Jean-Luc Bennahmias aurait-il enfin trouvé son combat
emblématique? En tout cas, il donne de la voix constamment pour se faire le
porte-parole de l’aile «gauche» du Mouvement démocrate en demandant que s’il y
a rapprochement de son parti avec l’UDI (ce qu’il ne souhaite vraiment pas), l’identité,
le positionnement et les alliances de celui-ci soient totalement respectés ce
qui, évidemment, ne permettrait pas, in fine une réunion des centres.
Mais le député européen venu des Verts est loin d’être le
seul à l’intérieur du Mouvement démocrate à critiquer ouvertement un
rapprochement avec l’UDI.
Exemple de ces critiques avec l’interview dans le quotidien
Sud Ouest d’un conseiller régional MoDem: «Mon engagement date de 2005, le jour
où l’UDF rompt avec l’alliance automatique à droite. J’étais très loin du
centre hémiplégique d’avant, qui ne regardait que d’un côté. Voir le retour de
telles alliances ne m’intéresse pas. Je ne veux pas faire partie de ce
rapprochement et je n’en ferai pas partie».
Ou encore cette tribune de militants de Le Monde: «Nous
n'acceptons pas la danse nuptiale à laquelle se livrent, à huis clos et sans
aucune consultation des militants, notre chef et M. Borloo en vue de listes
communes aux élections européennes. Cette alliance nous inquiète, dans la perspective
des élections municipales et à plus long terme, car elle brouille notre message
et compromet notre indépendance chèrement acquise. Si ce mariage était
effectivement consommé, c'est donc que Bayrou renouerait avec sa culture
d'origine : obnubilé par un destin présidentiel, il espérerait ainsi à terme
être le candidat de droite en tête devant l'UMP et le FN».
La révolte gronde donc dans les provinces avec cet argument essentiel
que le marqueur principal de la création du Mouvement démocrate et l’adhésion
de tous ceux qui sont aujourd’hui des opposants farouches à une réunion des partis
centristes est que, justement, la formation de François Bayrou avait tourné au
positionnement au centre-droit et à l’alliance automatique et forcée avec la
Droite.
En fait, l’alliance MoDem-UDI détruirait ce qui fait la
spécificité du premier nommé, c’est-à-dire le fameux «ni-ni» (ni droite, ni
gauche) qui a séduit nombre de militants lors de sa création en 2007, ces
derniers étant la seule richesse du parti depuis lors.
Du coup, le dilemme de François Bayrou est entre sacrifier
cette force militante et des élus ainsi que, surtout, la possibilité de retrouver
une voix (et une voie) qui porte(nt) politiquement.
En somme, le président du Mouvement démocrate rejoue le
sempiternel dilemme politique entre les idéaux affichés et l’ambition
personnelle.
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC