On peut voir le rassemblement de l’espace centriste en cours
comme un succès ou un échec. De même, on peut la considérer comme une vraie
démarche politique ou comme un spectacle politicien indigne où des adversaires
de la seconde d’avant sont devenus des amis à la vie à la mort de la seconde
d’après afin de récupérer quelques pourcentages et quelques sièges lors des
prochaines élections.
C’est la sempiternelle histoire du verre à moitié vide ou à
moitié plein.
Analyse rapide en ce mois de février alors que les élections
municipales puis les européennes se profilent à l’horizon.
- Succès ou échec?
Après un succès d’estime dans les médias (mais pas dans les
sondages), l’Alternative (UDI + MoDem) n’a pas réenchanté la politique ni bouleversé le paysage politique français.
Pire, il semble bien que l’«organisation coopérative» soit
tombée dans les chicaneries politiciennes et les querelles de personnes.
Les propos de François Bayrou sur Rama Yade et la réponse de
celle-ci (voir L’Humeur du Centriste) ne sont qu’une illustration parmi d’autres
d’un climat, sinon délétère, du moins loin d’être amical.
Etait-ce prévisible?
A voir François Bayrou et ses fidèles lieutenants chanter
les louanges du rassemblement des partis centristes comme les nouveaux
convertis on avait ressenti un certain malaise en novembre dernier. Ceux-là même
qui espéraient un strapontin dans un gouvernement socialiste tel Robert
Rochefort étaient désormais les plus critiques de François Hollande, encore
plus rentre dedans que les membres de l’UDI.
Mais de l’eau a passé sous les ponts et le Mouvement
démocrate, comme l’ont bien noté quelques observateurs aiguisés, a montré sa
vraie nature, celui d’un rassemblement de militants venus d’horizons divers,
unis uniquement derrière un projet personnel, celui de François Bayrou de
devenir président de la république.
Les alliances à géométrie variable (de l’UMP au Parti
communiste!) du MoDem aux municipales en sont un exemple emblématique.
Du coup, il y a autant de positionnements politiques au
Mouvement démocrate qu’il y a de militants (dont le nombre, de l’aveu même des
dirigeants du parti, est en chute libre).
In fine, on ne sait pas très bien quelle part du Mouvement
démocrate s’est alliée avec l’UDI: 20%, 50%, 60%?!
De son côté, l’UDI qui devait être le grand vainqueur du
rassemblement centriste, a très mal géré la création de l’Alternative.
Car c’est bien du ralliement de François Bayrou dont il
était question au départ alors qu’il semble bien, aujourd’hui, de savoir si
Jean-Louis Borloo va pouvoir résister à la nouvelle OPA de Bayrou sur l’espace
centriste.
Car l’UDI n’a, pour l’instant, strictement rien gagné dans l’affaire
et les latitudes laissées au Mouvement démocrate font de ce dernier, étonnamment,
le «gagnant» du rassemblement centriste.
En fait, cela démontre surtout que cette refondation du
Centre s’est bâtie sur un double-échec – échec du Mouvement démocrate dans sa
tentative de porter Bayrou à l’Elysée, échec de l’UDI a bâtir une formation
centriste forte – plutôt que sur une double dynamique du succès.
Du coup, pouvait-on espérer mieux à court terme?
Cela ne veut pas dire qu’un double-échec ne peut pas se
transformer en succès dans les années à venir, surtout en politique.
- Vraie retrouvailles ou rabibochage de façade?
Les militants de l’UDI et ceux du Mouvement démocrate ont de
réelles convergences de vues et ils partagent souvent des valeurs identiques.
Mais ils ont également d’aussi réelles divergences.
De plus, ceux de l’UDI sont souvent d’anciens UDF déçus par
Bayrou alors que ceux du Mouvement démocrate sont souvent des inconditionnels
de ce même Bayrou.
En outre, les leaders de l’UDI sont pratiquement tous d’anciens
lieutenants de Bayrou qui l’ont quitté à cause de divergences sur la ligne
politique mais aussi à cause de sa personnalité et de son entourage.
Lors des retrouvailles de novembre 2013, on s’est congratulé
et on est tombé dans les bras les uns des autres.
Mais cela n’a eu qu’un temps.
Depuis, les critiques et les distances ont réapparu, ce qui
est normal puisque rien n’avait été purgé.
Pour autant, l’UDI et le Mouvement démocrate, pour avoir une
chance de peser dans le débat politique, doivent faire vivre l’Alternative et y
vivre.
Donc, derrière le rabibochage de façade, il y a de vrais
enjeux politiques pour les deux formations qui seront peut-être un ciment plus
puissant qu’une convergence de pensée et d’action.
Encore une fois, le juge de paix sera le double rendez-vous
électoral de cette année, les municipales et les européennes.
Si les résultats sont mauvais, l’Alternative aura sans doute
des lendemains d’élections plus que difficiles.
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC
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