Alors que l’on fête ce 6 mai les un an de sa présence à l’Elysée,
François Hollande cumule bien des handicaps. Un de ceux-ci, paradoxalement,
pourrait être en réalité une qualité. Détesté sur droite et sur sa gauche, il est,
de ce point de vue, dans une situation bien connue des… centristes!
D’ailleurs, n’est-il pas supporté par l’un d’eux, François
Bayrou qui, s’il n’a pas encore franchi le rubicond, y pense un peu plus chaque
jour.
Voyons cela d’un peu plus près.
Il est évident que François Hollande n’est pas proche de
l’extrême-gauche façon Besancenot, de la gauche extrême façon Laurent ou de la
gauche radicale façon Mélenchon ni même de la gauche du Parti socialiste façon
Hamon. Il est sans aucun doute plus proche de la social-démocratie adepte d’un
réformisme tempéré où l’on retrouve également Le Foll, Valls ou encore Sapin.
Mais est-il un social-démocrate épanoui ou honteux?
En France, il est très dangereux pour un homme de gauche de
faire son coming out en se déclarant social-démocrate adepte de la réforme et
non de la révolution au risque d’être diabolisé par les «gens de gauche» qui
manient si bien la rhétorique révolutionnaire propre aux procès en sociale
traîtrise…
C’est sans doute pourquoi François Hollande donne souvent
des gages à la gauche du PS pour démontrer que, non, il n’est pas ce méchant
social-démocrate qui aurait enfin compris comme en leur temps Michel Rocard ou
Jacques Delors (aux destins politiques plus tragiques du fait même de leur
social-démocratie assumée) que l’on doit agir sur la réalité avec
responsabilité et non inventer un monde fantasmagorique et une gouvernance
incantatrice.
Pour autant, depuis un an, François Hollande a pris un
certain nombre de mesures que les centristes n’auraient pas renié comme par
exemple la loi sur la flexisécurité issue directement des négociations entre
les syndicats et le patronat.
Malheureusement, il a aussi décidé de donner un tour plus
«gauchiste» à sa présidence avec la taxe à 75% (même si celle-ci a été retoquée
par le Conseil constitutionnel).
De même, il n’a pas agi par consensus, ni compromis dans certains
cas dont le plus emblématique est la loi sur le mariage pour tous.
Au-delà de ces exemples, il y a une réalité qui rend
François Hollande peu «centrisme-compatible», c’est le Parti socialiste actuel.
Même si la tendance social-démocrate est importante, elle n’est pas
hégémonique.
Dès lors, si demain il devait y avoir des centristes dans un
gouvernement Hollande, ils devraient quasi-nécessairement côtoyer des membres
de la gauche du Parti socialiste comme Benoît Hamon, Arnaud Montebourg, Marie-Noëlle
Lienemann et quelques autres.
Un gouvernement où François Bayrou aurait sans doute du mal
à y trouver sa place…
Centristement vôtre.
Le Centriste