Depuis que l’UDI et le Mouvement démocrate se sont alliés
dans l’Alternative, la consolidation de cette dernière est à l’ordre du jour en
vue des municipales et des européennes.
Comme on pouvait le supposer, la réunion des centristes est
plus facile à décréter dans les états-majors parisiens qu’à faire sur le
terrain.
De même, il reste beaucoup à faire afin de convaincre les
électeurs même si une majorité de Français approuvent la création de cette «organisation
coopérative» selon les termes même du contrat établi entre Jean-Louis Borloo et
François Bayrou.
L’établissement des listes communes pour les municipales
ainsi que les alliances dès le premier tour occupent largement les leaders de l’Alternative.
Au-delà de la candidature de François Bayrou à Pau, où il
est probable malgré la ferme opposition de l’UMP locale ainsi que de
Jean-François Copé, que le président du MoDem soit investi in fine par la
Droite et le Centre (il a reçu le soutien d’Alain Juppé et de François Fillon,
notamment), les cas difficiles sont nombreux.
Il y a bien sûr les grandes villes comme Paris (où le
Mouvement démocrate avec Marielle de Sarnez a tenté de court-circuiter l’UDI en
pleine bagarre interne en s’alliant directement avec l’UMP Nathalie Koscuisko-Morizet
pour de meilleures places), Marseille (où l’UDI soutien le maire sortant, Jean-Claude
Gaudin, alors que le Mouvement démocrate s’y refuse) et Lyon mais aussi toutes
ces villes où les alliances de l’UDI ne sont pas les mêmes que celles du
Mouvement démocrate comme à Dijon, à Chartres ou à Auxerre, entre autres.
Bien sûr, avant le dépôt des listes, il y aura des
négociations et des accords mais il semble assuré que les exceptions seront
encore nombreuses.
Il restera ensuite à constituer les listes communes aux européennes
en servant tout le monde sans faire trop de déçus aigris…
Mais les discussions entre UDI et Mouvement démocrate pour
les municipales ne sont que le premier niveau d’un plus vaste marchandage avec
l’UMP.
Là aussi, l’Alternative va devoir affirmer son existence
alors que les discussions concernent plus en ce moment l’UDI et l’UMP avec, d’ailleurs,
de nombreuses pierres d’achoppement comme à Strasbourg, à Nîmes ou à Rouen, etc.
Outre les municipales et les européennes, l’Alternative doit
exister médiatiquement.
C’est dans ce sens qu’il faut décrypter l’annonce qu’une
proposition de loi sera faite chaque mois dans un domaine différent.
Sans oublier la sortie de la naphtaline du fameux
contre-gouvernement mis sur pied par Jean-Louis Borloo voici plusieurs mois sur
le modèle du «shadow cabinet» britannique et de l’initiative prise voici
quelques années par… François Bayrou et qui avait fait un flop.
Ce contre-gouvernement a ouvert ses portes et ses places au
Mouvement démocrate en tenant une réunion sur la fiscalité fin novembre où l’on
a plaidé pour un «Grenelle de la dépense publique»…
Il en faudra sans doute plus pour faire exister cet
organisme, d’autant que celui-ci, dans l’optique d’une alternance et de l’alliance
«naturelle» UDI-UMP, devrait avoir des membres de cette dernière formation
politique pour être vraiment crédible.
Reste que les partis centristes veulent affirmer leur
spécificité, ce qui est une bonne chose, bien entendu, ce qui ne serait plus le
cas dans le cadre d’un shadow cabinet dominé «naturellement» par l’UMP.
Car la grande difficulté de l’Alternative et qui était déjà
celle de l’UDI va être d’affirmer sa personnalité et son existence même ainsi
que de ne pas apparaître que comme un supplétif de l’UMP, alors même qu’elle s’est
déjà rangée aux côtés de cette dernière électoralement parlant et qu’elle n’est
pas la formation dominante.
C'est sûrement dans le mouvement qu'elle trouvera sa raison d'exister, mouvement qui pourrait, paradoxalement ouvrir des brèches dans cette entente pour l'instant a minima.
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC