La France, après l’Espagne, vient d’établir un nouveau
record, très peu enviable, du nombre le plus important de chômeurs depuis des
décennies. Et la situation risque de se détériorer encore au cours de cette
année comme l’avait annoncé François Hollande en 2012.
Le président de la république espère toutefois que la courbe
du chômage s’inversera à la fin de 2013. Vœu pieux ou réalité, on le saura dans
quelques mois…
Ce que l’on sait avec certitude, en revanche, c’est que
l’absence d’Europe est une des raisons principales qui nous a mis dans cette
situation si difficile et que sans un renforcement de celle-ci, la France mais
également tous les autres nations européennes (mais oui, même l’Allemagne)
auront beaucoup de mal à s’en sortir.
Le chacun pour soi n’est plus une option, si elle l’a jamais
été.
Si les Etats-Unis peuvent faire de la relance seuls de leur
côté, c’est qu’ils sont la première puissance mondiale avec une monnaie qui est
encore aujourd’hui la devise universelle et ils en jouent comme cela a toujours
été le cas des plus forts dans les relations internationales (regardons ce que fait
également la Chine qui ferme son marché et bénéficie de l’ouverture des marchés
étrangers dont l’européen, ce qui lui permet d’avoir des taux de croissance si
élevés).
Et cela donne des résultats. Il y a moins d’Américains au
chômage, ils se créent des emplois et la croissance outre-Atlantique pour le
premier trimestre 2013 a été de 2,5%.
Et si la France s’est cassée les dents en 1981 (et a du
changer toute sa politique économique en 1983) en voulant faire de la relance
toute seule, c’est qu’elle n’est plus qu’une puissance moyenne et que sa devise
de l’époque, le franc, n’avait rien d’une monnaie forte et stable…
Mais l’Europe, elle…
En effet, rien n’empêcherait l’Europe unie, avec une
politique économique, financière et monétaire commune de prendre des mesures, à
la fois, de rigueur budgétaire indispensable dans certains domaines, de
solidarités obligatoire entre les différents pays de l’Union et de relance
essentielle de l’économie afin de créer cette croissance indispensable à la
baisse du chômage, tout en imposant son point de vue et ses intérêts au reste
de la planète, tout au moins en faisant que ceux-ci aient un réel poids.
Cette politique européenne concertée et axée sur ces trois
grands domaines est, en plus, demandée par la communauté internationale et les
grandes organisations internationales comme le FMI (Fonds monétaire
international) ou l’OCDE (Organisation de coopération et de développement
économique).
Le Centre sait cela depuis longtemps et c’est pourquoi sa
bataille pour une Europe fédérale, loin d’être béatement romantique, est fondée
sur une analyse sérieuse et responsable de la réalité économique et sociale des
pays de l’Union.
Il semble malheureusement que l’on ne prenne pas le chemin
d’un renforcement fédéral de l’Union européenne actuellement. Demain, avec une
situation encore plus détériorée, cela sera sans doute incontournable mais peut-être
trop tard…
Aujourd’hui, la grande majorité des hommes et femmes
politiques européens, dans leur grande majorité, manquent de vision et de
courage pour porter ce projet. Quant aux peuples européens, ils demeurent
focalisés sur leurs petits intérêts à court terme, ne comprenant pas que s’ils
veulent les sauvegarder à moyen et long terme et même les renforcer, cela ne
pourra que se faire qu’avec plus d’Europe.
Le grand dessein de l’Europe est le seul qui peut apporter
une réponse au chômage de masse et à une croissance anémique.
Imaginons ce qu’une Europe fédérale pourrait aujourd’hui
décider et, grâce à sa puissance, comment elle pourrait agir.
Les scénarios fictions sont actuellement la seule chose qui
nous permette d’espérer dans des lendemains meilleurs. Jusqu’à ce que ces
possibles lendemains s’évanouissent et ne reviennent pas avant longtemps ou
jamais.
A moins qu’une «bonne guerre» (qui permet, c’est vrai, de
régler la question du chômage mais à quel prix!) vienne, comme en 1939, tout
détruire, faute d’avoir su construire quand il en était encore temps.
La solution par la guerre a été, pendant longtemps, une
grande spécialité européenne. Si elle était une nouvelle fois mise en pratique,
elle signifierait la faillite totale des Européens, de tous les Européens…
Raison de plus pour agir ensemble.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC