On peut penser que si les élections européennes sont un
succès pour les listes de l’Alternative (UDI+MoDem), cette dernière deviendra
incontournable pour les partis centristes et ce, même si de nombreux points
resteront à éclaircir et à régler pour qu’elle avance vers programme commun en
vue de la présidentielle et des législatives.
En revanche, on peut se demander quel pourra être son avenir
en cas de mauvais résultat.
Une question qui n’est pas seulement académique puisque les
sondages montrent que seulement 9% des électeurs déclarent qu’ils vont voter
pour les listes centristes.
Si c’est le cas, l’Alternative aura failli dans sa première
mission de donner un coup de fouet aux partis centristes lors d’une élection
qu’ils considèrent eux-mêmes comme très favorable à leur camp.
Il se pourrait qu’il y ait un réflexe de survie qui
aboutisse à un approfondissement de cette refondation, les partis centristes
comprenant que leur espace politique est vraiment sinistré et qu’il faut un
effort d’union d’une toute autre ampleur pour retrouver la crédibilité auprès
des Français.
Malheureusement, le cas de figure le plus probable devrait
être une remise en question de l’existence de l’Alternative -- comme certains dirigeants centristes l’ont
déjà évoqué – même si celle-ci n’aboutit pas forcément à une séparation des
deux partenaires.
Car depuis la création de cette «organisation coopérative»,
l’UDI et le Mouvement démocrate ont montré à maintes reprises qu’ils n’étaient
pas sur la même longueur d’onde, loin s’en faut.
Un échec aux européennes aurait donc comme conséquence de
mettre sur la table les oppositions entre les démarches des deux partis, tant au
niveau de la stratégie politique que celui du contenu même des projets
politiques, sans parler de celui des chocs des ambitions personnelles.
Déjà, les craquelures se sont manifestées avec des
dirigeants en conflit et des avenirs fragilisés tant à l’UDI (départ de Borloo)
que du Mouvement démocrate (qui se transforme petit à petit en coquille vide).
De plus les militants des deux bords ne se font guère
confiance et ne lorgnent pas du même côté (UDI plutôt vers le droite, MoDem
plutôt vers la gauche).
Ce qui est d’ailleurs confirmé par les positionnements des
sympathisants qui semblent peu compatibles comme l’a montré un dernier sondage
où 58% de ceux du Mouvement démocrate estiment que le Centre doit s’inscrire
dans une coopération avec le gouvernement de Manuel Valls tandis que 73% de
ceux de l’UDI estiment que le Centre doit clairement s’inscrire dans
l’opposition.
On ne peut pas faire plus opposé…
Reste que les choses pourraient tourner autrement.
Deux autres possibilités existent ainsi du fait que l’UDI
doit se choisir dans les mois qui viennent un successeur à Jean-Louis Borloo.
A cette occasion les risquent d’implosion de ce qui demeure
une confédération où les partis qui la constituent ont gardé tous leurs
attributs de légitimité, sont importants du fait de personnalités qui ne
s’apprécient guère et n’ont pas l’intention de se faire des cadeaux, ni même de
travailler ensemble.
Du coup, l’Alternative pourrait imploser de même ou être, à
l’opposé, un réceptacle pour tous les partis centristes à nouveau indépendants
les uns des autres.
Quoi qu’il arrive, son avenir est en suspens.
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC
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