Personne ne pensait que la réunion de l’UDI et du Mouvement
démocrate dans l’Alternative en novembre dernier serait un long fleuve
tranquille une fois que leurs deux ténors se seraient serrés la main.
Les premières tensions étaient d’ailleurs apparues dès
l’accord entre Jean-Louis Borloo et François Bayrou avec nombre d’élus et de
dirigeants, à la fois du côté de l’UDI et du MoDem, qui demeuraient dubitatifs
sur un rapprochement qui se faisait sans discussions approfondies à tous les
niveaux.
Mais nécessité faisant loi, l’approche des municipales et
des européennes, l’Alternative devait se cimenter dans l’action disait-on dans
les états-majors.
Force est de reconnaître que la constitution des listes pour
les municipales montre les limites de cette stratégie.
Bien sûr, il y a Paris où l’on assiste à un psychodrame avec
un Jean-Louis Borloo «ulcéré» selon Le Figaro, «en fureur» selon Le Monde,
menaçant même une absence de listes communes aux municipales et aux européennes
(remettant donc en cause le contrat signé avec François Bayrou) et accusant les
chefs du Mouvement démocrate, notamment Marielle de Sarnez, de ne pas la jouer
collectif.
Et c’est vrai que l’on voit des craquements un peu partout
qui légitime ce discours un rien comminatoire dans le sens où Borloo ne pouvait
pas ne pas imaginer que les choses sérieuses et difficiles commenceraient une
fois l’accord signé et non avant.
Néanmoins, dans nombre de villes, les deux partis centristes
travaillent dans une bonne ambiance et il ne faudrait donc pas exagérer la
crise que connait actuellement l’Alternative.
Sauf que les problèmes se situent dans des endroits très
emblématiques comme Paris mais aussi Marseille, Toulouse, Lille, Lyon, etc.
Et ce n’est pas parce qu’on fera liste commune (et souvent
avec l’UMP dès le premier tour) dans quelques petites bourgades que cela atténuera
le sentiment de malaise qui émane des mauvais rapports dans les grandes villes.
Quoi que l’on pense de l’Alternative, il serait
catastrophique pour les partis centristes et l’avenir proche du Centre en
France que celle-ci implose dès ses premières difficultés.
Mais si cela se produit, ne serait-ce pas la conséquence
naturelle d’un contrat rédigé et signé à la va-vite?
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC