L’information – tout comme la transmission du savoir – est au
cœur de la démocratie représentative que défendent le Centre et le Centrisme.
Sans information, le citoyen ne peut ni connaître ses
droits, les faire valoir et les exercer, ni savoir dans quel monde il vit.
Sans un citoyen informé par de citoyen libre et égal.
Il ne peut être, non plus, considéré comme une personne
responsable, cette qualité nécessitant d’être correctement informé.
Donc pas de démocratie autre que formelle.
Il faut donc garantir la liberté d’expression mais aussi le
droit à l’information du citoyen.
Cela passe par une garantie d’une presse libre mais aussi
par un devoir de la société d’informer ses membres.
C’est pourquoi, dans la plupart des démocraties comme la
France, les Etats-Unis, la Grande Bretagne, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et
bien d’autres, il existe, à côté d’un secteur privé de l’information, un
secteur public, prolongement naturel du service public de l’éducation.
Mais ce secteur public d’information a montré, au fil des
ans, ses limites.
D’abord une limite politique puisqu’il est géré par l’Etat
(et parfois même par le gouvernement en place) donc il est toujours plus ou
moins soupçonné d’être relativement proche du pouvoir en place, tout au moins
de partager la même vision, même si ces reproches sont exagérés.
Ensuite une limite déontologique puisque, se confrontant au
secteur privé, il doit, pour survivre, adopter nombre des pratiques de ce
dernier pour vendre son information (et ses divertissements) afin de faire de
l’audience, ce qui n’est absolument pas sa finalité.
Résultat, le citoyen n’a pas à sa disposition une
information de qualité, sans fioritures et sensationnalismes, parlant du fond
de ce qui est essentiel pour accomplir son devoir de membre éclairé de la
communauté.
Il faut donc un véritable service public d’information (ce
qui suppose, par ailleurs, qu’il ne délivre que de l’information et ne s’occupe
pas du divertissement).
Libre, indépendant, gratuit, déontologiquement inattaquable,
voilà l’absolu nécessité de l’absolu nécessaire service public d’information
pour informer le citoyen et lui permettre d’être suffisamment éclairé pour
choisir ses représentants et pour contrôler leur action ainsi que pour être
capable de comprendre le monde dans lequel il vit afin d’être acteur
responsable de sa vie.
Or, aujourd’hui, ce n’est pas le cas. On peut même dire que
cela n’a jamais été le cas malgré ce que prétendent les esprits chagrins qui
regrettent l’époque flamboyante de la presse écrite, oubliant que depuis
toujours la majorité des titres font du sensationnel et de la sélection
d’information pour des motifs partisans, ce qui n’a rien à voir avec le devoir
d’informer.
Mais la publicité et l’impératif de racoler le lecteur, deux
nécessités pour faire vivre économiquement parlant, un média, ne peuvent pas
aboutir à autre chose.
Reste que la liberté de la presse est une condition sine qua
non de la démocratie.
Tout le monde doit pouvoir dire et écrire ce qu’il pense.
Néanmoins, le citoyen a aussi le droit de pouvoir trouver un
endroit où il pourra s’informer de la manière la meilleure possible et la plus
«objective» possible, le tout, évidemment, «gratuitement».
Ce service public d’information subventionné et financé par
divers moyens n’aura aucunement pour objectif de phagocyter à son profit
l’information mais d’être, à côté de la presse et des médias libres, un organe
qui délivre une information nécessaire au citoyen libre et responsable.
Il est important de dire que l’information a toujours été
prise entre, d’une part, la propagande d’organisations publiques ou privées et,
d’autre part, une vision spectaculaire et commerciale permettant aux
entreprises de presse d’exister et de faire des profits.
Ceux qui parlent d’un âge d’or de la presse où celle-ci
aurait agi dans le seul but d’informer objectivement, ont la mémoire bien
courte ou un manque criant de connaissances historiques dans ce domaine.
Bien entendu, l’accélération technologique a permis à
l’information de pouvoir être plus rapide et de se démultiplier.
Cependant, réduire la problématique à l’apparition des
stations de radios et des chaînes de télévision d’information en continue ainsi
que du média internet est une contrevérité.
Tout au plus peut-on dire que les problèmes inhérents à son
fonctionnement, à son domaine d’intervention et aux attentes de ses clients ont
suivi la même courbe exponentielle que celle de la multiplication des médias et
de l’information.
Il n’en demeure pas moins que ces problèmes sont
constitutifs même de l’information et de sa possible manipulation.
Le médiateur, l’informateur, chargé d’être le lien entre
l’information et l’informé peut avoir de multiples raisons de dire certaines
choses et d’en cacher d’autres.
N’est-ce pas ce que nous faisons nous-mêmes dans notre
communication avec les autres?!
Mais, dans le cas qui nous intéresse, il doit pouvoir y
avoir une source d’information qui tente d’être la plus neutre et la plus
objective possible.
Car l’information ne peut pas être qu’un produit commercial
comme un autre que l’on peut malaxer comme l’on veut afin de pouvoir la vendre
à n’importe quel prix et de n’importe quelle manière.
C’est ce qui justifie ce service public.
Celui-ci ne doit évidemment pas être ni «la voix de la
France», ni même «info France» mais un organisme totalement indépendant chargé
de délivrer une information citoyenne pour ceux qui la veulent, sans pressions
commerciale et/ou partisane.
Ce n’est évidemment pas un service qui se substitue aux
médias actuels mais qui vient en complément de ceux-ci, qui s’ajoute à eux.
Il ne sera la propriété ni de l’Etat, ni même des
journalistes qui y travaillent mais de la collectivité nationale.
Il sera régi par une règle déontologique stricte à laquelle
veillera un organisme de tutelle élu au suffrage universel.
On comprend que cette solution n’est pas parfaite (il n’en
existe malheureusement pas) mais elle est la moins mauvaise.
Ainsi, la liberté de la presse sera conservée comme un
bienfait inestimable de la démocratie.
Mais il existera aussi cette source d’information indispensable
à la citoyenneté réelle et effective.
Reste à trouver la volonté politique.
N’oublions pas, à l’attention de tous les esprits chagrins,
que personne ne sera obligé de lire, écouter ou regarder les informations de ce
service public.
Enfin et surtout, si nous continuons dans les dérives
actuelles, nous risquons d’aboutir à ce que l’information ne soit plus qu’un
produit de même nature que le divertissement.
Et nous n’aurons plus que des consommateurs et plus de
citoyens.
Voilà bien le rêve de tous les apprentis dictateurs.