En France et aux Etats-Unis dans le débat sur le mariage
homosexuel, l’enfant n’est en fait, pour les deux camps qui s’opposent, qu’un
simple alibi dans la bataille qui fait actuellement rage sur sa légalisation ou
non.
On est loin, ici, d’une vision humaniste du Centre, celle
qui privilégie le respect et la dignité de la personne mais aussi cherche la
réforme juste.
Pour les lobbys homosexuels et la Gauche, l’objectif
principal est d’obtenir les mêmes droits pour les gays que ceux des hétérosexuels.
Pour cela, il est impératif que l’enfant soit au cœur du débat, non pas en tant
que tel mais parce qu’il est une pièce essentielle dans la reconnaissance de
droits identiques même si l’enfantement par deux personnes du même sexe est
impossible.
Dans cette optique, ce n’est pas le bien être de l’enfant, ni
même le désir d’enfant pour un couple homosexuel qui sont les arguments
essentiels mais le fait d’avoir les mêmes droits, qu’il y ait reconnaissance d’un
même statut dans une démarche égalitariste extrême sous prétexte qu’une
orientation sexuelle ne peut être discriminatoire.
Ce juridisme extrême voire extrémiste, est dans la logique
identique des batailles menées par des représentants de groupes spécifiques
pour gommer les différences, même naturelles, au nom de l’égalité. On retrouve l’argumentation
largement utilisée par les tenants de la «théorie du genre» qui affirment qu’il
n’y a pas de femme ou d’homme à la naissance mais des êtres humains qui, quels
que soient leurs caractéristiques physiques et physiologiques, doivent pouvoir
choisir entre être une femme ou un homme ou encore quelqu’un d’autre s’ils le
souhaitent, dépassant le constat de la nature pour ne s’occuper que de celui de
la culture dont la dominante serait à l’origine de cette séparation aliénante
entre deux genres, masculin et féminin.
Pour les lobbys anti-homosexuels et la Droite, même stratégie
de l’enfant alibi mais dans le sens inverse où l’enfant est alors l’argument
maître afin de refuser le mariage entre deux hommes ou deux femmes. Ce n’est
pas tant son bien être ou la loi de la nature (un enfant ne peut naître que
d’une femme et d’un homme) qu’ils défendent mais ce qui les mobilise est
l’attaque frontale qui serait faite, selon eux, à la civilisation occidentale et
qui la dévoierait si l’institution du mariage était ouverte à deux personnes du
même sexe.
Pour donner un tour émotionnel à leur combat, ils ont placé
l’intérêt de l’enfant au milieu de leur argumentation. Mais si tel était
réellement leur préoccupation principale, alors, ils proposeraient que l’on
réforme le droit du mariage en découplant celui-ci de la possibilité
automatique de demander l’adoption (et non pas de l’obtenir systématiquement
comme ils le prétendent, ce qui n’a jamais été le cas).
Oui, le mariage et la possibilité d’adoption sont
aujourd’hui couplés. Non, ce n’est pas une obligation qu’ils le demeurent et la
loi peut être modifiée en ce sens.
Dès lors, nous aurions un mariage pour tous qui n’aboutirait
pas à une possibilité d’enfants pour n’importe qui.
On ferait ainsi coup double, on reconnaîtrait les droits au
mariage des gays et le droit des enfants à demeurer des personnes et à ne pas
devenir de simples objets de pression ou de désir.
On ferait une avancée dans les droits des gays tout en en
faisant une autre dans celle des enfants en rappelant que le fameux principe de
précaution que l’on trouve dans la Constitution (et qui dans nombre de
situations semble hors de propos) s’applique en priorité à eux.
Ce qui est fondamental, ici, est qu’un couple n’est pas une
famille, c’est seulement l’union de deux personnes qui n’implique jamais qu’il
y ait, ensuite, la présence d’enfants.
Si l’on veut vraiment parler de l’union de deux personnes du
même sexe, alors mettons en place le mariage sans l’adoption.
Oui, la loi est amendable car toutes les lois sont
amendables. Oui le mariage homosexuel qui permet à deux personnes du même sexe
de célébrer leur amour et de donner une protection juridique aux deux conjoints
n’a pas comme automaticité (autre que dans la configuration juridique actuelle
qui peut être changée) qu’il y ait l’éventuelle présence d’enfants dans ce
couple.
Car les couples mariés sans enfant ne sont pas ce que l’on
appelle une famille et les couples non-mariés (de plus en plus nombreux) avec
des enfants ont bien fondé, eux, une famille.
Si seul le mariage faisait la famille dans notre XXI° siècle,
cela se saurait.
Donc, il est possible de découpler mariage et enfant, couple
et famille.
Et ce découplage est essentiel pour protéger les enfants
aujourd’hui.
Enfin, arrêtons un peu de parler du droit des adultes
d’avoir des enfants et penchons-nous sérieusement sur leurs devoirs de faire le
moins de mal et de dommages possibles aux enfants.
In fine, la montée du droit à l’enfant pour des couples gays,
infertiles ou dans d’autres situations particulières (avec l’adoption mais
aussi toutes les techniques comme la procréation médicale assistée ou les mères
porteuses) faire revivre une situation que l’on croyait disparue à jamais, la
toute puissance des adultes à décider de la vie et du statut de l’enfant selon
leur bon plaisir…
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC