En cette année 2014, il semblait que les rendez-vous les
plus importants pour les partis centristes seraient les élections municipales
et européennes avec le baptême du feu pour l’UDI en tant que formation
structurée et pour l’Alternative en tant qu’«organisation coopérative» sensée
rapprocher le Mouvement démocrate et l’UDI en vue d’une fusion future de
l’espace central.
Si les résultats n’ont certes pas été mauvais, notamment
lors des élections municipales, ils n’ont pas été à la hauteur des espérances
face à un pouvoir socialiste en déliquescence.
Plus négatif pour la sphère centriste, les élections
européennes ont été décevantes et l’Alternative a, non seulement été incapable
de conduire le débat (qui a malheureusement été phagocyté par l’extrême-droite
et la volonté de l’électorat de «punir» les partis traditionnels) mais elle est
également apparue comme un simple cartel électoral dans lequel le MoDem a
réussi à tirer son épingle du jeu au détriment de l’UDI et non des partis de
droite ou de gauche.
Néanmoins ce qui caractérisera sans doute l’année centriste
2014 sera les élections qui vont se dérouler à l’UDI et à l’UMP à l’automne
prochain afin de désigner les nouveaux présidents des deux partis respectifs.
Car celles-ci vont montrer où se trouve stratégiquement les
centristes et quel est leur force politique.
L’élection à la tête de l’UDI va permettre de savoir si un
centriste «pur jus» va prendre la tête de la confédération créée par Jean-Louis
Borloo et dirigée jusqu’à présent par des hommes de la droite libérale modérée
(que ce soit Borloo lui-même puis Yves Jégo, son remplaçant «intérimaire»).
Théoriquement, si l’on analyse les forces en présence, la
bataille devrait se jouer entre Hervé Morin, le président du Nouveau centre
(principale formation de la confédération), et Jean-Christophe Lagarde (premier
allié centriste de Borloo), le président de Force européenne démocrate (Fed),
deux centristes de longue date.
Les autres prétendants, Jean-Christophe Fromantin, Yves Jégo
(et son «associée», Chantal Jouanno) et, sans doute selon les rumeurs, Jean
Arthuis, voire quelques autres candidats, devraient faire de la figuration
malgré leurs qualités sauf à s’allier contre les deux favoris, ce qui n’est pas
à exclure.
Si les centristes parviennent à mettre la main sur la
présidence de l’UDI, on ne devrait pas voir tout de suite un changement
d’orientation politique ou de fonctionnement mais il est certain que la
représentation du parti collerait mieux à son Adn qui est constitué
majoritairement de matière centriste.
Bien entendu, la victoire de Lagarde ou de Morin peut poser
un énorme problème au parti du fait même qu’ils sont en conflit ouvert depuis
la création du Nouveau centre en 2007 et la promesse non-tenue, selon
Jean-Christophe Lagarde, par Hervé Morin de s’effacer au bout de deux ans de la
présidence du parti à son profit.
Cet épisode que n’a jamais digéré Lagarde et qui est une des
raisons principales de son départ du Nouveau centre et de la création de son
parti, la Fed, puis de l’UDI avec Jean-Louis Borloo, empêchera sans doute la
possibilité d’un deal entre les deux hommes qui n’ont aucune confiance l’un
dans l’autre.
C’est sans doute à l’aune de cette menace d’implosion de
l’UDI (Lagarde et Morin peuvent-ils accepter la victoire de l’autre?) que se
trouve la chance des «seconds couteaux» de créer une surprise.
Pour autant, si un de ces derniers réussissaient à être élu,
se poserait la question de son réel pouvoir et de sa légitimité alors qu’il ne
représenterait qu’un courant très minoritaire de l’UDI, face aux «puissants»
que sont Morin et Lagarde qui n’auraient aucune intention et intérêt de jouer
collectif.
Du coup, se fera peut-être jour, également, une candidature
venue directement du Parti radical (autre composante importante de l’UDI),
celle de Laurent Hénart ou de Rama Yade, pour tenter de barrer la route aux
deux hommes.
On le voit, l’élection du président de l’UDI pourrait être
l’événement majeur du Centre cette année avec beaucoup de points
d’interrogations et autant de points d’exclamations…
Car une des conséquences de ce scrutin pourrait être l’implosion
de l’UDI ce qui remettrait en selle, du même coup et de manière spectaculaire,
François Bayrou avec sans doute la distribution d’une nouvelle donne (avec des
rapprochements du type Bayrou-Arthuis dans un paysage centriste très éclaté et
sinistré).
L’élection à la tête de l’UMP sera aussi un moment fort pour
les centristes et pas seulement pour ceux qui se trouvent encore à l’intérieur
de la «maison commune» Droite-Centre.
Deux grands courants (au-delà même des batailles de
personnalités qui sont innombrables!) se sont faits jour pour refonder l’UMP.
Schématiquement, il y a celui porté par Juppé ou Raffarin qui
est de reconstruire une alliance entre la Droite et le Centre dans un parti
unifié passant des accords privilégiés avec les centristes qui demeureraient
en-dehors de l’UMP.
Et il y a celui porté par les Wauquiez, Guaino, Peltier et
autres qui est de droitisé l’UMP et de chasser sur les terres du Front national
pour (re)construire un parti de droite homogène et hégémonique, imposant les
termes du débat politique aux centristes.
L’élection permettra, quoi qu’il en soit, de jauger la
véritable force du courant centriste à l’intérieur de l’UMP.
Le récent sondage de l’institut BVA montre, en tout cas, qu’une
petite majorité des sympathisants de l’UMP (54%) préfèrent la deuxième option
et souhaitent un parti plus à droite qu’aujourd’hui contre 41% qui voudraient
un parti plus centriste.
Reste que ces deux chiffres montrent avant tout une formation
divisée sur son identité ce qui pourrait profiter, in fine, à l’UDI… si
celle-ci parvient à sortir de l’élection de son président, non seulement
intacte, mais dynamisée et ainsi capable de débaucher tout ce que l’UMP compte
de modérés, surtout si c’est la droite dure qui s’empare du parti.
Si ce dernier scénario – qui n’est pas le plus probable –
devait se réaliser, alors le basculement espéré par Jean-Louis Borloo où l’UDI
deviendrait, devant l’UMP, le parti dominant dans l’opposition pourrait se
mettre en place plus vite que prévu.
On le voit, 2014 pourrait être vraiment une année
primordiale pour le Centre dans un jeu de quitte ou double dont personne ne
maîtrise actuellement l’ensemble des paramètres, loin de là.
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