Dans le bras de fer que constitue la mise en forme d’une «charte»
ou d’un «contrat» entre l’UDI et le Mouvement démocrate, on a bien compris que
François Bayrou fait tout pour presser le pas autour d’un texte qui garantit,
selon son point de vue, l’identité de chacun des contractants alors que
Jean-Louis Borloo veut un document nettement plus contraignant, notamment au
niveau des alliances et du positionnement politique indiscutable au centre
droit.
C’est pour cela que l’on voit le premier clamer partout que
l’accord est prêt (il aurait déjà du être signé selon ses dires…) alors que le
second joue la montre en expliquant que rien ne pressait.
Il faut dire que François Bayrou a tout intérêt à une alliance
qui lui permettra de naviguer dans l’espace centriste, du centre-gauche ou
centre-droit, dans son unique stratégie présidentielle (et, auparavant, dans sa
tentative de retrouver de la crédibilité nécessaire pour être candidat en 2017).
De même, il est important pour lui de ne pas être celui qui
se rallie sans condition à l’UDI après avoir tant critiqué cette confédération
pour laquelle il n’a pas eu de mots assez durs et de piques méchantes.
C’est tout le contraire pour Jean-Louis Borloo qui, lui, a
besoin de démontrer qu’il a réussi à récupérer tous les centristes dans sa
formation, alors même que ceux qui y sont déjà traînent les pieds pour adopter
une alliance encore plus intégrée et qu’ils se méfient des desseins de leur
président mais bien plus encore de son inconsistance notamment lorsqu’il s’agit
de se mettre en avant et de prendre des coups.
Jean-Louis Borloo veut également qu’il ne se produise pas de
clash ou même de fissures après la signature de l’accord d’union, ce qui serait
catastrophique pour son entreprise de créer une machine électorale capable de
contester à terme le leadership à droite de l’UMP où se trouvent tous ceux qui
l’ont humilié et empêché, selon lui, de devenir premier ministre.
On peut toutefois prédire qu’un document quel qu’il soit
sera bien signé car ce serait une bérézina totale pour les deux hommes si leur
rapprochement tombait à l’eau tant ils s’y sont engagés.
Cependant, quelles que soient les modalités de leur union,
celle-ci va demeurer pendant longtemps encore un combat à moins que l’un ou l’autre
soit mis KO très rapidement.
Quand au troisième larron qui fait tout pour faire entrer le
loup (Bayrou) dans la bergerie (UDI), Hervé Morin, il se frotte dès à présent
les mains.
Une union bancale lui donnerait beaucoup plus de pouvoirs.
Surtout, elle l’aiderait à fragiliser son principal adversaire, Jean-Louis
Borloo.
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC