Christian Saint-Etienne a un égo surdimensionné et vient à
nouveau de le prouver. Ce professeur d’économie qui a acquis une petite
notoriété en prédisant tous les jours que Dieu fait et depuis dix ans que la
France est sur le point d’imploser, a une grande ambition politique mais il
demeure jusqu’à présent un des seuls à croire en sa bonne étoile en la matière.
Depuis des années, il tente de trouver une place quelque
part. D’abord chez François Bayrou puis chez Hervé Morin puis chez Nicolas
Sarkozy mais aucun de ceux-ci ne lui donnèrent un poste à la hauteur de ce
qu’il croît être son talent.
La voilà maintenant chez Jean-Louis Borloo à revendiquer une
fonction qui le mettrait enfin en pleine lumière médiatique.
Il pensait que l’UDI, parti en construction, était propice pour
se faire la place qu’il n’avait pas obtenue ailleurs, comme le font tous les
militants qui estiment n’être pas jugés à leur (grande) valeur et lorgnent sur
les nouvelles formations pour espérer enfin être correctement servis.
Voilà des mois qu’il tente ainsi d’être tête de liste pour les
municipales à Paris.
Petit hic, pratiquement personne ne pense à lui et sa
légitimité ne saute pas vraiment aux yeux.
Heureusement pour lui, il va être aidé par un autre second
couteau à l’égo tout aussi surdimensionné, Yves Pozzo di Borgo.
Ce dernier, qui navigue dans les eaux centristes depuis
l’époque de Valéry Giscard d’Estaing s’est également déclaré candidat. Il a, toutefois,
une carte de visite plus fournie au niveau électoral ayant réussi l’improbable
en se faisant élire sénateur parisien puis réélire alors qu’il était donné
battu à chaque fois.
Devant cette candidature, l’obscur président de la
fédération parisienne de l’UDI a estimé, de son propre chef et alors que le
sénateur avait reçu l’investiture de Jean-Louis Borloo (mais il semble qu’il en
donne à tour de bras…), que le manque de glamour de monsieur Pozzo di Borgo imposait
que l’on fasse barrage par tous les moyens à sa candidature.
A défaut d’une pointure, il a donc mis dans les pattes du
sénateur, l’économiste, trop content d’exister politiquement soudainement.
Dès lors il a pris ses rêves pour des réalités.
Mais, comme les choses n’allaient pas assez vite, il a
déclaré (alors que personne ne lui avait rien demandé) que «j’ai été recommandé
à l’unanimité par le bureau de la fédération de Paris qui est la plus grosse
fédération de France pour l’UDI. Le 25 juin, j’ai été recommandé et le 2
juillet j’ai été nommé par la commission nationale d’investiture pour conduire
les municipales».
Sauf que c’était un gros mensonge.
En prenant connaissance de cette auto-investiture, le
secrétaire général de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, a failli s’étrangler et a
immédiatement twitté à l’intéressé, «Christian, j'ignore qui t'a induit en
erreur mais la commission d'investiture de l'UDI ne t'a pas du tout investi
chef à Paris».
C’est ce qui s’appelle une belle claque (politique) voire un
sacré aller-retour!
De son côté, Yves Pozzo di Borgo a publié ce communiqué
cinglant: «Le président et la majorité des membres du groupe UDI au Conseil de
Paris ont appris avec étonnement (…) la candidature de leur collègue Christian
Saint-Etienne à la mairie de Paris sans qu’ils aient été prévenus».
Et de préciser de manière assassine que l’auto-investiture
de monsieur Saint-Etienne n’a «aucune valeur».
Tout ceci est digne d’un comique troupier et on attend le
prochain épisode de cette guéguerre picrocholine.
Mais tout centriste est en droit d’être un peu énervé car
voilà encore des élus qui se prétendent responsables et affirment partager les
valeurs du Centre qui se ridiculisent en public et montrent d’eux une face bien
pathétique, ridiculisant au passage la fameuse union sans faille de tous les
composantes de l’UDI, rabâchée sans cesse par Jean-Louis Borloo.
Rassurons les deux prétendants tout de suite. Que ce soit
vous, monsieur Pozzo di Borgo, ou vous, monsieur Saint-Etienne, vous ne ferez
que quelques maigres pourcents lors du premier tour de la municipale puis vous
vous rallierez sans condition et pour quelques strapontins à Nathalie Koscuisko-Morizet.
A moins, in fine, que ce soit Rama Yade qui aille au charbon
comme elle le laisse sous-entendre, attendant sans doute que quelques sondages
lui démontrent qu’elle ne prendra pas la même claque (électorale) que ses deux
collègues.
Ici, tout centriste a le droit de préférer les deux
personnages précités de notre drame car, eux, au moins, se sont toujours
présentés comme du Centre à l’opposé de Rama Yade qui a dit et redit qu’elle n’en
était pas jusqu’au jour où Jean-Louis Borloo lui a expliqué qu’elle faisait
partie d’une formation politique qui s’en revendique.
Du coup, on se dit, tout ça pour ça.
Eh oui, tout ça pour ça…
Centristement vôtre
Le Centriste