Depuis des années, face à la montée du Front national, les
partis politiques républicains ont développé toute une distinction entre ceux
qui votent pour les extrêmes et les formations extrémistes.
Ils nous expliquent ainsi qu’il y aurait des gentils
Français, troublés et désorientés par notre monde actuel et ses difficultés
quotidiennes, qui votent pour un parti infréquentable qui pose les bonnes
questions et donnent les mauvaises réponses.
D’un côté, le «bon» électeur, pauvre brebis égarée du
troupeau, de l’autre le «méchant» parti extrémiste, prédateur prêt à engloutir
sa proie.
Cette dualité permet de ne pas offenser ce «bon» électeur
qui pourrait, un jour après s’être rendu compte d’avoir pris le mauvais chemin,
revenir voter pour les «bons» partis.
En revanche, évidemment, rien de bon à attendre des ces
partis extrémistes.
Que voilà une distinction des plus invraisemblables.
Comme si le vote pour les extrémismes de droite et de gauche
n’avait en fait aucune raison détestable, pire, aucune conséquence dommageable
alors que ces partis ne peuvent espérer prendre le pouvoir que s’ils bénéficient
d’un soutien populaire comme ce fut le cas en Italie, en Allemagne et en
Espagne pendant l’entre-deux guerres (seuls les coups d’Etat militaires
s’affranchissent de tout soutien populaire, et encore).
Dès lors, voter pour un parti extrémiste est un phénomène
explicable, il n’est pas excusable et ceux qui mettent un bulletin dans l’urne
pour un tel parti doivent être mis dans le même sac que ceux pour qui ils
votent.
Cela ne veut pas dire que l’on soit marqué à vie du sceau
d’une quelconque infamie mais que l’on est responsable de son choix au moment
où l’on vote (sinon on n’est pas en démocratie ou que la démocratie n’est pas
un système acceptable) et que l’on doit l’assumer dans toutes ses dimensions.
Bien entendu, on peut changer, comprendre la gravité de son
erreur, se rendre compte de son erreur et ne plus voter pour des partis
extrémistes.
Mais tant que l’on perdure dans cette attitude, celle-ci
n’est pas excusable.
Banaliser le vote pour les partis extrémistes est une erreur
que nous avons failli payer cher lorsqu’il s’est agi du Parti communiste au
moment où celui-ci était puissant, de la Libération au début des années 1970.
L’addition risque un jour d’être particulièrement salée en
ce qui concerne le Front national.
Mais ce n’est sans doute pas le «bon» «électeur qui en
paiera la part la plus élevée.
D’autant que, comme d’habitude, il se déclarera
irresponsable tout comme ceux qui l’auront excusé pendant toutes ces années.
Centristement vôtre,
Le Centriste