Pour certains, les centristes ne sont que des opportunistes
qui penchent à droite et à gauche allant dans le sens du vent du succès comme
des girouettes politiques, plus intéressés par les postes que par les idées.
Mais il y a une autre version de cette balance droite-gauche
que vient de nous rappeler Nick Clegg, le leader des libéraux-démocrates
britanniques.
Evoquant les prochaines législatives de 2015, celui-ci a
dit, sans ambages, que son parti centriste était prêt à travailler avec les
Travaillistes si ceux-ci remportaient les élections ou… de continuer à
travailler avec les Conservateurs au cas où ces derniers seraient les
vainqueurs du scrutin.
Pour justifier ce positionnement, il a déclaré que
l’important pour les libéraux-démocrates était d’avoir une vraie capacité
d’infléchissement des politiques des deux grands partis en les teintant
fortement d’une coloration centriste.
Ainsi, il estime plus important de se trouver au
gouvernement en agissant plutôt que dans l’opposition en critiquant, sachant,
a-t-il ajouté, que les «lib-dems» n’étaient évidemment pas majoritaires
actuellement dans le pays et qu’ils devaient s’adapter à cette réalité.
On peut extrapoler cette problématique en France, par
exemple, où les centristes ne sont pas, non plus, dominants et qu’ils peuvent
également jouer un rôle de balance et de modération mais aussi avancer une
partie de leur programme en participant à un gouvernement qu’il soit de droite
ou de gauche.
Ce pragmatisme se heurte évidemment à la réalité électorale
où, par exemple, en France, le PS et l’UMP n’ont pas forcément besoin des
centristes pour gouverner.
Mais c’est également le cas en Grande Bretagne où soit les
Conservateurs, soit les Travaillistes sont souvent majoritaires à eux seuls.
Et l’on pourrait multiplier les exemples dans les pays
dominés par la bipolarisation et où existe néanmoins une ou des formations
centristes plus ou moins puissantes.
Néanmoins, sans même être un apport indispensable pour
obtenir une majorité, ce jeu de pivot peut être une bonne chose pour un pays
afin d’éviter un gouvernement monolithique très clivé idéologiquement surtout
dans un monde où rien n’est totalement blanc ou noir.
Pour autant, il n’est pas sûr que cela soit une stratégie
gagnante auprès des électeurs.
Nick Clegg a ainsi été beaucoup critiqué par sa base pour
avoir fait une alliance avec les Conservateurs alors que celle-ci était, sur
bien des points, plus proche des Travaillistes.
Et la présence dans un gouvernement qui a pris des mesures
draconiennes face à la crise, parfois très à droite, a eu comme conséquence des
Berezinas électorales pour les Libéraux-démocrates ces dernières années.
Sauf que, même affaiblis, ceux-ci pourraient être encore des
faiseurs de roi en 2015.
En tout cas, ce Centre-pivot – et non opportuniste – est à
considérer comme moyen de «centriser» des politiques bien trop clivées
idéologiquement.