mercredi 29 mai 2013

Actualités du Centre. Espagne: Va-t-on vers l’émergence d’un parti centriste espagnol fort?

Le Centre est assez faible en Espagne depuis le retour de la démocratie à la fin des années 1970, mais pas absent malgré ce que l’on croit. De petits partis centristes, notamment en Catalogne et au Pays Basque, existent et les deux partis dominants, de droite (Parti populaire) et de gauche (Parti socialiste), ont des ailes centristes et on souvent mené des politiques centristes.
Pour autant, au niveau national, le Centre n’est aujourd’hui représenté que par trois députés de l’Union pour la démocratie et le progrès (UPyD) fondé il y a eu par Rosa Diez, une ancienne du Parti socialiste (PSOE).
Une représentation peau de chagrin malgré ses 1,1 million de voix aux législatives de décembre 2011.
Mais, touchés par une profonde crise économique et sociale, avec un chômage des jeunes à un niveau particulièrement élevé, les Espagnols font de moins en moins confiance aux deux grands partis.

Ainsi, les sondages montrent, non seulement, que Rosa Diez – qui se définit comme une social-libérale -- est la personnalité politique la plus appréciée mais que son parti remporterait environ trente sièges de députés si des élections avaient lieu aujourd’hui.

mardi 28 mai 2013

Actualités du Centre. Résultats mitigés du Centre aux élections législatives partielles des Français de l’étranger

Les deux élections législatives partielles de députés représentants les Français de l’étranger dont le premier tour a lieu ce dernier week-end (après l’annulation des élections par le Conseil constitutionnel) ont donné des résultats mitigés pour les partis centristes.
Ainsi, dans la circonscription d’Amérique du Nord, les représentants de l’UDI et du MoDem ont été éliminés dès le premier tour avec, respectivement, 8,62% (Louis Giscard d’Estaing) et 6,01% (Nicolas Druet).
En revanche, dans la circonscription Europe du Sud – Israël, le représentant de l’UDI, Meyer Habid, arrive en deuxième position derrière la candidate de l’UMP avec 15,36% et sera présent au second tour. Un candidat investi par le Parti libéral démocrate et membre du Nouveau centre (pourtant deux partis membres de l’UDI!), Jonathan-Simon Sellem, obtient, quant à lui 6,65% des voix.

A noter qu’il y a eu une très forte abstention lors de ces deux élections, plus de 89% pour la circonscription Europe du Sud – Israël, plus de 86% pour celle d’Amérique du Nord.

lundi 27 mai 2013

L’Humeur du Centriste. Mais où donc a bien pu passer le courage des Européens?


Au cours de leur histoire, les peuples européens ont montré, à de multiples reprises, leur courage. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils ont réussi à dominer le monde.
La dernière fois, ce fut après la Deuxième guerre mondiale où il fallut tout rebâtir. Mais ceux qui ont vécu cette époque ont un peu oublié toute l’abnégation, tout le courage, tous les sacrifices, toute la foi en un avenir meilleur et toute la responsabilité qu’il fallut aux peuples de l’Europe pour ne pas sombrer dans le renoncement et reconstruire, en quelques années, un continent de nouveau à la pointe de tout, grâce à l’aide des Etats-Unis.
Il suffit de voir n’importe quel documentaire à la télévision sur cette époque pour s’en rendre compte et s’apercevoir de cette force de caractère qui caractérisa alors le comportement des Européens.
Aujourd’hui, l’Europe n’est heureusement pas dans une situation comparable à celle de la fin de la guerre. Il n’y a pas de destructions massives d’infrastructures, de millions de morts, de personnes souffrant de faim et de tickets de rationnement, de manque de logements et de champs dévastés…
Mais, et sans faire du catastrophisme et du misérabilisme à bon compte, les Européens se trouvent devant des défis d’une importance cruciale. Et ceux-ci demandent du courage, de l’abnégation et des sacrifices comme de la foi en un avenir meilleur et une grande responsabilité. Comme en 1945.
En sont-ils capables?
Les déclinistes qui nous bombardent de prévisions sombres et nous annoncent des désastres et de la désolation, tels des prophètes de malheur, pensent que non.
Et quand on voit la blocage et l’immobilisme de la société européenne, on est tenté de les croire.
Pourtant, nos valeurs, nos cultures, nos pratiques, nos capacités répondent que oui.
Pourtant, l’esprit européen qui a permis de penser la démocratie, qui a permis tous les progrès techniques et humains, qui nous a apporté un développement sans pareil depuis que l’humanité existe répondent que oui.
Oui, nous le pouvons.
Encore faut-il que nous le voulions.
C’est la le nœud du problème, la volonté d’agir qui suppose que nous acceptions la réalité pour agir sur celle-ci pour réformer notre modèle européen en profondeur et lui donner la nouvelle vitalité sur laquelle s’appuiera une nouvelle prospérité basée sur une croissance maîtrisée et un développement durable en matière économique mais aussi sur cette absolue nécessité de s’unir dans un espace européen qui demeure une chance que nous ne devons pas laisser filer.
Centristement vôtre.

Le Centriste

vendredi 24 mai 2013

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Cette envie de centrisme chez les Français


De semaine en semaine, certains sondages nous montrent que les extrêmes (surtout celui de droite) bénéficient des effets de la crise économique et de la mauvaise image du gouvernement et du président de la république pour progresser.
La réceptivité aux discours de plus en plus vindicatifs des deux fronts, national et de gauche en est malheureusement un exemple emblématique.
Mais d’autres études d’opinion, tout aussi intéressantes, montrent, au contraire, une envie de modération et de centralité, voire de centrisme chez une majorité de Français.
Ainsi, si Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy montent dans les sondages de popularité, deux sondages sur les personnalités qui pourraient intégrer un gouvernement lors d’un éventuel donnaient, pour l’un, François Bayrou en tête et, pour l’autre, Jean-Louis Borloo (avec François Bayrou en troisième position derrière le très centriste Louis Gallois).
Du côté des socialistes, ce sont ceux qui sont les plus proches du centre de l’échiquier politique comme Manuel Valls ou Michel Sapin qui sont, sinon plébiscités, en tout cas choisis.
En outre, des «personnalités» venues de la société civile, connues pour leur positionnement central, comme Louis Gallois, déjà cité, ou Anne Lauvergeon bénéficient également d’un apriori favorable pour rejoindre l’équipe gouvernementale.
Bien sûr, ces sondages sont réalisés avec des questions fermées qui ne permettent pas aux sondés de pouvoir choisir spontanément les noms qu’ils souhaitent, ce qui en diminue quelque peu les enseignements.
Cependant, à chaque fois, les leaders modérés et consensuels, pragmatiques et recherchant les compromis, sont dans le peloton de tête, voire en tête comme dans les deux sondages précités.
Comment peut-on analyser cela.
La première explication qui vient à l’esprit est de voir dans ces résultats une envie de changement raisonnable par rapport aux personnes actuellement en place.
Raisonnable dans le choix des personnalités que l’on veut voir dans le gouvernement, raisonnable quant à la possibilité concrète que cela arrive (les sondés voient mal, dès lors, comment, par exemple, Marine Le Pen ou Nicolas Sarkozy pourraient entrer dans un gouvernement de François Hollande…).
La deuxième explication est la volonté de voir une politique donnant plus de résultats concrets mise en place devant un «immobilisme» que l’on impute à François Hollande et qui est plutôt une conséquence de la crise économique actuelle.
La troisième explication est que les Français considèrent qu’un gouvernement d’union nationale fait partie des fantasmes (même si 78% d’entre eux en rêveraient sans pour autant en analyser toutes les implications) mais qu’en revanche il est tout à fait possible d’élargir la majorité actuelle à ses franges, notamment vers le Centre afin de donner une grande bouffée d’air aux idées défendues et aux mesures à prendre sans pour autant faire appel aux chimères des extrêmes considérées comme dangereuses.
La quatrième explication est cette forte envie de réforme dans un cadre politique apaisé. Car les partis centristes ont des propositions souvent décoiffantes mais avec un discours (le plus souvent) constructif et responsable, ce qui change de certaines joutes oratoires qui veulent plutôt démolir que construire et qui viennent tout autant de la Droite que de la Gauche.
Toutes ces raisons sont positives mais sont, une nouvelle fois, paradoxales avec le comportement électoral des Français. Voici un an, ils ont infligés un camouflet aux partis centristes, que ce soit lors de l’élection présidentielle que de l’élection législative.
A moins que l’on voit cela en renversant la perspective. Il s’agirait alors moins d’un détournement de l’électorat envers les centristes que l’incapacité de ces derniers de proposer un projet et un rassemblement politique crédibles, tant ils sont plus occupés à se tirer dans les pattes qu’à résoudre les problèmes des Français.
En tout cas, cette envie de centrisme à défaut du Centrisme, ce souhait d’une centralité plus grande doit faire réfléchir les responsables centristes pour qu’enfin ils puissent s’atteler à convaincre les électeurs qu’ils possèdent réellement le sérieux et la responsabilité, deux qualités essentielles pour gouverner un grand pays comme la France.

Actualités du Centre – Sondage: Jean-Louis Borloo et François Bayrou «bons» ministres de François Hollande?


Le Parisien vient de publier un sondage BVA concernant quels seraient les hommes et les femmes qui pourraient devenir de «bons» ministres d’un gouvernement de François Hollande en cas de remaniement.
Le terme «bon» n’étant pas explicité, il est difficile de savoir s’il s’agit d’un qualificatif de qualité ou d’adéquation avec un poste dans un gouvernement de gauche.
Toujours est-il que celui qui récolte le plus d’opinions favorables est Jean-Louis Borloo avec 44%, devant Louis Gallois (42%) et François Bayrou (38%). On trouve également une proche du centre de l’échiquier politique parmi les personnalités proposées (liste fermée de 25 noms, les sondés ne pouvaient pas choisir spontanément un ou plusieurs noms), Corinne Lepage avec 29% d’opinions favorables.
Cependant, le sondage montre également qu’il y a plus de Français qui estiment que Jean-Louis Borloo (48%), François Bayrou (54%) et Corinne Lepage (57%) ne feraient pas des «bons» ministres de François Hollande, ce qui donne une tout autre perspective aux désirs des sondés.
Si l’on va un peu plus dans les détails, on s’aperçoit que ce sont surtout les sympathisants de droite qui estiment que Borloo seraient un «bon» ministre (59% contre seulement 27% de sympathisants de gauche), ce qui est peu «central», tandis que c’est le contraire pour François Bayrou (42% des sympathisants de gauche le voient comme un «bon» ministre contre seulement 30% des sympathisants de droite).
(Sondage BVA réalisé les 16 & 17 mai 2013 auprès d’un échantillon de 942 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus / marge d’erreur de 3 points)

mardi 21 mai 2013

L’Humeur du Centriste. Quand le Mouvement démocrate veut s’allier avec tout le monde!


Ainsi le Mouvement démocrate fera des alliances «à la carte» lors des prochaines élections municipales en 2013. La raison officielle avancée est que le parti de François Bayrou, dans sa logique de promotion de l’union nationale, veut dépasser les divisions partisanes et s’allier avec ceux qui font du bon boulot ou qui ont un bon projet.
Décodons cette annonce un peu surréaliste.
Premier point: incapable de s’entendre avec les autres centristes pour constituer des listes communes aux municipales, le MoDem prétend faire l’union nationale au niveau local, quel paradoxe! Il y aurait donc, selon lui, une plus grande différence dans certaines villes (pourquoi et lesquelles?!) entre les centristes qu’entre les centristes et les socialistes ou entre les centristes et l’UMP…
Reste que le constat qu’il est plus facile de s’allier avec la Droite ou la Gauche qu’avec d’autres centristes montre à quel point les partis centristes sont en déshérence et désespérance.
De même, cela montre les tensions qui existent au sein du Mouvement démocrate entre les partisans d’une ligne de centre-droit et ceux d’une ligne de centre-gauche sans oublier ceux qui préconisent une ligne centre-centre.
Deuxième point: les électeurs du MoDem déjà déboussolés lors de l’élection présidentielle par des déclarations contradictoires, parfois même fort éloignées d’une vision centriste, seront appelés, tantôt à voter pour la Droite, tantôt pour la Gauche, tantôt pour les écologistes, tantôt pour les centristes. En voilà un bon message de clarté politique!
Concrètement, dans une ville, les candidats MoDem seront sur une liste UMP alors que dans celle d’à-côté, on les trouvera sur une liste du PS et, encore un peu plus loin, ils cohabiteront avec ceux de l’UDI ou des Verts.
Mais pourquoi ces électeurs encore fidèles ne feraient-ils pas de même lors d’élections avec enjeux nationaux en votant directement pour ces formations sans passer par la case MoDem? C’est déjà ce qu’a fait une partie de ceux qui avaient voté François Bayrou en 2007, incapables de comprendre où celui-ci voulait les emmener.
Troisième point: tout cela a un nom: l’opportunisme qui a déjà fait tant de mal au Centre au cours de son histoire.
Il faut dire que François Bayrou -- qui ne s’intéresse qu’à l’élection présidentielle, seule à ses yeux capable de contenter ses ambitions mais aussi de changer la donne politique en faveur de son parti -- a absolument besoin d’élus pour peser un peu plus qu’aujourd’hui sur la politique et pour crédibiliser son parti (ainsi que pour le renflouer, lui qui est obligé de louer une partie de ses locaux actuellement).
Dès lors, sans sembler sortir de son splendide isolement, il joue sur cette alliance à la carte sensée récompenser les bons élèves avec qui le Mouvement démocrate peut travailler.
Ainsi, le message est: «nous gardons notre indépendance puisque nous nous allions avec tout le monde». Comprenne qui pourra.
Quatrième point: De nombreuses interrogations vont surgir comme, par exemple, de savoir ce que feront les candidats du Mouvement démocrate alliés à l’UDI quand les candidats de celle-ci rejoindront systématiquement les listes UMP au second tour, ce qui devrait être le cas à Paris (où Marielle de Sarnez, la chef de file bayrouiste dans la capitale a évoqué cette liste commune) ainsi que dans de nombreuses grandes villes de France.
Sans parler des prises de positions politiques de militants d’un même parti qui seront membres de majorités municipales opposées. On a vu, dans le passé, que cela s’achevait souvent dans la cacophonie et la division même à l’intérieur du parti.
Commentaire:
Le Centre n’est pas et n’a jamais été l’unanimisme.
Le Centre n’est pas et n’a jamais été la politique à la carte.
Le Centre n’est pas et n’a jamais été de s’allier avec tout le monde.
Le Centre a une pensée, le Centrisme qui ne se dilue pas tantôt à gauche, tantôt à droite, tantôt ailleurs.
Le courage politique, c’est défendre ses idées quitte à perdre mais d’avoir la dignité de s’être battu pour ce que l’on croit et non pour des postes.
Où est l’honneur de la politique dans ce grand marchandage que va ouvrir le Mouvement démocrate comme il l’avait déjà fait en 2008 pour récupérer quelques conseillers municipaux?
A chacun de répondre avec son bulletin de vote.
Centristement vôtre,

Le Centriste

lundi 20 mai 2013

Une Semaine en Centrisme. Obama, inspirateur de Hollande?


On connait la fascination qu’exerce Barack Obama auprès de la classe politique française (mais également de beaucoup d’autres à travers le monde) et de l’admiration qu’il suscite notamment pour ses stratégies électorales et ses méthodes de gouvernement ainsi que pour son charisme.
De Nicolas Sarkozy à Ségolène Royal en passant par Jean-Louis Borloo ou Manuel Valls, le président des Etats-Unis à de nombreux fans chez les responsables politiques du pays.
Sans oublier François Hollande.
Celui-ci s’était déjà inspiré de la campagne «grass-roots» d’Obama pour se faire élire (s’appuyant, entre autres, sur une étude réalisée par un think tank proche de lui, Terra Nova, après la victoire de l’Américain en 2007). Et, une nouvelle fois, on a pu apprécier des proximités lors de la dernière conférence de presse du chef de l’Etat français, la semaine dernière.
Bien sûr, rien d’a priori anormal puisqu’Obama est membre du Parti démocrate, un parti de centre-gauche et François Hollande du Parti socialiste, un parti de gauche modéré.
Cependant, comme nous le disons ici depuis la campagne de 2007, Barack Obama est un centriste qui se trouve à la droite du Parti démocrate et qui le revendique. C’est un peu plus compliqué pour François Hollande qui a du mal à assumer son socialisme libéral…
Toujours est-il que les deux hommes sont des pragmatiques qui veulent travailler sur du concret et sous les auspices du principe de réalité.
Tous deux sont traités de dangereux gauchistes par la droite extrême et d’hommes de droite par la gauche extrême.
Pour autant, Hollande n’est pas un centriste.
Qu’est-ce qui distingue les deux hommes? Une grande volonté de consensus et la recherche systématique du compromis chez Obama qui n’existent pas ou peu chez Hollande.
La loi sur l’assurance santé et la loi sur le mariage pou tous -- deux réformes emblématiques des présidences des deux hommes -- en sont deux bons exemples.
Mais alors que François Hollande n’a cherché aucun consensus, ni compromis avec la Droite et le Centre, Barack Obama a tenté, en vain, d’élaborer une loi en concertation avec les républicains, ce qui d’ailleurs lui a été vivement reproché par l’aile gauche du Parti démocrate.
De même, Barack Obama réitère depuis toujours sa volonté de travailler avec tout le monde sans aucune condition de ralliement. François Hollande, lui, veut bien travailler avec tous ceux qui se rallieront à lui…
Ces différences notables, toutefois, ne doivent pas masquer les similitudes. Et quoi qu’on pense de François Hollande et du Parti socialiste, tout modéré, tout centriste, même s’ils ne sont pas d’accord avec le programme et l’action actuelle du gouvernement, doivent s’en féliciter.
D’autant que, dans le même temps, une bonne partie de l’UMP, dont son président Jean-François Copé, développe une fascination dangereuse pour l’action des ultras du Parti républicain qui ont instauré une guerre idéologique dure, voire haineuse, aux Etats-Unis pour combattre le centrisme d’Obama.
Car pour le Centre, le débat politique entre des visions différentes, voire opposées, doit toujours se tenir dans la dignité, le respect de l’autre et le refus de la démagogie et du populisme.
La stratégie de la tension, de la division et de la diabolisation des partis démocratiques est un bien mauvais signal envoyé aux électeurs, notamment quand le pays compte des formations extrémistes qui n’attendent qu’une détérioration du climat politique pour avancer leurs pions.
Enfin, reste une différence entre les présidents français et américain dont François Hollande se serait bien passé.
Au bout de cinq ans de présidence, la cote de popularité d’Obama est à 53% tandis que celle du président français, au bout d’un an de pouvoir, est de 24%! Mais, comme le dirait Bill Clinton, «c’est l’économie, stupide!» (croissance autour de 3% aux Etats-Unis, récession autour de -0,2% en France) avec, sans doute, un peu de charisme en plus outre-Atlantique…
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC

vendredi 17 mai 2013

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. François Hollande pourra-t-il élargir sa majorité au centre?


Lors de sa conférence de presse du 16 mai, François Hollande a été catégorique: il n’est pas question d’un remaniement ministériel dans les prochains mois et encore moins d’un élargissement de la majorité. «Avec qui?» a-t-il ajouté, expliquant qu’il était, en revanche, ouvert à tout ralliement à sa politique et à sa majorité mais qu’il n’irait pas en chercher une autre.
Fermer le ban et les espoirs, à court terme, de François Bayrou de constituer un axe gouvernemental PS-MoDem.
Quelques jours auparavant, lors d’un colloque, le directeur du Cecop (Centre d’études et de connaissance sur l’opinion publique), Jérôme Jaffré, estimait que l’erreur politique majeure de François Hollande avait été de ne pas élargir au centre sa majorité dès qu’il a été élu. Ainsi, il aurait du, selon l’analyste politique, faire entrer le Mouvement démocrate de François Bayrou dans la majorité présidentielle tout en faisant réélire son leader à l’Assemblée nationale.
Mal élu, sur une base minoritaire de la gauche (un de ses scores les plus bas lors des dernières élections) avec l’apport essentiel des déçus de droite de Sarkozy et d’un fort mouvement de rejet du président sortant, toutes choses qu’il connaissait, il se devait, afin d’élargir ses soutiens, de créer avec une partie des centristes une nouvelle majorité présidentielle que même le Front de gauche (qui n’est pas dans la majorité actuelle) alors aurait du accepter même en rechignant.
Mais cela ne s’est pas passé ainsi.
Peut-être parce que François Hollande a dans l’idée que ce rapprochement va se faire petit à petit et qu’il s’imposera à tous dans quelques temps. Si l’on doit retenir une évidence de sa première année à l’Elysée, c’est sa capacité à mettre en route des politiques qui font lentement leur chemin, qu’on les supporte ou qu’on s’y oppose étant une autre question.
Quoiqu’il en soit, à défaut de l’avoir voulue et d’affirmer la souhaiter, pourra-t-il encore la faire au cours de son quinquennat si la situation l’exige? C’est évidemment beaucoup plus compliqué avec la gauche de la gauche du PS quasi en rébellion avec le gouvernement, un Front de gauche qui a une attitude plus d’opposant radical que de soutien du pouvoir et un Centre éclaté qui ne pèse pas grand-chose, notamment la partie de celui-ci qui pourrait être son nouvel allié.
Sans doute que les élections municipales et européennes de l’année prochaine pourraient débloquer cette situation dans un sens ou dans l’autre, selon les scores du PS, du MoDem et de l’UDI (sans oublier celui du Front de gauche).
En revanche, au-delà des postures, des rhétoriques, des coquetteries et des fiertés personnelles, il existe de nombreuses proximités programmatiques actuelles entre la gauche modérée et le centre du Centre (par exemple sur la relance de l’économie, la défense d’un modèle social rénové, la politique étrangère, l’intégration européenne, la régulation de la finance) qui peuvent très bien faire l’objet d’un contrat de gouvernement sur ce qui rapproche plutôt que sur ce qui divise.
Il est évident que cette alliance, pour l’instant hautement hypothétique, n’aura de chances de voir le jour que si le Parti socialiste n’a plus d’autre alternative que de faire des appels vers le centre de l’échiquier politique (en cas de détérioration continue la situation de la France couplée avec des échecs électoraux) ou si le Mouvement démocrate n’a plus d’autre alternative que de s’adosser au Parti socialiste sans condition pour ne pas disparaître (à moins qu’il n’implose alors à ce moment là).
Sans prendre parti ou non pour une solution de ce genre, il est important ici de répéter ce que tout historien politique et tout commentateur de la vie publique savent, c’est qu’il n’y a jamais eu d’alliance «naturelle» pour le Centre au cours de son histoire, que ce soit à droite ou à gauche.
Si, demain, une partie du Centre décidait de s’allier avec la Gauche, il ne s’agirait pas d’une quelconque trahison brandie par la Droite mais bien ce que, en son temps, a fait le MRP lors de la quatrième république, pour ne pas remonter encore plus loin, ou même ce qu’ont fait les centristes dans les premiers temps de la V° République sans oublier les ralliements centristes dans les gouvernements de François Mitterrand.
Pour autant, il existe actuellement des différences fortes dans certains domaines entre la vision du PS et celle des partis centristes qui sont un frein à une collaboration entre les deux bords. Celles-ci auraient sans doute pu être transcendées lors de la victoire de François Hollande dans une dynamique qui a désormais totalement disparu. Dès lors, les chances d’un accord sont, pour l’instant, minimes.
Evdemment, nous savons aussi qu’il existe deux règles en politique qui peuvent tout chambouler. La première est que la vérité d’aujourd’hui, n’est pas celle de demain. La deuxième est que tout va très vite dans la sphère politico-médiatique et que le mouvement n’a fait que s’accélérer cette dernière décennie…

mercredi 15 mai 2013

Actualités du Centre – Bayrou: ses incohérences expliquent sa défaite en 2012 selon le Cevipof


La campagne présidentielle de François Bayrou en 2012 qui a divisé par deux son score par rapport à 2007, l’a fait perdre ensuite aux législatives puis l’a fragilisé politiquement, a été mauvaise, tout le monde s’accorde sur ce point. Le Cevipof (Centre de recherche politique de Sciences Po Paris), lors d’une journée consacrée à l’élection présidentielle, un après, a argumenté sur ce constat.
Alors que les sondages en sa faveur montrent un frémissement de très courte durée lors de sa déclaration de candidature pour ensuite se caler à moins de 10% d’intentions de vote tout au long de 2012, rapidement, quatre fragilités se font jour selon Sylvie Strudel, professeur de Sciences politique à l’université de Paris II.
La première est l’absence de reconquête de son électorat de 2007. Ensuite, ses électeurs potentiels sont dans une indétermination prolongée quant à leur vote. Ceci est sans doute due au fait que ceux-ci estiment largement qu’il est dans une indécision chronique sur son positionnement et son programme. Enfin, il n’arrivera jamais à imposer, même parmi ceux qui voteront pour lui, une vraie image présidentielle.
Mais il y a également les incohérences sur le programme, sur le positionnement et, surtout, sur la vision de la situation politique en 2012.
Ainsi, son électorat est beaucoup plus à droite (il ne bénéficie pas des électeurs de la gauche modérée ou du centre-gauche horrifiés en 2007 par la candidature Ségolène Royal) et il fait, in fine, une deuxième partie de campagne nettement plus à gauche qui se terminera par son appel à voter pour le candidat du PS, François Hollande.
Son positionnement va fluctuer dans un premier temps.
D’abord, François Bayrou fait l’analyse que le maillon faible est François Hollande et qu’il peut être son remplaçant dans la bataille contre Sarkozy. Son positionnement est donc à gauche principalement.
Ensuite, sondages aidant, il s’aperçoit que le maillon faible sera Nicolas Sarkozy et qu’il peut peut-être lui disputer la place de finaliste face à Hollande. A ce moment-là, son discours se droitise.
Puis, dans un deuxième temps, il comprend qu’il ne peut ni remplacer le premier, ni le second. Il rejoue alors la carte au centre du Centre mais avec une inflexion du discours plutôt à gauche couplée avec cette haine tenace du président sortant qui la lui rend bien…
Le tout avec des propositions fort éloignées souvent du corpus centriste comme ses appels à un nationalisme productiviste (produire et acheter français) alors qu’il montre peu son attachement à l’Europe, au libéralisme solidaire ou à la décentralisation.
Le parti-pris nationaliste et productiviste sera d’ailleurs une épée dans l’eau car rejeté par son électorat. Ainsi, les classes populaires, dont les ouvriers, à qui cela s’adressait principalement en vue de les séduire, seront particulièrement sous-représentées dans son électorat de 2012.

vendredi 10 mai 2013

Une semaine en Centrisme. Ce qui se cache derrière l’union prônée par les centristes


Pour l’un, François Bayrou, il s’agit d’union (ou d’une unité) nationale. Pour l’autre, Jean-Louis Borloo, il s’agit d’une union (ou d’une unité) qualifiée de «républicaine».
Les deux leaders centristes veulent que les partis politiques s’unissent derrière un programme plus ou moins ambitieux.
Derrière cela, il y a une vision centriste évidente mais aussi des ambitions personnelles et une nécessité d’occuper le terrain ainsi que de tenter de pallier à un manque criant de crédibilité vis-à-vis de l’électorat.
- La vision centriste: le consensus et le compromis sont deux mots qui font partie de la vision politique centriste. De ce point de vue, la recherche du plus large consensus autour d’un compromis acceptable par l’ensemble de la population et/ou de ses représentants dans une démarche de juste équilibre est bien un processus centriste.
Pour autant, le Centrisme n’est pas la pensée politique de l’union nationale ou de l’unanimisme, bien au contraire. Il se bat pour des valeurs et des principes qui se confrontent à ceux de la Gauche et de la Droite et, surtout, à une pratique idéologique et clientéliste de ces dernières. Vouloir faire du Centre le lieu d’une union, nationale ou républicaine, c’est l’affadir et l’affaiblir, le réduire in fine à un simple lien entre les idées de gauche et de droite, ce que prétendent depuis toujours ses adversaires.
- Les ambitions personnelles: tous les deux le jurent, ils ne pensent pas à leur carrière, ni même à leur formation politique mais qu’au bien de la France. Ils ne demandent rien, sauf d’aider leur pays dans la crise.
Belles envolées lyriques qu’évidemment personne ne croit tant les deux compères ont de l’ambition et des ambitions élyséennes.
Ces deux propositions visent donc à tenter de leur donner cette fameuse «hauteur» soi-disant propre à ceux qui ont la capacité et l’aura de diriger le pays installés au sommet de l’Etat.
Reste qu’en se présentant simplement que comme des facilitateurs pour ne pas apparaître comme uniquement mue par une ambition personnelle, ils rabaissent du même coup leur personne qu’ils souhaitaient élever…
- L’occupation du terrain: elle est indispensable pour les deux hommes actuellement, soit pour l’un (Bayrou) de ne pas disparaître du paysage politique, soit pour l’autre (Borloo) de tenter de se faire une place au soleil.
- La volonté de convaincre une majorité de l’électorat de l’alternance centriste: la crise économique actuelle et le scepticisme grandissant des Français vis-à-vis du gouvernement en place ne profite ni aux partis centristes, ni aux personnalités centristes.
Le Front national et le Front de gauche ainsi que Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen sont les grands gagnants dans les sondages mais aussi dans les médias.
Dès lors, les centristes doivent démontrer qu’ils sont également des alternatives à la politique socialiste, mais une alternative sérieuse et responsable, c’est-à-dire crédible et non dans la gesticulation, face aux dangers que représentent les extrêmes.
Le morcellement du Centre et les querelles picrocholines entre centristes ainsi que les récentes débâcles électorales sont ici un handicap lourd à porter.
En tentant d’apparaître comme ceux qui peuvent réparer la machine et réunir les hommes, les centristes veulent inverser cette tendance.
Une dernière précision: François Bayrou n’est plus pour l’union nationale mais pour une «unité nationale»! La différence? Selon lui, la première inclut le Front national et le Front de gauche tandis que la deuxième se passe entre réformistes républicains des deux rives»… Chacun appréciera cette différence sémantique. Pour autant, quand Bayrou parle des deux rives, il parle de la droite et de la gauche. Mais où est donc le Centre?!
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC

mercredi 8 mai 2013

Actualités du Centre – UDI: Les propositions d’«union républicaine», un catalogue pas toujours précis et crédible


Jean-Louis Borloo a présenté les propositions de l’UDI (Union des démocrates et indépendants) qui pourraient être adoptées par tous les partis politiques et être votées dans le cadre d’une «union républicaine» qui n’a rien à voir, selon lui, avec une union nationale et dont il ne veut, ni pour lui, ni pour son parti, en retirer un quelconque avantage…
Ces propositions, sensées apaiser le climat politique et permettre à la France de trouver une issue à la crise actuelle et à la récession qui semble s’annoncer avec une détérioration de l’emploi qui va perdurer, n’a pas empêché le président de l’UDI de critiquer vertement l’action du gouvernement auquel il demande, pourtant, de donner son accord à ces «dix décisions vitales pour sortir de la crise» qui sont, selon le document publié un «programme de redressement national», «un consensus républicain nécessaire et possible».
Celles-ci (qui son en fait plus de dix!) sont regroupées en dix thèmes: relancer la croissance; étudiants et jeunes travailleurs; précarité; logement; fiscalité; retraite; dépenses publiques; formation professionnelle; Europe; confiance.
Au-delà de certains libellés peu précis, ces «dix points républicains, urgents, possibles et positifs» selon l’UDI sont souvent des généralités ou, au contraire, des micro-mesures dont plusieurs sont un appel à plus d’Etat (donc des dépenses publiques en hausse notamment par la création d’une agence nationale de la formation professionnelle, d’une agence nationale de la rénovation thermique ou d’un établissement public foncier et le maintien de l’Agence nationale des services à la personne) alors que, dans le même temps, des économies de dix milliards d’euros sont demandées chaque année avec un engagement de ne pas augmenter les impôts d’ici à 2017, le tout agrémenté de quelques cadeaux fiscaux (baisse de la TVA dans certains secteurs, défiscalisation des heures supplémentaires, prêts à taux zéro)! Une sorte de quadrature du cercle qui laisse penser que le document a été élaboré à la va-vite et qu’il est plus un inventaire à la Prévert qu’un programme cohérent.
Il faut dire que plusieurs tendances s’affrontent à l’UDI entre les tenants d’une austérité forte et sans concession et d’autres qui veulent, une rigueur agrémentée de mesures de relance économique.
Au-delà de la crédibilité du programme, il semble qu’il y ait assez peu de chances que le PS, les Verts, l’UMP et l’UDI se mettent d’accord sur un tel programme qui est certainement une ébauche de ce que sera celui de l’UDI et qui devrait être dévoilé au mois de juin comme Jean-Louis Borloo s’y était engagé.

lundi 6 mai 2013

L’Humeur du Centriste. Le Hollande 2013 est-il «centrisme-compatible»?


Alors que l’on fête ce 6 mai les un an de sa présence à l’Elysée, François Hollande cumule bien des handicaps. Un de ceux-ci, paradoxalement, pourrait être en réalité une qualité. Détesté sur droite et sur sa gauche, il est, de ce point de vue, dans une situation bien connue des… centristes!
D’ailleurs, n’est-il pas supporté par l’un d’eux, François Bayrou qui, s’il n’a pas encore franchi le rubicond, y pense un peu plus chaque jour.
Voyons cela d’un peu plus près.
Il est évident que François Hollande n’est pas proche de l’extrême-gauche façon Besancenot, de la gauche extrême façon Laurent ou de la gauche radicale façon Mélenchon ni même de la gauche du Parti socialiste façon Hamon. Il est sans aucun doute plus proche de la social-démocratie adepte d’un réformisme tempéré où l’on retrouve également Le Foll, Valls ou encore Sapin.
Mais est-il un social-démocrate épanoui ou honteux?
En France, il est très dangereux pour un homme de gauche de faire son coming out en se déclarant social-démocrate adepte de la réforme et non de la révolution au risque d’être diabolisé par les «gens de gauche» qui manient si bien la rhétorique révolutionnaire propre aux procès en sociale traîtrise…
C’est sans doute pourquoi François Hollande donne souvent des gages à la gauche du PS pour démontrer que, non, il n’est pas ce méchant social-démocrate qui aurait enfin compris comme en leur temps Michel Rocard ou Jacques Delors (aux destins politiques plus tragiques du fait même de leur social-démocratie assumée) que l’on doit agir sur la réalité avec responsabilité et non inventer un monde fantasmagorique et une gouvernance incantatrice.
Pour autant, depuis un an, François Hollande a pris un certain nombre de mesures que les centristes n’auraient pas renié comme par exemple la loi sur la flexisécurité issue directement des négociations entre les syndicats et le patronat.
Malheureusement, il a aussi décidé de donner un tour plus «gauchiste» à sa présidence avec la taxe à 75% (même si celle-ci a été retoquée par le Conseil constitutionnel).
De même, il n’a pas agi par consensus, ni compromis dans certains cas dont le plus emblématique est la loi sur le mariage pour tous.
Au-delà de ces exemples, il y a une réalité qui rend François Hollande peu «centrisme-compatible», c’est le Parti socialiste actuel. Même si la tendance social-démocrate est importante, elle n’est pas hégémonique.
Dès lors, si demain il devait y avoir des centristes dans un gouvernement Hollande, ils devraient quasi-nécessairement côtoyer des membres de la gauche du Parti socialiste comme Benoît Hamon, Arnaud Montebourg, Marie-Noëlle Lienemann et quelques autres.
Un gouvernement où François Bayrou aurait sans doute du mal à y trouver sa place…
Centristement vôtre.

Le Centriste

dimanche 5 mai 2013

Une Semaine en Centrisme. Obama II: vers des réformes ou un blocage?


L’état de grâce n’est décidément plus ce qu’il était, que ce soit en France ou aux Etats-Unis et, plus généralement, dans l’ensemble des pays démocratiques.
Nous sommes désormais dans l’ère du tout, tout de suite, dans celle du toujours plus et dans celle l’immédiateté médiatique qui empêchent le plus souvent la mise en place de politiques structurelles à moyen et long terme qui ne donnent pas de résultats à court terme.
Résultat, les cotes de confiance sondagières s’effondrent à une vitesse de plus en plus subsonique, ce qui permet une remise en cause d’élections par une soi-disant démocratie directe qui n’est en réalité qu’un populisme de mauvaise humeur excité par des démagogues qui ne sont pas forcément des extrémistes.
La contestation politique se focalise alors sur la légitimité d’un pouvoir démocratique par la rue et des mouvements qui s’érigent en contre-pouvoirs autoproclamés (soutenus souvent dès le départ par des formations politiques de l’opposition) tels le Tea Party aux Etats-Unis ou celui contre le mariage pour tous en France.
Si François Hollande connaît trop bien cette nouvelle donne, Barack Obama aussi (même si sa situation personnelle n’a rien à voir), avec, malgré tout, l’exception notable d’une économie américaine qui va bien mieux que l’économie française en témoigne encore un taux de chômage à son plus bas depuis 2008 alors que celui-ci explose en France.
Ainsi, le voilà à nouveau bloqué par les républicains à la Chambre des représentants mais aussi au Sénat (alors que les démocrates y sont majoritaires) avec des médias qui se demandent si son second mandat ne sera pas celui d’un président incapable de mettre en route quelque réforme consistante que ce soit comme ce fut souvent le cas pour les président réélus avant lui.
Si l’on analyse ses priorités (installer l’assurance santé après le vote de la loi en 2009, mettre en place une politique de l’immigration plus efficace, restreindre les ventes d’armes les plus dangereuses, réduire les déficits publics, réformer la fiscalité pour la rendre plus juste et plus efficace, adopter une politique énergétique volontariste couplée avec des objectifs environnementaux majeurs), il est fort possible qu’il ne puisse pas faire grand-chose.
Sans oublier tous les problèmes qui vont apparaître sans prévenir dans les quatre ans à venir en particulier sur la scène internationale ou en matière de terrorisme et qui seront peut-être encore plus difficile à gérer plus son mandat arrivera à son terme.
Reste que le blocage est une possibilité mais que la résolution de certaines de ces priorités l’est tout autant.
Dans la configuration actuelle (qui a été souvent celle des présidents américains), il s’agit d’un rapport de force entre l’exécutif et le législatif. Et dans cette confrontation, Barack Obama possède trois atouts majeurs.
Le premier atout est qu’il est nettement plus populaire que le Congrès et, notamment, que la Chambre des représentants dominée par les républicains dont les Américains estiment qu’elle fait de l’obstruction systématique.
Dès lors, la faute à la paralysie de Washington est attribuée par une majorité d’Américains aux républicains qui savent pertinemment qu’ils ne peuvent pas faire de cette obstruction une arme anti-Obama sans qu’elle se retourne contre eux à un moment ou à un autre.
Ainsi, leur refus de la loi sur l’assurance santé («Obamacare» dont la Chambre des représentants va voter une nouvelle fois sa suppression qui sera sans conséquence puisque le Sénat ne suivra pas et qu’Obama, de toute façon, dispose d’un droit de véto) est à double tranchant car cette reforme, si elle est majoritairement impopulaire pour l’instant, contient nombre de dispositions approuvées par l’ensemble des Américains qui y voient des avancées sociales majeures.
Quant au contrôle plus efficace des armes à feu demandé par 92% des Américains mais rejeté par le Sénat, la mesure n’a même pas été discutée par la Chambre des représentants, ce qui pourrait valoir quelques mauvaises surprises aux sortants républicains (représentants et sénateurs) lors des élections de mi-mandat en 2014…
Sans parler des coupes automatiques dans les dépenses («sequester») qui ont été mises en route après que les républicains aient refusé de s’entendre avec le président sur une gestion des déficits publics et une réorganisation de la fiscalité.
Le deuxième atout est que les républicains sont obligés de s’ouvrir aux revendications d’une population de plus en plus métissée pour pouvoir espérer remporter la prochaine présidentielle (même si la candidature probable d’Hillary Clinton risque de leur rendre la tâche extrêmement compliquée).
Ainsi, s’ils veulent attirer la majorité des votes des latinos et des asiatiques, indispensable pour espérer remporter la Maison blanche, ils doivent adopter une approche plus positive sur l’immigration, sujet majeur d’Obama.
Le troisième atout est une embellie réelle de l’économie américaine (même si elle doit être pérennisée et produire plus de croissance) qui crédibilise le discours et l’action de Barack Obama.
Bien entendu, il lui faut bâtir une stratégie gagnante pour que ces atouts produisent leurs effets. Or, après avoir remporté les dernières présidentielles, il a pu, pendant quelques semaines, les utiliser efficacement pour faire avancer son «agenda» (programme).
Mais le fait que des mesures de contrôle plus stricts sur la vente d’armes à feu n’aient pu être votées alors que Barack Obama s’était engagé fermement en leur faveur a démontré que rien n’était gagné d’avance et qu’il allait devoir batailler dur pour obliger les républicains à des compromis, tout en espérant regagner la majorité à la Chambre des représentants en 2014, tout en ne perdant pas celle au Sénat.
Le challenge est donc relevé. D’autant que Barack Obama continue de vouloir construire un consensus large autour de ses politiques centristes, ce qui ne lui facilite pas la tâche.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC

mercredi 1 mai 2013

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Le Centre doit s’opposer à la désespérante obscurité des extrêmes


Depuis longtemps j’affirme ici que l’humanisme porté par le Centre et le Centrisme est le rempart le plus solide face au danger que représente le Front national ainsi qu’à ses diatribes démagogiques et antidémocratiques qui surfent sur le mécontentement des Français.
Mais les temps que nous traversons et qui ne seront peut-être et heureusement qu’une péripétie anodine de l’Histoire, impose si tel n’était pas le cas de le dire et le redire, la répétition n’étant pas inutile, loin de là.
D’autant que la Gauche et la Droite engluées aujourd’hui dans des affaires multiples et surtout par leurs pratiques le plus souvent clientélistes, mortifères à terme pour la démocratie, ne sont pas capables de répondre efficacement à ce déferlement de populisme haineux et revanchard qui flatte le côté le moins respectable de nos comportements.
Le Centrisme, oui.
En ce premier mai, Marine Le Pen, lors de la manifestation traditionnelle du Front national, a estimé que la France était dans la nuit des affaires et de la corruption, ajoutant que la lumière et l’espoir étaient désormais représentés par le Front national.
Quelle rhétorique à la fois mensongère et dangereuse dont le contenu rappelle de biens mauvais souvenirs au moment où certains comparent avec beaucoup trop d’emphase notre époque à celle des années 1930...
Les centristes doivent être, néanmoins, des vigies intransigeantes et attentives de la défense de la démocratie républicaine en refusant la banalisation de tous les extrêmes et de leurs discours, notamment celle, en cours, du Front national, non seulement, dans la population mais également dans les médias et les leaders d’opinion.
Et oui, il doit dire, haut et fort, que le vote pour le Front national est un acte irresponsable, que chaque bulletin déposé en sa faveur dans l’urne fera perdre la France, tout comme tout bulletin en faveur du Front de gauche ou des formations d’extrême-gauche, car ils vont vers les tenants de politiques qui plongeraient la France dans une crise d’une ampleur dévastatrice.
Demain, si nous voulons être encore des gagnants, c’est parce que nous aurons dit non aux archaïsmes destructeurs de l’extrême-droite et de l’extrême-gauche, ces deux conservatismes réactionnaires au sens littéral de ces deux mots.
Conservatisme des droits acquis ou nationaliste au mépris de la réalité d’un monde ouvert et mondialisé. Réaction à la modernité démocratique et à l’édification inévitable d’un nouvel ordre mondial où l’Union européenne doit prendre toute sa place, c’est-à-dire une des toutes premières.
Le peuple français s’est battu pendant des décennies pour bâtir un pays qui est aujourd’hui dans les premières puissances mondiales. Ce combat des générations précédentes n’a pas été de tout repos et rien n’a jamais été acquis comme on le constate actuellement où nous devons conduire une mutation douloureuse mais nécessaire qui seule nous permettra de repartir de l’avant et construire une France européenne du XXI° siècle, dynamique et prospère pour tous dans le juste équilibre et avec les valeurs de liberté, de solidarité, de tolérance et de respect.
Notre communauté nationale a connu, tout au long de son histoire, des hauts et des bas. Ces derniers devraient nous rappeler constamment de ne pas tenter certaines aventures qui finissent toujours mal.
De même, la démocratie républicaine est un bien inestimable mais fragile parce qu’elle repose, in fine, sur l’humanisme et le sens des responsabilités de chacun. Il nous faut donc la défendre comme toutes les attaques dont elle est constamment l’objet alors que nous agissons comme si elle était un roc indestructible qui résistera à tous les coups de forces.
Si, demain, une obscurité désespérante et oppressive s’abat sur la France, c’est que nous aurons été les complices de ceux qui veulent la propager pour s’accaparer le pouvoir au nom d’idéologie totalitaire et non le rendre au peuple.
Mais nous avons le pouvoir d’écrire une autre histoire à condition de ne pas baisser les bras.
C’est au courage que l’on reconnaît les grands peuples qui écrivent leur Histoire avec un grand H.