Les médias américains qui veulent de plus en plus avoir une
élection d’avance, fourmillent de reportages, d’articles et de commentaires sur
la prochaine présidentielle de 2016 et, surtout, sur la probable candidature à
la primaire démocrate d’Hillary Clinton.
Ancienne première dame (surtout ancienne principale
conseillère de Bill, son mari président), ancienne sénatrice de New York,
ancienne candidate malheureuse à la primaire de 2008 face à Obama (et, alors,
ancienne favorite qui, il ne faut pas l’oublier, avait réuni plus de voix
qu’Obama mais avait été battue à cause du mode de désignation du candidat
démocrate), ancienne secrétaire d’Etat du même Obama de 2009 à 2013, son
parcours politique est bien rempli et beaucoup de politiques s’en contenterait.
Mais Hillary Clinton poursuit un double but: son ambition
qui a toujours été grande (on dit que c’est elle qui était la plus capable de
devenir président dans son couple avec Bill) et l’ambition de voir, enfin, une
femme comme président(e) des Etats-Unis.
Pour autant, rien n’est gagné pour elle si elle se décide à
se présenter.
Si elle possède déjà un grand avantage sur tout autre
candidat démocrate en vue de la primaire et tout candidat républicain lors de
la présidentielle, elle devra démontrer qu’elle n’est pas trop âgée pour le
poste, qu’elle propose un programme consistent et non qu’elle est «juste» une
femme.
Sans oublier son positionnement centriste depuis toujours et
encore plus marqué que celui d’Obama.
Concernant son âge (elle aura 69 ans en 2016), il s’agit
actuellement de l’angle d’attaque de nombreux républicains pour la disqualifier.
Mais comme le note le site Politico, cela pourrait bien se retourner contre ces
derniers.
D’une part, parce que les séniors pourraient, dans les
Etats-clés où ils sont nombreux (Floride, Ohio), voter pour elle et la faire
gagner haut la main. D’autre part, parce que rien n’indique actuellement que
cet argument pourrait avoir un effet négatif sur l’électorat en général (69 ans
au XXI° siècle n’est pas «vieux»).
Rappelons, en outre, que l’icône de la quasi-totalité des
républicains d’aujourd’hui, est Ronald Reagan qui fut le candidat le plus vieux
à être élu président des Etats-Unis et qui prit ses fonctions à 70 ans en 1981…
Et puis, l’électorat américain est majoritairement féminin.
Les Américaines verraient sûrement d’un mauvais œil que l’on essaye de jouer
sur l’âge d’Hillary Clinton, ce qu’elles assimileraient à une façon détournée
pour les misogynes et autres antiféministes de ne pas parler ouvertement de son
sexe (comme certains racistes en 2008 parlaient de l’incompétence de Barack
Obama).
Bien évidemment, Hillary Clinton devra éviter d’être
seulement une candidate. Même si cela lui rapportera un soutien puissant
au-delà de l’électorat démocrate et même «independent», ce positionnement peut
être, in fine, un désavantage si les Américains ne la voient uniquement que
comme quelqu’un qui se définit par son sexe féminin.
Mais ce reproche ne sera sans doute pas à l’ordre du jour
quand on connaît son parcours politique et son implication forte dans la
politique américaine par ses prises de position, par ses actes et par ses
propositions.
Une des forces d’Hillary Clinton est certainement son
centrisme qu’elle a toujours affiché et revendiqué. Elle est ainsi capable de
réunir sur son nom de nombreux «independents» (électeurs qui se disent ni
démocrates, ni républicains) ainsi que nombre de républicains modérés (d’autant
plus si le Parti républicain se choisit un candidat très à droite, ce qui est
une probabilité non-négligeable).
Pour autant, Clinton qui peut être définie comme plutôt progressiste
en matière sociétale, plutôt conservatrice en matière économique et plutôt «faucon»
en matièrre de politique étrangère, sera sans doute contestée par une partie de
l’aile gauche du Parti démocrate qui l’avait déjà attaquée durement lors de la
primaire de 2008 face à Obama, l’accusant d’être trop à droite (son vote en
faveur de la guerre en Irak est un des thèmes récurrents utilisés par les
«liberals» même si elle a expliqué que si elle avait connu la réalité exacte de
la situation, l’absence d’armes de destruction massive par Saddam Hussein, elle
ne se serait pas prononcée en faveur d’une attaque militaire).
De l’autre côté, nul doute que les tenants du Tea Party
(droite extrême), mettront en avant son soutien à de nombreuses causes comme le
mariage homosexuel ou l’avortement.
Quoiqu’il en soit, et même si son taux de popularité a
baissé ces dernières semaines, Hillary Clinton demeure la favorite pour l’élection
de 2016.
Si elle parvenait à l’emporter, non seulement elle serait la
première «Madam the President» mais elle serait une présidente centriste qui se
situerait dans un prolongement de la présidence de Barack Obama sans en être,
toutefois, son héritière.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC