Une société qui se détruit constamment est aussi dangereuse
qu’une société qui s’ankylose totalement. La seule bonne réponse est dans un «réformisme
permanent» proposé par le Centre, c’est-à-dire un ajustement constant de la
société pour qu’elle soit toujours en juste équilibre.
Ce n’est pas du tout la réalité actuelle.
Aujourd’hui, dans la plupart des pays avancés, nous payons
le prix de la non-réforme, que le blocage vienne des conservateurs de droite ou
de ceux de gauche, les uns et les autres faisant de la résistance afin de
préserver les positions acquises de leur clientèle (celle-ci menaçant
d’ailleurs de faire défection si on ne la récompense pas de son vote).
Résultat, la France est dans l’impasse.
Car quelles que soient les réformes qui sont ou vont être
entreprises, le pays à un temps de retard qu’il sera très difficile de
rattraper à court et même à moyen terme.
D’autant que les réformes mises en place à gauche et à
droite ne sont que des demi-réformes où l’on tape d’abord sur les clientèles de
l’autre bord ou qui sont tellement édulcorées qu’elles ne produisent aucun
résultat, pire qui sont totalement dépassées au moment où elles sont enfin
mises en œuvre.
Il faut donc ce «réformisme permanent», cette adaptation «en
temps réel» de la société et de l’économie prôné par le Centrisme.
Ce n’est évidemment pas simple techniquement et encore moins
socialement et politiquement.
Pourtant, si les mesures étaient prises lorsque cela s’avère
nécessaire ou indispensable, on ne se retrouverait pas, comme aujourd’hui, face
à une montagne de problèmes et de blocages que pratiquement aucune réformette
proposée par la Gauche et la Droite ne peut soulevée.
Pour autant, la réforme pour la réforme, celle qui casse
tout n’est pas meilleure.
La réforme doit être légitime, c’est-à-dire qu’elle
s’attaque à un problème réel, qu’elle soit juste et équilibrée, utile et
adaptée.
Car, parfois, après tant de rendez-vous manqués, le pouvoir
politique qui, dans un sursaut de dignité, prend le taureau par les cornes,
propose un remède de cheval qui détruit plus qu’il ne construit avec, en sus,
une population déboussolée et craintive dont la réponse est de refuser tout
changement même celui qui est absolument nécessaire.
Tout cela vient d’abord d’une cécité et d’une incompétence
du politique mais surtout d’un manque de courage.
Dans une démocratie républicaine représentative, les élus
sont sensés prendre des mensures pour le bien de leurs électeurs et afin de
répondre aux multiples défis qui se posent sans cesse dans un monde où,
rappelons-le, ce qui ne bouge pas meurt, qu’il soit ou non mondialisé ou
globalisé.
Le rôle du politique est également pédagogique. Il faut
expliquer, réexpliquer et expliquer encore les enjeux et comment les résoudre
favorablement.
Bien sûr, la population n’est pas exempte de reproches. Tous
les sondages montrent qu’elle est consciente qu’il faut des réformes mais, à
chaque fois que le politique se met à réformer, la voilà hostile et solidaire
de tous les corporatismes.
Du coup, l’immobilisme est de rigueur.
Il est justifié, aux yeux des politiques, par la défense les
(passe)droits acquis de leurs électeurs (qui disent la même chose).
Rien n’est plus faux.
En s’arque-boutant sur ces soi-disant droits acquis, non
seulement on bloque la société lorsque ceux-ci sont un frein au progrès et à la
croissance mais cette attitude les détruits tôt ou tard, souvent trop tard pour
réformer la société dans de bonnes conditions et assurer la persistance de la
partie légitime de ces avantages à leurs bénéficiaires.
Dès lors, ces droits ne sont plus acquis mais disparaissent
bel et bien.
La réforme n’est pas une posture pour changer les choses
pour le plaisir.
Elle répond simplement à ce qu’est la vie, un mouvement
perpétuel où tous ceux qui ont tenté de l’arrêter ont été balayés, un jour ou
l’autre, par l’histoire.
Oui, il nous faut une (vraie) réforme fiscale, une (vraie)
réforme des dépenses publiques, une (vraie) réforme de l’assurance-maladie, une
(vraie) réforme du marché du travail, une (vraie) réforme de l’éducation ainsi
que de nouvelles approches du vivre ensemble, de la solidarité nationale, de
l’intégration européenne, de la place de la France dans le monde.
Et cette liste est loin d’être exhaustive…
Si nous avions fait ces réformes et ces adaptations dans le
temps, en s’attaquant aux problèmes les uns après les autres, nous ne serions
pas devant ce mur gigantesque de la réforme qui crée une atmosphère anxiogène enveloppant
toute une communauté nationale transie par l’effort à accomplir d’autant qu’elle
n’en voit pas la légitimité.
En outre, le résultat politique de l’immobilisme est
ravageur.
Si, au lieu d’assurer leur confort et leur réélection, les
élus de la république avaient agi, comme c’est leur devoir lorsqu’ils acceptent
des mandats électoraux, ils ne seraient pas aussi peu appréciés qu’ils le sont
actuellement.
Et l’on ne verrait pas les extrémistes, les populistes et
les poujadistes de tout bord en profiter pour monter dans les sondages, pour
occuper la rue et pour contester l’existence même de la démocratie
républicaine.
Bien sûr, cela n’est pas forcément mieux ailleurs.
Est-ce que cela est une consolation?!
Oui, nous devons mettre en place ce «réformisme permanent»
avec les outils que le Centre et le Centrisme proposent depuis longtemps, avec
ce principe de juste équilibre qui seul peut permettre de faire accepter les
réformes puis de les faire réussir.