On connait la fascination qu’exerce Barack Obama auprès de
la classe politique française (mais également de beaucoup d’autres à travers le
monde) et de l’admiration qu’il suscite notamment pour ses stratégies
électorales et ses méthodes de gouvernement ainsi que pour son charisme.
De Nicolas Sarkozy à Ségolène Royal en passant par
Jean-Louis Borloo ou Manuel Valls, le président des Etats-Unis à de nombreux
fans chez les responsables politiques du pays.
Sans oublier François Hollande.
Celui-ci s’était déjà inspiré de la campagne «grass-roots»
d’Obama pour se faire élire (s’appuyant, entre autres, sur une étude réalisée
par un think tank proche de lui, Terra Nova, après la victoire de l’Américain
en 2007). Et, une nouvelle fois, on a pu apprécier des proximités lors de la
dernière conférence de presse du chef de l’Etat français, la semaine dernière.
Bien sûr, rien d’a priori anormal puisqu’Obama est membre du
Parti démocrate, un parti de centre-gauche et François Hollande du Parti
socialiste, un parti de gauche modéré.
Cependant, comme nous le disons ici depuis la campagne de
2007, Barack Obama est un centriste qui se trouve à la droite du Parti
démocrate et qui le revendique. C’est un peu plus compliqué pour François
Hollande qui a du mal à assumer son socialisme libéral…
Toujours est-il que les deux hommes sont des pragmatiques
qui veulent travailler sur du concret et sous les auspices du principe de
réalité.
Tous deux sont traités de dangereux gauchistes par la droite
extrême et d’hommes de droite par la gauche extrême.
Pour autant, Hollande n’est pas un centriste.
Qu’est-ce qui distingue les deux hommes? Une grande volonté
de consensus et la recherche systématique du compromis chez Obama qui n’existent
pas ou peu chez Hollande.
La loi sur l’assurance santé et la loi sur le mariage pou
tous -- deux réformes emblématiques des présidences des deux hommes -- en sont
deux bons exemples.
Mais alors que François Hollande n’a cherché aucun
consensus, ni compromis avec la Droite et le Centre, Barack Obama a tenté, en
vain, d’élaborer une loi en concertation avec les républicains, ce qui
d’ailleurs lui a été vivement reproché par l’aile gauche du Parti démocrate.
De même, Barack Obama réitère depuis toujours sa volonté de
travailler avec tout le monde sans aucune condition de ralliement. François
Hollande, lui, veut bien travailler avec tous ceux qui se rallieront à lui…
Ces différences notables, toutefois, ne doivent pas masquer
les similitudes. Et quoi qu’on pense de François Hollande et du Parti
socialiste, tout modéré, tout centriste, même s’ils ne sont pas d’accord avec
le programme et l’action actuelle du gouvernement, doivent s’en féliciter.
D’autant que, dans le même temps, une bonne partie de l’UMP,
dont son président Jean-François Copé, développe une fascination dangereuse
pour l’action des ultras du Parti républicain qui ont instauré une guerre
idéologique dure, voire haineuse, aux Etats-Unis pour combattre le centrisme
d’Obama.
Car pour le Centre, le débat politique entre des visions
différentes, voire opposées, doit toujours se tenir dans la dignité, le respect
de l’autre et le refus de la démagogie et du populisme.
La stratégie de la tension, de la division et de la
diabolisation des partis démocratiques est un bien mauvais signal envoyé aux
électeurs, notamment quand le pays compte des formations extrémistes qui
n’attendent qu’une détérioration du climat politique pour avancer leurs pions.
Enfin, reste une différence entre les présidents français et
américain dont François Hollande se serait bien passé.
Au bout de cinq ans de présidence, la cote de popularité
d’Obama est à 53% tandis que celle du président français, au bout d’un an de
pouvoir, est de 24%! Mais, comme le dirait Bill Clinton, «c’est l’économie,
stupide!» (croissance autour de 3% aux Etats-Unis, récession autour de -0,2% en
France) avec, sans doute, un peu de charisme en plus outre-Atlantique…
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC