Or donc François Hollande et son gouvernement ont été
sanctionnés lors des élections municipales.
Les médias ainsi que la droite (et même certains socialistes
en attente de postes!) ont rivalisé de mots emphatiques pour qualifier cette défaite évidemment
«historique» (si une défaite d’un club de football est qualifiée de telle,
pourquoi pas celle du PS aux municipales…).
Quels que soient les qualificatifs grandiloquents utilisés,
ce résultat pose une question fondamentale – outre celle sur la lutte urgente
contre l’extrême-droite et sa démagogie mortifère – sur la politique économique
que veulent les Français.
Ces derniers nous disent majoritairement, lorsqu’ils sont
interrogés dans les sondages, qu’ils savent que le pays va mal économiquement
parlant (ainsi que l’Europe dans son ensemble), qu’ils doivent faire des
sacrifices, qu’ils doivent être responsables et qu’un certain nombre de
réformes sont essentielles pour retrouver de la croissance économique.
Bien sûr, ils disent autre chose sur les problèmes sociétaux
et politiques mais nous parions que si l’économie française croissait de 5% par
an, il y aurait eu une vague rose et non bleue lors de ces municipales.
Fort bien, donc, sur le constat de plus en plus clair des
Français sur les maux de l’économie française qui ne serait pas assez
concurrentielle avec celle des autres pays, qui aurait pris de mauvaises
décisions dans un univers mondialisé et qui a besoin de liberté dans la
solidarité pour tirer vers le haut une société française en plein désarroi.
Mais, n’est-ce pas, en partie, ce que fait François Hollande
et ce que faisait Nicolas Sarkozy? En un mot et avec des appellations
différentes pour contenter leurs électorats respectifs, la Droite et la Gauche
ne sont-elles pas condamnées à agir de la même manière?
Tout cela a déjà été dit mais la bataille politique veut que
l’on tente par tous les moyens de dire que ce que fait son adversaire est nul,
que l’on ferait bien mieux et qu’il n’y aura qu’à se baisser pour ramasser à la
pelle les fruits de la croissance que l’on va réinstaurer, «votez pour nous!».
Les économistes, sérieux et ne vendant pas une salade
idéologique de droite ou de gauche, savent que c’est totalement faux, que nous
ne retrouverons pas demain une croissance forte (à moins d’une innovation
technologique de grandeur impensable actuellement) et que nous devons bâtir des
politiques économiques dans ce sens pour réinstaurer une croissance qui
permettra, si des réformes sont mises en place, de demeurer un pays avancé.
Bien sûr, chacun d’eux à sa petite proposition qui le
distingue des autres mais ils ont plus de points communs que de désaccords.
Dès lors, c’est sur ce socle consensuel que doit être
élaborée la politique économique du pays.
Or, c’est déjà le cas, plus ou moins.
Si l’électorat de gauche ne s’est pas déplacé pour voter aux
municipales, c’est bien qu’il ne veut pas de la politique actuelle qu’il
considère comme trop à droite.
Mais c’est dans le «plus ou moins» que se trouvent les
différences ainsi que dans l’européanisation indispensable des économies des
pays de l’Union européenne.
C’est ici que l’on trouve la politique économique centriste,
celle que réclament sans toujours le savoir les Français, cette fameuse
économie sociale de marché.
Car seule une économie européenne intégrée (avec une
décision politique européenne et non plus seulement un grand marché européen)
que l’on pourra parler de liberté d’entreprendre et de solidarité envers les
plus faibles, que l’on pourra revitaliser la classe moyenne en lui offrant de
vraies perspectives et que l’on fera face à tous les coups bas de la
globalisation économique tout en profitant de tous ses bienfaits, que l’on sera
capable d’agir et non pas de réagir.
Quant au «plus ou moins», il s’agit aujourd’hui de mettre à
bas tous les clientélismes qui sont les bases électorales de la Droite et de la
Gauche pour réformer en profondeur notre appareil productif, notre fonction
publique, nos finances publiques et notre système fiscal tout en donnant un
élan fort à la formation et à l’innovation.
Tout cela est su mais nécessite du courage, non seulement de
la part du politique, mais également de ce que l’on appelle la société civile,
c’est-à-dire nous, tous les Français.
Et nous devons nous projeter dans une dynamique et non nous
carapater dans une bulle où domine désormais ce fameux principe de précaution
qui fait que nous disons non à tout ce qui pourrait remettre en cause notre
petit confort aboutissant à ce que nos dirigeants fassent du laxisme et de la
mollesse à tout va.
Seule une politique économique centriste peut nous sortir de
la situation actuelle. Elle n’est ni gratuite, ni facile.
En revanche, ne rien faire serait encore plus cher et plus
douloureux. Pas dans dix ou vingt ans mais demain.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
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