Actuellement, deux synthèses sont dominantes au centre de
l’échiquier politique français, la «libéro-chrétienne» et la «christo-libérale».
La première, est très libérale en matière économique et
sociale mais très démocrate-chrétienne en matière sociétale (en particulier à
propos des mœurs).
La deuxième est très démocrate-chrétienne en matière
économique et sociale mais très libérale en matière sociétale (en particulier à
propos des mœurs).
Bien entendu, on trouve également un courant libéro-libéral
et un courant démocrate-chrétien aux positionnements cohérents en rapport aux
canons traditionnels de ces deux pensées politiques tant en matière économique
et sociale qu’en matière sociétale mais ils sont plutôt minoritaires aujourd’hui.
Schématiquement, la synthèse «libéro-chrétienne» s’appuie
sur la liberté d’entreprendre et des valeurs d’un vivre ensemble dominées par
une vision conservatrice de la société et du lien social.
La synthèse «christo-libérale», quant à elle, s’appuie sur l’économie
sociale de marché et les valeurs de l’individualisme libéral où prime l’intérêt
de l’individu sur celui du groupe.
A priori, ces deux synthèses peuvent cohabiter ensemble en
trouvant des compromis quant à l’organisation de l’économie (en France, l’Etat
a toujours eu un rôle plus important que dans d’autres pays, ce que ne
rejettent pas les libéro-chrétiens même s’ils veulent que celui-ci diminue).
En revanche, il est plus difficile de trouver des ponts en
matière sociétale.
Ainsi en est-il, par exemple, du mariage pour tous où l’on a
vu, dans l’espace centriste, des positions totalement antinomiques entre les
tenants de la synthèse christo-libérale totalement opposés au mariage entre
personnes du même sexe et ceux de la synthèse libéro-chrétienne, au contraire,
soutiens inconditionnels de cette mesure.
En outre, si les deux synthèses appuient des réformes afin
de permettre à la France de se moderniser et de retrouver le chemin du progrès,
elles buttent également sur des désaccords importants.
Alors que, par exemple, la synthèse christo-libérale voit
dans la mondialisation une opportunité et demande que le pays engage les
réformes nécessaires pour y participer pleinement, la synthèse
libéro-chrétienne est nettement plus réservée même si les positions des tenants
de cette dernière ont des vues assez disparates en la matière.
De même pour ce qui est de la solidarité de la société
envers les plus défavorisés.
Si personne ne remet en cause la nécessité des les aider, la
synthèse christo-libérale estime que c’est avant tout en libérant les énergies
entrepreneuriales que l’on permettra à tous d’avoir un travail et donc un
revenu suffisant alors que la synthèse libéro-chrétienne est plus sur les
thèses du solidarisme et du personnalisme adeptes d’une aide directe de la
société à ceux qui en sont exclus.
Au vu de ce que l’on vient de voir, il est plus facile de
comprendre qu’au-delà des ambitions et des inimitiés personnelles, l’union de
tous les centristes butte également sur des questions politiques prégnantes,
avec parfois des convictions qui semblent bien irréconciliables et ont comme
conséquence un certain immobilisme au niveau des projets et des programmes
centristes sauf sur de grands principes.
Heureusement, un de ceux-ci permet de redonner cohésion et
cohérence aux différents points de vue centristes, c’est celui du juste
équilibre dont on ne dire jamais assez son importance afin de construire une
société harmonieuse.
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