De semaine en semaine, certains sondages nous montrent que
les extrêmes (surtout celui de droite) bénéficient des effets de la crise
économique et de la mauvaise image du gouvernement et du président de la
république pour progresser.
La réceptivité aux discours de plus en plus vindicatifs des
deux fronts, national et de gauche en est malheureusement un exemple
emblématique.
Mais d’autres études d’opinion, tout aussi intéressantes,
montrent, au contraire, une envie de modération et de centralité, voire de
centrisme chez une majorité de Français.
Ainsi, si Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy montent dans les
sondages de popularité, deux sondages sur les personnalités qui pourraient
intégrer un gouvernement lors d’un éventuel donnaient, pour l’un, François
Bayrou en tête et, pour l’autre, Jean-Louis Borloo (avec François Bayrou en
troisième position derrière le très centriste Louis Gallois).
Du côté des socialistes, ce sont ceux qui sont les plus
proches du centre de l’échiquier politique comme Manuel Valls ou Michel Sapin
qui sont, sinon plébiscités, en tout cas choisis.
En outre, des «personnalités» venues de la société civile,
connues pour leur positionnement central, comme Louis Gallois, déjà cité, ou
Anne Lauvergeon bénéficient également d’un apriori favorable pour rejoindre
l’équipe gouvernementale.
Bien sûr, ces sondages sont réalisés avec des questions
fermées qui ne permettent pas aux sondés de pouvoir choisir spontanément les
noms qu’ils souhaitent, ce qui en diminue quelque peu les enseignements.
Cependant, à chaque fois, les leaders modérés et
consensuels, pragmatiques et recherchant les compromis, sont dans le peloton de
tête, voire en tête comme dans les deux sondages précités.
Comment peut-on analyser cela.
La première explication qui vient à l’esprit est de voir
dans ces résultats une envie de changement raisonnable par rapport aux
personnes actuellement en place.
Raisonnable dans le choix des personnalités que l’on veut
voir dans le gouvernement, raisonnable quant à la possibilité concrète que cela
arrive (les sondés voient mal, dès lors, comment, par exemple, Marine Le Pen ou
Nicolas Sarkozy pourraient entrer dans un gouvernement de François Hollande…).
La deuxième explication est la volonté de voir une politique
donnant plus de résultats concrets mise en place devant un «immobilisme» que
l’on impute à François Hollande et qui est plutôt une conséquence de la crise
économique actuelle.
La troisième explication est que les Français considèrent
qu’un gouvernement d’union nationale fait partie des fantasmes (même si 78%
d’entre eux en rêveraient sans pour autant en analyser toutes les implications)
mais qu’en revanche il est tout à fait possible d’élargir la majorité actuelle à
ses franges, notamment vers le Centre afin de donner une grande bouffée d’air
aux idées défendues et aux mesures à prendre sans pour autant faire appel aux
chimères des extrêmes considérées comme dangereuses.
La quatrième explication est cette forte envie de réforme
dans un cadre politique apaisé. Car les partis centristes ont des propositions
souvent décoiffantes mais avec un discours (le plus souvent) constructif et
responsable, ce qui change de certaines joutes oratoires qui veulent plutôt
démolir que construire et qui viennent tout autant de la Droite que de la
Gauche.
Toutes ces raisons sont positives mais sont, une nouvelle
fois, paradoxales avec le comportement électoral des Français. Voici un an, ils
ont infligés un camouflet aux partis centristes, que ce soit lors de l’élection
présidentielle que de l’élection législative.
A moins que l’on voit cela en renversant la perspective. Il
s’agirait alors moins d’un détournement de l’électorat envers les centristes
que l’incapacité de ces derniers de proposer un projet et un rassemblement
politique crédibles, tant ils sont plus occupés à se tirer dans les pattes qu’à
résoudre les problèmes des Français.
En tout cas, cette envie de centrisme à défaut du Centrisme,
ce souhait d’une centralité plus grande doit faire réfléchir les responsables
centristes pour qu’enfin ils puissent s’atteler à convaincre les électeurs qu’ils
possèdent réellement le sérieux et la responsabilité, deux qualités
essentielles pour gouverner un grand pays comme la France.