Théoriquement, la «charte» ou le «contrat» établissant les
nouvelles relations entre l’UDI et le Mouvement démocrate devrait être signé
avant la fin du mois.
Ce document permettrait aux deux partis de rédiger à terme
un programme commun et, surtout, de présenter des listes communes aux élections
municipales et européennes de 2014 puis à la présidentielle et aux législatives
de 2017.
Cette union centriste aura deux têtes, François Bayrou et
Jean-Louis Borloo.
A moins qu’une émerge rapidement au détriment de l’autre…
Au départ, Jean-Louis Borloo pensait tenir facilement la
main. N’avait-il pas gagné par ko face à François Bayrou?
Ainsi le retour à droite du président du MoDem était une
victoire, certes symbolique puisque l’ancien candidat perpétuel à la
présidentielle ne représente plus grand chose électoralement parlant, mais une
manière de boucler la boucle en fanfare avec, en un an, un beau tableau de
chasse centriste où figuraient Hervé Morin, Pierre Méhaignerie, Jean-Christophe
Lagarde, Jean-Christophe Fromantin et quelques autres chefs de moindre
importance.
Epingler Bayrou à ce tableau était certainement un moment
jouissif pour son ancien directeur de campagne.
Oui, mais voilà, à ne pas gagner grand-chose cela peut vous
faire passer rapidement pour le perdant d’autant que le perdant désigné, lui,
retrouvant une nouvelle ardeur, s’est mis à phagocyter cette réunion centriste
à son profit, jouant immédiatement son va-tout, n’ayant, de toute façon, rien à
perdre.
François Bayrou a donc multiplié les déclarations, occupé
les plateaux télévisuels et les studios radiophoniques pour célébrer ces
retrouvailles centristes en se posant, d’abord, en égal de Jean-Louis Borloo,
puis, tout doucement, en premier centriste parmi les centristes, rappelant sa pseudo-position
historique en la matière.
Avant même que cette refondation entre une jeune pousse
(UDI) et un éclopé (MoDem) soit réellement actée, le voilà, avec ses
lieutenants, qui parle déjà d’élections présidentielles et du candidat qui sera
le mieux placé, laissant filtrer dans la presse que Borloo s’occupera de faire
fructifier la nouvelle structure commune pendant que lui sera le candidat présidentiel
naturel, ce qui a obligé le président de l’UDI à déclarer que le problème de la
présidentielle n’était pas encore à l’ordre du jour…
De même, la précipitation avec laquelle cette réunion
centriste avance inquiète Jean-Louis Borloo car elle pourrait se faire sans
lever toutes les ambiguïtés entre les deux partis.
En revanche, pour François Bayrou, plus cela va vite, plus
les questions dérangeantes (alliance du MoDem avec le PS et même le PC dans
certaines communes, propos passés très désobligeants à l’égard de ses «nouveaux»
partenaires, positionnement politique peu lisible) ne seront pas mises sur le
tapis et il retrouvera une virginité lui permettant de troquer son rôle d’allié
potentiel du PS à celui d’allié naturel de l’UMP.
Il est sans doute trop tôt pour savoir comment tout cela va
évoluer et finir mais une chose est sûre: Bayrou n’a pas oublié, à l’inverse de
Borloo, que dans un parti ou une coalition, il n’y a in fine qu’un seul chef
suprême et que celui-ci, en France, est le candidat naturel à la présidentielle.
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC