Le 26 janvier dernier, sur ses terres, à Neuilly-sur-Seine,
Jean-Christophe Fromantin, député-maire de la ville mais aussi vice-président
de l’UDI a animé la première convention territoriale sur les quatre prévues
(trois autres auront lieu à Cholet, Mazamet et Metz) concernant le projet
politique de l’UDI dont il a la charge.
Celle-ci était ouverte à tous ceux qui avaient quelque chose
à dire et des propositions à faire dans les cinq domaines suivants:
«développement compétitif et durable», «solidarités actives», «des territoires
de confiance et de croissance», «vivre ensemble» et «dans l’Europe et vers le monde».
On ne sera pas étonné que la salle s’est prononcée, entre
autres, pour moins de taxes et d’impôts, pour une Europe fédérale, pour une
plus grande liberté d’entreprendre ainsi que pour la refondation d’un lien
social.
Toutes les idées mises sur la tale et les mesures proposées
seront collectées pour être analysées, sachant, comme dans tout parti
politique, que la rédaction du projet reviendra aux instances dirigeantes et
que les militants se prononceront ensuite sur un texte final.
Ce dernier devrait, théoriquement, refléter la diversité de
l’UDI et des nombreux partis qui la composent.
Ce brainstorming matinal baptisé «Un nouveau cap» (en
référence également au site internet www.unnouveaucap.com
qui vient d’être lancé, réceptacle de toutes les bonnes idées d’où qu’elles
viennent) qui a réuni quatre cents personnes, divisés en petits groupes, a été
clos par des interventions du maire de Neuilly et de Jean-Louis Borloo, le
président de l’UDI.
Il était, dès lors, intéressant de leur poser la question
sur la cohérence du prochain projet alors que l’on sait que l’UDI est divisée
sur plusieurs points en particulier sur le mariage gay, Jean-Louis Borloo étant
plutôt «pro» tandis que Jean-Christophe Fromantin était en pointe lors de la
dernière grande manifestation parisienne contre celui-ci.
Pour les deux hommes, ce désaccord ne remet pas en question
l’élaboration d’un programme commun à tous les membres et toutes les
composantes de l’UDI. D’autant, ajoutent-ils, que dans les autres partis, les
positions sont loin d’être unanimes non plus.
Un programme que Jean-Christophe Fromantin voit à partir
d’une reconquête des territoires et de leur capacité à innover (son parti
politique s’appelle «Territoires en mouvement») et non de manière centralisée.
Quant à Jean-Louis Borloo, il exhorte à attendre le document
final pour en juger de la profondeur et de la cohérence, sans faire de procès
d’intention a priori. Mais il affirme, qu’une fois adopté, il sera le programme
de tous les partis qui constituent l’UDI, de tous ses dirigeants.
Tous deux sont conscients que l’UDI a une grande chance de
se construire et de se définir sans se presser puisque l’année 2013 – sauf
imprévus – ne comporte aucune élection générale.
D’autant que sa forme confédérale actuelle n’est pas la plus
simple pour écrire un texte commun de cette importance.
Suite aux propos de Jean-Jacques Jégou dans le Figaro qui
déclarait que l’alliance «naturelle» entre l’UDI et l’UMP n’était pas
obligatoirement «automatique», Jean-Louis Borloo les a décryptés en expliquant
que cela signifiait, non pas que l’UDI pouvait aller chercher des alliances du
côté de la gauche et du Parti socialiste mais qu’en cas de désaccord, notamment
dans les élections locales, l’UDI pouvait se présenter contre l’UMP.
Autres déclarations intéressantes sur l’inévitable
concurrence qu’ont déjà commencé à se faire l’UDI et l’UMP.
Pour Jean-Louis Borloo, prendre à terme le leadership de la
Droite ne sera pas affaiblir ou prendre des voix et des militants à l’UMP, la
sphère politique où s’est positionnée l’UDI est suffisante pour y parvenir.
Jean-Christophe Fromantin estime, quant à lui, que l’UDI
devienne le premier parti de Droite n’est pas la priorité. Il préfère que celle-ci
soit le moteur d’une coalition avec l’UMP au niveau des idées, des propositions
et d’une dynamique.
Plus, il estime que les structures décentralisées telles que
l’UDI sont plus à même d’être réactives et pionnières que celles qui sont
centralisées comme l’UMP.
Une différence de perception avec Jean-Louis Borloo qui
souhaite, de son côté, que la formation de centre-droit se centralise de plus
en plus et se dote d’un leader incontesté, comme il l’avait dit du haut de la
tribune de la Mutualité à Paris à l’automne dernier lors de son congrès
constitutif.
Quant à l’unité de l’UDI, les deux hommes ont la volonté de
travailler ensemble même si cela n’empêche pas un désir de ne pas se voir
brider et de pouvoir garder sa liberté de parole, dixit Jean-Christophe
Fromantin qui rappelle qu’il a toujours été élu en indépendant, sans le
concours d’aucune force politique.
Et c’est bien là que l’avenir de l’UDI se joue, dans cette
possibilité de vivre ensemble sans pourtant toujours parler d’une même voix. Un
challenge que connaissent bien tous les partis centristes et qu’a bien connu
l’UDF première mouture (le modèle actuel de l’UDI) avant de devenir un parti
centralisé sous François Bayrou.
Le programme de l’UDI sera donc une première indication
forte sur cette capacité qu’aura la formation de centre-droit d’exister dans la
durée.
Mais ce ne sera réellement qu’après les élections
municipales puis européennes en 2014 que l’on aura l’indication essentielle sur
le sujet.
De bons scores seront le gage d’un avenir. En revanche, en
cas de mauvais résultats…
Alexandre Vatimbella