samedi 2 novembre 2013

L’Humeur du Centriste. UDI: un Bayrou de gagné pour un Fromantin de perdu?!

La division semble être définitivement dans les gènes des centristes.
Ainsi, alors que le Mouvement démocrate et l’UDI vont célébrer leur mariage de raison, les amoureux déçus laissent tomber les deux futurs époux et n’ont pas de mots assez durs sur cette union.
Le seul conseiller municipal MoDem de Paris vient ainsi de décider de rejoindre les listes de la socialiste Anne Hidalgo tandis qu’à l’UDI, un poids lourd est entré en rébellion sans vouloir, pour l’instant, quitter le navire.
Ce poids lourd n’est autre que le député-maire de Neuilly-sur-Seine, Jean-Christophe Fromantin qui, de plus, est en charge du projet politique du parti de Jean-Louis Borloo!
Dans un entretien d’une clarté absolue au Figaro magazine, il déclare tout son mépris pour François Bayrou mais également pour Jean-Louis Borloo qu’il voit plutôt dans un cimetière des éléphants politiciens et dont «Les valeurs verbeuses et vides de sens mis en avant dans leur charte ne sont qu’un cache-misère qui trahit une manœuvre politicienne plutôt qu’un véritable projet d’alternance» ajoutant «Je ne suis pas intéressé par un regroupement d’ennemis d’hier… et de demain».
La charge est rude.
Par ailleurs, à propos du président du Mouvement démocrate, il explique qu’il n’a «ni envie de le voir ni envie de le connaître et que l’on a «le devoir de ne pas laisser le débat préempté par des gens pour qui l’élection présidentielle est un aboutissement personnel». Bigre.
La question est de savoir si les deux hommes vont pouvoir cohabiter dans la même structure politique mais aussi si l’arrivée de Bayrou en vaut vraiment la peine pour une UDI qui semble aussi divisée que le Mouvement démocrate sur cette réunion centriste à la va-vite.
Une UDI qui a, d’autre part, bien du mal à être unie avant d’accueillir le Mouvement démocrate, une aubaine, bien entendu, pour François Bayrou.
Car, outre les propos dissonants du maire de Neuilly, Hervé Morin a redit que si son parti, le Nouveau Centre, était partie prenante de l’UDI, il ne comptait absolument pas se dissoudre dans une entité commune comme le souhaite ardemment Jean-Louis Borloo.
Quant à ce dernier, il est toujours aussi critiqué pour son manque de courage politique par ses «amis» du Centre.
De prime abord, si l’on fait un comparatif entre Fromantin et Bayrou, force est de reconnaître que la dynamique semble plutôt être du côté du premier nommé.
D’un côté un homme jeune qui est député-maire d’une ville emblématique en ayant conquis ces mandats de haute lutte face à la machine sarkoziste.
De l’autre, un homme dont la carrière politique est déjà très longue et qui vient de subir de nombreux revers, n’ayant plus aucun mandat électif et président d’un parti en lambeaux.
On pourrait simplifier en disant que l’avenir de Fromatin est devant lui, celui de Bayrou est derrière lui.
Mais tout n’est pas aussi simple.
Fromantin est, tout autant que Bayrou, un franc-tireur qui croît en sa bonne étoile et son destin aux hautes fonctions de la république.
Ils ne sont à l’aise que là où ils dirigent et maîtrisent leur destin.
A l’intérieur de l’UDI, Fromantin n’a donc pas beaucoup d’alliés et de soutien des autres leaders (il est un des vice-présidents du parti, rappelons-le).
Et son positionnement politique centriste atypique pose problème depuis longtemps.
S’il se déclare démocrate-chrétien, il fait plus parti de sa frange droite, voire très à droite, proche d’une Christine Boutin (il était sur les mêmes positions ultras lors des manifestations contre le mariage pour tous) alors que si Bayrou est également de la mouvance démocrate-chrétienne, il est beaucoup plus proche de la tendance Jacques Delors.
Par ailleurs, Bayrou est une prise emblématique et médiatique pour Borloo (si ce n’est pas le contraire qui se passe!) alors que Fromantin ne fait pas (encore) les gros titres de la presse.
Sans oublier que dans les sondages, Bayrou demeure un des hommes politiques à la cote la plus haute (ou la moins basse, au choix….).
Quoi qu’il en soit, les propos du député-maire de Neuilly-sur-Seine font un peu tâche et ajoute à une certaine cacophonie qui préside aux «retrouvailles» des centristes.
Certains expliqueront que l’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs et ils auront raison.
D’’autres ajouteront qu’on ne peut bâtir une maison commune si nombre de ses locataires déménagent avant même leur installation et ils auront également raison.
C’est l’avenir avec ses échéances électorales qui devrait les départager définitivement.
Centristement vôtre,


Le Centriste