Oui mais voilà, ce n’est pas le cas.
Alors, quand tout (ou presque) va mal du point de vue des
citoyens, quand ils n’ont pas confiance dans le présent (et encore moins dans l’avenir),
ce genre d’affaires cristallisent l’ensemble des frustrations, que les causes
soient réelles ou non.
De même, lorsque les politiques n’ont que peu de résultats
concrets à offrir et qu’ils sont contestés sur leurs compétences, les voilà qui
nous parlent de ce qui leur tombe sous la main, aujourd’hui de la moralisation
de la vie politique et même de la vie tout court.
Et ils sont relayés jusqu’à l’overdose par des médias où le
superlatif est devenu le gage de l’engagement à dire tout la vérité, rien que
la vérité que, bien entendu, ils sont les seuls à délivrer honnêtement.
D’autant que pour ne pas se faire doubler par tout ce qui
circule sur la toile qui charrie tout et n’importe quoi, ils ont également
choisi d’être les premiers à reprendre n’importe quelle info au lieu de se
demander, d’abord, si elle est vraie ou, simplement, crédible.
A force de sondages dont les questions sont évidemment libellées
en vue de conforter la thèse du «tout fout le camp» et du «tous pourris», la
boucle est enfin bouclée: on vous a dit que tout allait mal et vous nous dites,
en retour, tout va mal.
Fermer le ban.
Cela fait-il une crise de régime et, sœur Anne, voyez-vous
venir une possible révolution?
Bien sûr, l’Histoire nous enseigne que le pire est toujours
possible. Les ennemis de la démocratie libérale aiment ces atmosphères sombres.
Mais elle nous dit aussi que ceux qui crient au loup sont
souvent ceux qui l’ont fait entrer dans la bergerie ou, même, les loups eux-mêmes
déguisés en bons samaritains.
La «respectabilité» de Mélenchon, c’est le PS qui lui a
donnée et la «banalisation» des thèses du Front national doit beaucoup à leur
promotion par l’UMP.
Cependant, au lieu de nous tourner vers des boucs
émissaires, si nous étions vraiment dans cette crise de régime, l’honnêteté
serait de dire que les responsables, c’est nous tous!
Nous oublions un peu vite que nous vivons en démocratie et
tous les élus de la république, oui, tous sans exception, l’ont été grâce à nos
voix.
Un président de la république ne peut nommer un premier
ministre qui nommera des ministres que parce qu’il a été élu par les Français
au suffrage universel direct.
Jérôme Cahuzac est devenu député grâce aux électeurs de sa
circonscription.
Oui, la démocratie c’est nous et cela nécessite autre chose
que de mettre de temps en temps un bulletin de vote dans une urne ou de se
plaindre par sondages interposés.
La démocratie, c’est un peuple responsable à tous les
niveaux. C’est sa beauté mais aussi son exigence.
Si les Français sont écœurés par les politiques, il faut qu’ils
le soient également par leurs comportements en la matière, par leur légèreté à
élire n’importe qui, à ne pas s’investir suffisamment dans les rouages de la
démocratie par le biais de tous les relais qui peuvent exister (partis
politiques, syndicats, associations, etc.), en faisant confiance sans se
renseigner, en n’étant pas assez mobilisés en tant que citoyens.
Cela ne veut pas dire que ceux qui sollicitent un mandat de
leur part doivent être exonérés de leurs agissements lorsque ceux-ci sont
irresponsables voire délictueux, bien au contraire.
Néanmoins, des citoyens passifs ne peuvent se plaindre d’être
abusés car ils se sont abusés eux-mêmes.
Il ne s’agit pas de faire le travail des élus à leur place.
Nous sommes dans un régime démocratique dit «représentatif» où nous donnons
mandat à ces derniers pour qu’ils consacrent tout leur temps à administrer la
société.
Non, mais nous devons sans cesse nous renseigner (sans
information pas de démocratie) et contrôler leur action (sans contrôle du
pouvoir pas de république).
C’est cela la démocratie républicaine représentative et participative
que prônent le Centre et le Centrisme.
Rappelons enfin que la démocratie n’est pas un système figé
mais qu’il évolue constamment et qu’il doit être réformé continuellement pour
être adapté aux données du présent et qu’il doit anticiper souvent les
évolutions futures.
Faire vivre la démocratie, c’est notre devoir d’hommes et de
femmes libres.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CRECJean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC