien le propos développé ici.
François Bayrou est tout à fait légitime pour représenter le
Centre dans n’importe quelle élection.
Il l’est plus que ne l’était (ou ne le sera…) Jean-Louis
Borloo et tout autant que le sont Hervé Morin ou Jean-Christophe Lagarde, plus
que Jean-Christophe Fromantin, sans parler d’Yves Jégo, hors jeu.
De même, un homme politique qui est ambitieux n’a rien de
choquant en soi.
Par ailleurs, bien des idées de François Bayrou sont
centristes même si certaines de ses inclinaisons démocrate-chrétiennes ne sont
pas celles qui font partie du tronc commun du Centrisme mais plutôt de la
tradition conservatrice française.
En revanche, on doit se poser la question légitime et ô
combien importante de savoir où François Bayrou avec l’obsession de son destin
présidentiel peut emmener le Centre et les centristes.
Et là, il faut se tourner vers son bilan en récapitulant les
faits, rien que les faits.
Depuis 2002, il n’est fait que de défaites, que ce soient
aux présidentielles, aux législatives, aux municipales et même aux européennes
malgré quelques scores honorables, notamment à la présidentielle de 2007.
En outre les centristes n’ont pas cessé de s’entre-déchirer
depuis qu’il s’en revendique leur leader, avec, en plus, une UDF réduite petit
à petit à une peau de chagrin avant sa disparition après avoir été le premier
parti de France sous la baguette de Valéry Giscard d’Estaing.
Sans parler du splendide isolement dans lequel il s’est
drapé lui-même, restant ainsi loin du concret des affaires du pays.
Sans oublier que si François Bayrou est candidat en 2017, il
devrait retrouver comme en 2007 et en 2012, Nicolas Sarkozy.
Vous avouerez que l’on a vu mieux dans le renouvellement des
élites politiques…
Or donc le revoilà avec les mêmes mots à la bouche sur le
désastre français (Sarkozy-Hollande même combat!), sur son auto-proclamation de
garant de l’indépendance du Centre et sur sa préemption, une nouvelle fois, de
la direction des centristes comme si c’était lui ou le chaos du Centre, pour
paraphraser un de ses maîtres, le général de Gaulle.
Sauf que pour certains de ses anciens amis, le responsable
du chaos centriste, c’est plutôt lui.
Il faut le rappeler encore une fois parce que cela est
important que, depuis que François Bayrou affirme être le leader naturel du
Centre, celui-ci est désuni et a perdu toutes les élections auxquelles il a
participé, touchant le fond lors de la présidentielle de 2002 puis celle de
2012 ainsi que des législatives qui ont suivi cette dernière, son parti n’ayant
qu’un seul élu à l’Assemblée nationale.
En tant que chef d’entreprise, il aurait du être licencié
pour faute grave à plusieurs reprises.
Mais nous sommes en politique et en France!
C’est le charme de ce monde politique français que ces «come
back» incessants et amnésiques où, comme Nicolas Sarkozy et François Bayrou, à
l’instar de leurs aînés comme Jacques Chirac, François Mitterrand, Valéry Giscard
d’Estaing, Jean-Marie Le Pen, Arlette Laguiller et consorts, on peut effacer
sans gêne aucune les roustes que l’on vient de prendre à une élection.
Toujours est-il qu’un des problèmes que rencontrera Bayrou
en 2017 s’il se présente, est qu’il en sera à sa troisième et dernière étiquette
possible, ce qui en fait un cas unique.
En 2007, il concourait sous celle de l’indépendance
non-négociable du Centre.
En 2012, il concourait sous celle de la proximité avec la
Gauche et François Hollande pour qui il a appelé à voter au second tour.
En 2017, il concourra sans doute sous celle de la proximité
avec la Droite et avec Alain Juppé si ce dernier est le candidat de la Droite,
voire avec Nicolas Sarkozy, même s’il s’en défend aujourd’hui.
En somme, il est à lui tout seul une sorte d’union nationale…
Plus sérieusement, François Bayrou reviendra avec toutes ses
ambigüités et ses changements de cap, avec une image de perdant systématique
peu valorisante pour un Centre en quête d’éternelle reconquête.
Il aura peu de chance d’être élu d’autant que si beaucoup de
sondés le désignent comme un candidat qu’ils veulent voir se présenter, tous
les enquêtes d’opinion effectuées pendant les précédentes campagnes
présidentielles ont montré que jamais une majorité de Français ne lui a reconnu
la carrure d’un chef d’Etat.
L’important ne serait-il pas, plutôt, pour les centristes de
se projeter dans le futur au lieu de rejouer systématiquement un passé qui
s’est terminé en eau de boudin?
Si tel est le cas, alors, il faut se tourner vers la
nouvelle génération afin de trouver le bon candidat du Centre pour 2017.
C’est vrai, aucun nom n’émerge pour l’instant.
Mais il reste deux ans et demi, ce qui est amplement
suffisant pour acquérir la stature nécessaire pour peu qu’on ait quelque chose
à dire.
Combien d’Américains savaient qui était Barack Obama en
2005? En 2008, il était élu président des Etats-Unis.
Et en plus, il est centriste!
Centristement vôtre
Le Centriste
Votre analyse de la vie politique et du bilan de Bayrou est un peu biaisée et semble animée par une légère détestation.
RépondreSupprimerVous critiquez l'entre-déchirement des centristes depuis que Bayrou est le leader du centre. Si Bayrou n'avait pas été à la tête du centre, votre blog ne s'appellerait pas « le Centrisme » mais « le Néant ». En 2002, sans Bayrou, le Centre aurait été entièrement phagocyté par l'UMP. Même tentative de l'UMP et Sarkozy en 2007. A nouveau en 2014, Sarkozy prétend constituer un grand parti de la droite et du centre. Bayrou a toujours défendu l'indépendance du centre, même si ça avait pour conséquence des défaites électorales.
Vous critiquez aussi les changements de cap. Pourquoi être indépendants en 2007, intéressé par la gauche en 2012, et intéressé par la droite en 2014 ? Il ne vous aura pas échappé que le centre est une place assez particulière de l’échiquier politique. Quand la gauche oscille entre l’extrême gauche et le centre-gauche, ça ne vous choque pas ? Et la droite qui oscille entre l’extrême droite et le centre-droit ?