A défaut de séduire les électeurs, Monsieur Bayrou se
présente comme le sauveur des Français, de vous et de moi, bien que ceux-ci ne
semblent guère en demande de messie…
Car, pour caractériser un sauveur, c’est bien du sacrifice
de sa personne à son peuple (dans la tradition chrétienne chère au président du
Mouvement démocrate) qu’il s’agit.
Vous pensez sans doute que j’exagère, que je suis de
mauvaise foi, que je raconte n’importe quoi.
Pas du tout, dans le Journal du Dimanche, François le
sauveur affirme que ses défaites électorales ont été un «sacrifice pour les
Français».
Ce n’est pas rien un tel sacrifice.
Celui-ci lui permet en outre de ne plus être «un homme
politique comme les autres» (touché sans doute par la grâce) et ce qui prouve,
affirme-t-il, «que je suis désintéressé» (signifiant sans doute qu’il a fait
exprès de perdre, ce que les observateurs attentifs de la vie politique
n’avaient pas vraiment remarqué…).
Dans une autre interview, donnée à France Inter, sur la
montée du Front national, François le rassembleur, chantre de l’union nationale
(mais incapable d’unir tous les centristes), affirme comprendre les électeurs
qui, comme les brebis, s’égarent en votant pour la formation d’extrême-droite.
Et le voilà fustigeant les marchands du temple, pardon, les
hommes politiques qui multiplient «les promesses politiques alors qu’ils les
savent intenables».
«Ils racontent des histoires pour avoir des voix,
poursuit-il (en s’excluant évidemment du lot), ajoutant que «cette culture de
l'escroquerie civique s'est répandue dans le monde politique depuis quinze ou
vingt ans».
Un prêche que ne désavoueraient pas certains tribuns
populistes.
Ici, je ne voudrais pas contredire notre futur sauveur
rassembleur mais juste lui rappeler que les promesses politiques existent
depuis que le monde est monde et que, depuis cette date qui est relativement
plus ancienne qu’une vingtaine d’années, nombre d’entre elles ont toujours été
du pipeau.
Evidemment, je reste humble dans ma mise au point, ne tenant
pas à me mesurer à celui qui vient d’écrire un livre intitulé «De la vérité en
politique», sachant que seul un être suprême connaît la vérité, la seule, la
vraie.
Allons, c’est vrai que d’avoir eu moins de 10% des électeurs
français qui aient voté pour vous lors de la présidentielle 2012 et, pire, que vos
ouailles pyrénéennes ne vous aient pas réinstallé au Palais Bourbon lors des
législatives qui ont suivi, sans parler de tous vos amis politiques qui vous
ont quitté ces dernières années, prouvent bien que, comme le dit l’expression
populaire paraphrasant une sentence messianique, nul n’est prophète dans son
propre pays.
Et que celui qui n’a jamais fauté, me lance la première
pierre…
Centristement vôtre.
Le Centriste