Le Centre et le Centrisme intéressent les citoyens, les
partis centristes, beaucoup moins.
Si tous ceux qui sont proches des thèses du Centrisme et de
son humanisme votaient pour des partis centristes, alors le Centre devrait être
au pouvoir ainsi que les sondages le montrent.
Pourtant, force est de le constater, les formations qui se
réclament du Centre demeurent largement minoritaires dans le paysage politique.
D’où vient ce hiatus entre l’aspiration politique des
Français et leur comportement électoral?
Plusieurs raisons peuvent être avancées. Les deux principales
sont un déficit de confiance et de crédibilité ainsi qu’un manque cruel de
leaders charismatiques et fiables.
Vrai ou faux, les Français n’ont pas une grande confiance
dans les partis centristes dont ils estiment que les positions et les
programmes politiques sont peu identifiables et peuvent même varier en très peu
de temps, selon les circonstances et les alliances électorales.
Il faut dire qu’il est assez difficile d’identifier le
projet centriste pour la France alors qu’il semble beaucoup plus simple de le
faire pour ceux de la Gauche et de la Droite.
En cause, un flou artistique souvent de mise dans les
positionnements et dans les orientations des partis centristes. La dernière
élection présidentielle ne permettait pas vraiment de savoir ce que voulaient
un François Bayrou ou un Hervé Morin à part deux ou trois slogans électoraux
chocs qui n’ont jamais fait un programme, ni même une orientation
reconnaissable.
Mais même s’il y avait des projets précis, structurés et
compréhensibles, il manquerait toujours des porte-paroles charismatiques.
De ce point de vue, aucun leader centriste n’a été perçu,
ces dernières années, par une majorité de la population comme ayant la stature
pour devenir chef de l’Etat.
Comment peut-on agir sur ce hiatus?
Nous avons déjà pointé à maintes reprises la difficulté de
donner une cohésion de la galaxie centriste du fait d’une indépendance
ontologique des différents courants.
Il n’est pas anodin que pour tenter de se fédérer, le
centre-droit ait choisi la structure confédérale avec l’UDI.
La cohésion du Mouvement démocrate tant voulue par François
Bayrou (et qui a été à la base de la transformation de l’UDF en 2007) n’a
jamais existé, on le voit aujourd’hui où la formation est tiraillée entre ceux
qui penchent vers la Droite et ceux qui penchent vers la Gauche.
Pour autant, il peut y avoir un programme commun de
gouvernement réunissant les différents courants centristes. Et c’est là que
l’on peut faire correspondre l’attente des Français proches des thèses
centristes et leurs votes en faveur de formations du Centre. C’est là également
que l’ensemble des centristes pourront partir unis lors des différentes
élections, notamment les législatives.
Ensuite, il sera temps de trouver le ou la porte-parole qui
représentera le Centre à la présidentielle (ce qui pourra passer par une
primaire). Car, a contrario de ce que pensent François Bayrou et Jean-Louis Borloo,
l’unité des centristes ne passe pas obligatoirement par la stature de
commandeur d’un chef incontesté et incontestable comme c’est le cas à Droite
mais, d’abord, par un projet politique.
Sans cette façon de procéder, il est fort possible que les
centristes demeurent éparpillés et sans crédibilité alors même que le message
du Centrisme est celui qui est, non seulement, nécessaire au pays mais celui
que souhaitent les électeurs.