Dans cette rubrique, nous publions les points de vue
de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC.
Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la
pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste
proche des idées centristes et qui collaborera épisodiquement à cette rubrique.
Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.
Pour tous ceux qui étaient à la Maison qui n’a de Chimie que
le nom pour la conférence de presse Borloo-Bayrou qui a lancé officiellement
l’Alternative (que nous préfèrerons à «UDI-MoDem: le Centre, l’Alternative»!),
il a été patent que l’alchimie «borloéenne» n’a, une nouvelle fois, pas prise.
Non seulement celui-ci a été hésitant et verbeux mais, plus
grave, si l’on devait parler de dominant-dominé dans le nouveau couple
politicien, Bayrou a été le premier nommé et Borloo le deuxième.
Qu’est-ce qui fait que Jean-Louis Borloo lorsqu’il semble
sur le point de remporter un triomphe incontestable est incapable de garder la
main et apparaît presque comme un looser contesté ce qui fait la joie des
manieurs de bons mots dans les rédactions parisiennes?
Car ce n’est pas la première fois qu’il est dépassé par les
événements qui pourtant lui sont favorables.
Rappelons-nous comment il s’est lamentablement fracassé
alors que le poste de premier ministre de Nicolas Sarkozy lui tendait les bras,
lui qui avait patiemment tissé sa toile pour l’obtenir, incapable de faire face
aux attaques perfides de ses adversaires.
Rappelons-nous encore la création même de l’UDI où il a
réussi à fédérer la plupart des petites chapelles centristes qui venaient de se
prendre deux terribles vestes à la présidentielle puis aux législatives et qui
n’avaient d’autre choix que de se mettre en rang derrière Borloo.
Et pourtant, un an après ce succès, il a été incapable de
créer un vrai parti centralisé comme il le souhaitait et les chapelles
demeurent toujours aussi vivantes et vivaces, fragilisant constamment son
leadership.
Même ses menaces de démissionner ou ses lettres
comminatoires à ses «alliés» s’il n’était pas reconnu à sa juste valeur n’ont
donné aucun résultat tangible.
Et puis, quand la crise a éclaté à l’UMP entre Copé et
Fillon, il a été incapable d’en tirer partie et de renforcer l’UDI ce qui
semblait pourtant une évidence à tous les observateurs.
Sans oublier la litanie des petits échecs dont nous ne
rappellerons que les récents avec la création d’un «contre-gouvernement» qui a
été un flop, ses propositions pour sortir la France des difficultés, nouveau
flop, ses appels à un nouveau gouvernement voire à de nouvelles élections,
encore et toujours un flop alors même qu’un espace politico-médiatique lui
était grand ouvert avec les échecs du gouvernement et les errements de l’UMP.
Ceux qui pensent qui n’a pas la stature – et qui sont plus
nombreux dans son camp que parmi ses opposants politiques, n’est-ce pas
monsieur Morin! – ont du être ravi de cette conférence de presse où Bayrou a
accaparé la parole pour se vendre et justifier à son avantage son ralliement à
Borloo alors que l’on s’attendait à l’inverse.
A une question d’un confrère, il n’a même pas été capable d’affirmer
sans hésitation que l’Alternative était au centre-droit, ce qui pourtant était
une condition sine qua non pour une union avec Bayrou (qui lui a affirmé que ce
n’était pas la réalité, agressant même verbalement un journaliste de France 2,
et qui buvait du petit lait!) et alors même que tous les autres leaders de
l’UDI ont répété en litanie ces derniers jours que c’était le cas, saluant même
le retour du président du MoDem dans le giron de cette nébuleuse politique!
Quand François Bayrou parlait, il acquiesçait de la tête
comme celui qui est d’accord avec le chef.
On a eu alors en tête toute la campagne de communication de
Bayrou ces dernières semaines pour accélérer le mouvement de réunion des partis
centristes et en apparaître, non pas comme le grand perdant, mais comment le
vrai gagnant.
Et on s’est aussi souvenu de Borloo appuyant avec force sur
la pédale de frein pour éviter de se faire «manger» médiatiquement par son
nouveau compagnon.
Notons, tout de même, que cette impression négative a été
légèrement estompée lors du 20 heures de TF1 où les deux hommes étaient invités
pour parler de leur union.
On sentait Borloo plus agressif, plus mordant qui a du se
rendre compte de ce qui s’était passé quelques heures auparavant à la Maison de
la Chimie.
Un peu tard?
Jean-François Borrou