Après le discours sur l’état de l’Union (SOTU, State Of The
Union address) du 12 février, les comptes-rendus et autres commentaires ont,
une nouvelle fois, cherché à savoir où se trouvait Barack Obama, à droite
(conservative), à gauche (liberal) ou au centre (centrist) de l’échiquier
politique.
Cette obsession mise par certains à «découvrir» le
positionnement politique du président des Etats-Unis alors qu’il débute son
second mandat à la Maison blanche semble assez étonnant.
Pour tenter de qualifier l’engagement politique d’Obama, la
plupart des commentateurs et des médias définissent ce centre de l’échiquier
politique comme se trouvant à équidistance des positions du Parti républicain
et de celles du Parti démocrate.
Ils font évidemment une grave erreur, ce qui aboutit à ce complet
contresens sur ce qu’est le Centre, c’est-à-dire un milieu imprécis et
indéterminable, ce fameux «marais» dont parlaient ses adversaires lors de la
Révolution française.
Car, dans leur définition étriquée, ces commentateurs et
médias américains confondent centriste et bipartisan (et induisent en erreur la
plupart des journalistes étrangers dont beaucoup ont déjà une vision biaisée du
Centre…).
Cet amalgame abusif vient d’une volonté de donner une vue
soi-disant objective du paysage politique, en l’occurrence celui es Etats-Unis
mais, au-delà, également de celui de la démocratie en général.
Dès lors, associer les termes «bipartisan» et «centriste»
revient à faire du centriste, une sorte de personnage modéré et hésitant qui ne
se positionne dans une sorte de milieu, entre deux chaises en quelque sorte.
Or rien n’est plus faux.
Un centriste se place non pas au milieu de la Droite et de
la Gauche mais dans un juste équilibre qui se définit en lui-même et non par
rapport à d’autres positionnements.
Il peut et il doit rechercher un consensus puisqu’il a comme
approche de chercher par ce juste équilibre à contenter tout le monde dans la
mesure du possible.
Mais si des partis à droite ou à gauche sont tellement
polarisés vers les extrêmes (ce qui est le cas du Parti républicain
actuellement aux Etats-Unis), il ne peut évidemment pas se rapprocher de leurs
positions sans quitter lui-même cette ligne du juste équilibre.
Par conséquent, ce n’est pas parce que la Droite ou la
Gauche accusent un centriste d’être à gauche ou à droite que cela est une réalité.
Pourtant c’est ce qui est arrivé à Barack Obama par une sorte de propagande de
dénigrement constante de l’ensemble du Parti républicain et plus
particulièrement de sa frange la plus extrême où l’on retrouve le Tea Party et
les évangélistes de droite (notons qu’une propagande, moins hargneuse, est
menée par les cercles de gauche pour présenter Obama comme un conservateur).
En réalité, Barack Obama se trouve au centre de l’échiquier
politique américain et défend des positions centristes. Il ne s’est déporté ni
vers sa droite, ni vers sa gauche.
En revanche, le Parti républicain s’est lui déporté
nettement sur sa droite alors que, dans le même temps, une majorité des membres
du Parti démocrate s’est rapprochée des thèses centristes (une grosse minorité
demeurant toujours à gauche).
Aujourd’hui, la plupart des hommes et femmes politiques
centristes se trouvent au Parti démocrate et le peu qui demeurent au Parti
républicain (nombre de républicains modérés ont décidé de quitter la politique)
sont l’objet d’une quasi-constante chasse aux sorcières de la part des
extrémistes de droite.
Bien entendu, rien n’empêche qu’un centriste soit bipartisan
et c’est même une caractéristique de nombre de propositions du Centre que de
pouvoir attirer à lui un certain nombre de voix de la Droite et de la Gauche
grâce à ce juste équilibre.
Mais rien n’empêche, non plus, que les gens de droite ou de
gauche soient bipartisans et même qu’ils le soient sans pour autant proposer de
mesures équilibrées et défendues par le Centre dans cette situation bien connue
où les extrêmes se rejoignent dans l’exagération nocive!
En outre, il est bon de rappeler que, dans son essence, et
que ce soit de par ses racines libérales ou chrétiennes, le Centre est un
progressisme car il souhaite, par la réforme continuelle, améliorer la société
et faire en sorte que celle-ci soit en phase avec son époque afin de permettre
à la personne de s’épanouir dans une communauté solidaire tout en s’appuyant
sur des valeurs et des principes humanistes.
Dès lors, chaque fois qu’une mesure proposée est
progressiste, elle n’est pas clivée politiquement comme voudraient le faire
croire les conservateurs de tous bords.
En revanche, elle va à l’encontre des conservatismes
clientélistes de la Droite (en matière sociétal particulièrement) et de la
Gauche (en matière social généralement). Néanmoins, elle se trouve souvent en
synergie avec les progressistes de droite et de gauche.
Revenons enfin à Barack Obama pour préciser que dans son
discours sur l’état de l’union, il a de nouveau plaidé pour un meilleur
gouvernement: «ce n’est pas un plus grand gouvernement dont nous avons besoin
mais d’un meilleur gouvernement qui définit ses priorités et investit dans une
croissance diversifiée».
Une profession de foi centriste, s’il en est…