Laminé lors de la dernière présidentielle de 2012 puis lors
des législatives qui l’ont suivie, divisé entre plusieurs petits partis qui se
font une guéguerre aussi pathétique qu’inutile, phagocyté par des ambitions
personnelles aussi démesurées que sont insignifiantes leur poids dans la vie
politique actuelle, il semble un peu provocant, voire ridicule, de se demander
si le temps du Centre va bientôt survenir.
Et pourtant…
N’oublions pas que ni la Droite avec un Nicolas Sarkozy renvoyé
sèchement par les Français, ni la Gauche, qui a héritée du pouvoir après ce
licenciement démocratique et qui s’est montrée incapable jusqu’à présent
d’inspirer la confiance nécessaire et indispensable au sursaut du pays, ne
parviennent pas, toutes les deux, à insuffler la dynamique politique pour nous
sortir de la situation plus que délicate dans laquelle nous nous trouvons
présentement.
Les extrêmes, eux, n’ont que des solutions clivantes,
hasardeuses et aventurières à proposer qui feraient dangereusement régresser le
pays et dont il aurait le plus grand mal à surmonter les conséquences
dévastatrices.
On ne parle même pas des écologistes qui ne sont même pas
capables d’être d’accord avec eux-mêmes avec des extrémistes parfois plus irresponsabes
que ceux de l’extrême-droite et de l’extrême-gauche.
Reste donc le Centre.
Depuis plusieurs années, celui-ci propose une politique
responsables de rigueur mais pas d’austérité, de libéralisation de l’économie
mais pas de néolibéralisme débridé, de réformes en profondeurs de la société et
des institutions face aux conservatismes de gauche et de droite qui ankylosent
la France, au risque de la mettre en péril, mais pas de mesures clientélistes
qui minent de plus en plus le lien social et mettent à mal le vivre bien ensemble.
De même, ses valeurs humanistes de respect, tolérance et
solidarité dans une société de liberté sont à même d’accompagner les moments
difficiles puis la renaissance du pays.
Mais se pose évidemment la question essentielle: comment le
Centre peut-il se poser en force de gouvernement vu sa faiblesse, son
morcellement, ses combats internes ridicules et ce, dans un climat
d’affrontement idéologique exacerbé par la Droite et la Gauche et leurs
extrêmes.
C’est évidemment le paradoxe du Centre français de voir que ses idées et ses positionnements
sont plébiscités par une majorité de la population mais que les partis
centristes ne parviennent pas à être une force politique majeure.
Les Français élisent donc des partis de droite ou de gauche
en souhaitant qu’ils feront une politique centriste et en espérant qu’ils
prendront (en plus, quelques mesures clientélistes afin de grappiller quelques
petits avantages…).
Mais il ne faut pas en conclure pour autant que la Droite et
la Gauche font la politique du Centre, une fois au pouvoir. Leurs partis font
une politique au centre c’est-à-dire une politique qui est un méli-mélo de tout
et n’importe quoi, un peu de mesures à gauche, un peu de mesures à droite et
des pâles copies de ce qui devrait être fait et ce qui serait fait par le
Centre. Le tout en flattant leurs électorats respectifs.
Dès lors, ce dernier doit-il, devant la gravité de la
situation, entrer au gouvernement et à n’importe quel prix?
Les partis centristes doivent demeurer extrêmement vigilants
si l’on fait appel à eux.
Si, demain, il y a une coalition entre la Gauche et le
Centre (avec François Bayrou), il faut absolument éviter que ce dernier ne soit
qu’un alibi, une sorte de cache-misère de la Gauche comme le Centre l’a été de
2007 à 2012 avec Nicolas Sarkozy.
De même, si la Droite revient au pouvoir, le Centre (avec
Jean-Louis Borloo), ne devra pas, à nouveau, n’être qu’un faire-valoir dont les
membres seront plus préoccupés de garder leurs sièges d’élus nationaux que de
défendre leurs idées.
Car si les partis centristes se décrédibilisent au pouvoir,
il ne restera plus grand-chose à part les deux fronts…
Oui, le temps du Centre n’est sans doute pas loin si nous
voulons sortir la France de cette situation intenable qui sent le soufre dans
laquelle elle se trouve et sur laquelle tous les politiciens en quête de grand
soir se penchent, tels des charognards prêts à s’emparer du pouvoir en
décomposition.
Malheureusement, les partis centristes sont encore aux
abonnés absents. Et s’ils sont les marginalisés de la vie politique, il faut
aussi qu’ils s’en prennent à eux-mêmes et arrêtent d’incriminer tout et
n’importe quoi à tout bout de champs comme le scrutin majoritaire (même si
celui-ci doit être amendé) pour s’absoudre de leur incapacité à convaincre une
majorité de Français de voter pour eux.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC