Le Journal du Dimanche qui, comme nombre de ses confrères
qui multiplient actuellement les sondages biaisés afin de créer à leur profit
le buzz médiatique, vient d’en sortir un nouveau concernant l’Union nationale.
Selon ses résultats, celle-ci serait plébiscitée par 78% des
Français même si ces derniers sont plus que circonspects sur la capacité d’un
tel gouvernement à pouvoir résoudre les graves problèmes que connait
actuellement la France, que ce soit la lutte contre le chômage, celle contre la
dette publique et les déficits, celle en faveur du pouvoir d’achat et celle contre
l’insécurité.
Du coup, on se demande à quoi elle servirait selon ces mêmes
Français…
En outre, les sondeurs au lieu de laisser les Français dire
qui ils verraient dans un tel gouvernement (question ouverte), ont établi leur
propre liste limitative (question fermée) ne comportant, en l’occurrence que cinq
socialistes et un seul centriste (bonjour l’ouverture), une bizarrerie qui
permet de s’interroger sur le but de ce sondage.
On y trouve ainsi François Bayrou mais pas Jean-Louis
Borloo, Martine Aubry mais pas Jean-Pierre Raffarin, Bertrand Delanoë mais pas
Bruno Le Maire, Louis Gallois mais pas Thierry Breton, Claude Bartolone mais
pas Alain Juppé, Ségolène Royal mais pas Christine Lagarde...
Et devinez quoi, c’est, ô surprise, le seul centriste du lot,
qui plus est celui qui se bat depuis 2007 sur cette idée d’union nationale à
laquelle il est identifié par les Français, François Bayrou, qui arrive en tête
avec 47% des personnes interrogées qui le verraient bien ministre (et non pas
premier ministre comme l’a titré le site internet de l’Express dont les
responsables ont eu sans doute quelques difficultés de lecture des résultats!).
A noter qu’aucune de ces six personnalités n’obtient une
majorité de réponses positives.
De même, sans surprise, les Français sont majoritairement
pour que le PS, l’UMP, le Mouvement démocrate, les Verts et l’UDI soient dans
ce gouvernement d’union nationale. Il y en a même 47% qui souhaitent que le FN
en fasse partie et 42% le Front de gauche.
Ce qui est amusant, c’est que ceux qui sont le plus pour
cette union nationale sont les sympathisants de l’UMP (89%) et ceux du FN (79%),
eux qui sans cesse attaquent de manière très agressive François Hollande et son
gouvernement, eux dont les partis qu’ils soutiennent ne sont pas au pouvoir
actuellement et qui se verraient bien le récupérer le plus vite possible alors
que des élections présidentielles et législatives ont eu lieu il y a tout juste
un an.
Au fait, pourquoi un gouvernement d’union nationale aurait
plus de succès dans sa lutte contre le chômage, les déficits et autres
questions importantes?
Là, la question n’a pas été soumise aux sondés et les
sondeurs sont bien évidemment incapables d’y répondre même si les journalistes
du JDD estiment que les pays ayant expérimenté un gouvernement de large union
ont eu des résultats un peu meilleur que les autres, ce qui reste, par
ailleurs, à démontrer.
En outre, on ne leur a pas demandé, non plus, quelle
politique donnerait des résultats miracles. Cependant, il n’est pas besoin
d’être grand clerc pour penser que la politique que devrait mener ce
gouvernement d’union nationale devrait être de droite pour les sympathisants de
l’UMP, du FN et de l’UDI et de gauche pour ceux des Verts, du PS et du Front de
gauche…
Retour à la case départ!
Plus sérieusement, il semble que la peur du présent et la
crainte du futur soit la raison principale de cette volonté d’union nationale.
Non seulement 70% des Français s’attendent à une explosion sociale dans les
mois à venir mais 37% pensent désormais que l’Union européenne est un danger
selon d’autres sondages publiés récemment…
Pour autant, ce n’est pas dans l’union nationale que se
trouve la réponse à ces inquiétudes mais dans une union autour des valeurs de
la démocratie républicaine.
Que, par ailleurs, on trouve des consensus autour des
politiques économiques, sociales et financières à mettre en place serait plus
que positif.
Mais, même si le Centre et le Centrisme n’ont rien contre
elle, laissons l’union nationale pour les cas les plus graves, lorsque la
patrie est en danger.
Aujourd’hui, malgré tous les oiseaux de mauvais augure, nous
n’en sommes pas encore là, heureusement.
Et, demain, si cela devait être le cas, alors oui, l’union
nationale aurait une utilité. Mais ne la rendons pas inutile en l’invoquant à
tort et à travers et, surtout, en la mettant en place quand elle n’est pas
encore nécessaire.
Centristement vôtre.
Le Centriste