Avant même de penser à une recomposition politique qui n’est
pas à exclure à terme, les centristes peuvent-ils faire un bout de chemin avec
Manuel Valls?
Leurs prises de position et leurs votes lors du discours de
politique générale du nouveau premier ministre puis lors de sa récente
présentation du pacte de responsabilité à l’Assemblée nationale semblent assez
alambiqués, de la position ouverte du député Meyer Habib qui a déclaré qu’il
voterait toutes les bonnes mesures présentées par le gouvernement à celle sans
concession de François Sauvadet qui s’est mis dans une opposition résolue en
passant par celle hésitante d’Yves Jégo qui est dans un attentisme irrésolu.
On comprend que les repères politiques des centristes soient
quelque peu chamboulés et qu’ils s’interrogent.
Voilà un gouvernement qui semble vouloir faire, plus ou
moins, ce qu’ils défendent depuis des années avec le discours qui va avec.
Ce qui a séduit les sympathisants du Mouvement démocrate
tout en laissant circonspects ceux de l’UDI.
Il est évident qu’il existe des ponts entre le discours
social-libéral de Manuel Valls et le discours libéral-social des centristes.
Néanmoins, jusqu’à la prochaine présidentielle on ne voit
pas comment un renversement d’alliance pourrait avoir lieu sauf si…
Sauf si la situation politique, économique et sociale évolue
dangereusement, non pas pour le Parti socialiste, mais pour tout le pays et que
les crispations des extrêmes et des radicaux imposent des rapprochements de
tous ceux qui défendent la démocratie libérale et une économie sociale de
marché.
Concrètement, la montée inexorable du Front national,
l’alliance entre le Front de gauche et la gauche du PS, sur fond d’une économie
ayant encore besoin d’être assainie sous peine de graves difficultés pour la
France, alors les bases d’un large rassemblement central existeront avec les
partis centristes en pivot, voire en pointe.
D’autant plus si Manuel Valls obtient des résultats
encourageants.
Les prochains mois seront, à ce titre, importants pour tester
grandeur nature l’exact positionnement du nouveau premier ministre sur des
principes, ô combien chéris par les centristes, de consensus, de pragmatisme,
de responsabilité, d’équilibre ainsi que sur sa capacité à libérer les énergies,
notamment celle d’entreprendre, du carcan construit depuis des décennies par
une vision pro-étatiste et centralisatrice partagée par le PS et l’UMP.
Et, dans un an, il sera temps de faire le bilan de
l’expérience Valls, non pas que ce temps sera nécessaire pour redresser la
France mais il permettra de savoir si ses recettes fonctionnent.
Si Manuel Valls réussit son coup, pas de doute que tous les
idéologues et radicaux de tous bords auront du mouron à se faire. François
Hollande aussi, d’ailleurs…
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
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