Jean-Pierre Raffarin n’est pas toujours au diapason d’une vision centriste de
la société et ses prises de position sur la Chine, pays qu’il aime et qu’il a
raison d’aimer, ne sont pas toujours empreintes d’une défense de la démocratie.
Pourtant, ses déclarations sur l’intervention française au
Mali sont exactement ce que tout responsable centriste devrait dire.
Il a ainsi expliqué que tous les politiques devaient être
rassemblés face au terrorisme islamiste dans une «éthique de responsabilité» et
que ceux qui critiquaient à tout va le déploiement des troupes devraient, dans «cette
situation d’extrême gravité», garder leur «sang-froid»
Saluons de même François Bayrou et Jean-Louis Borloo qui,
chacun de leur côté, ont pris une position identique dans le fond à celle de
Jean-Pierre Raffarin.
Bien sûr, nous sommes en démocratie et il est normal, sain et indispensable que les opinions diverses et contradictoires se confrontent pour que le citoyen puisse se faire la sienne afin d’être cette personne responsable et informée, capable de voter en toute connaissance de cause et en fonction de son intérêt et de celui de la communauté à laquelle il appartient.
Ayant dit cela, rien ne justifie la politique politicienne
raz-des-pâquerettes, d’où qu’elle vienne, de la Droite, de la Gauche ou du
Centre.
Or, ne voilà-t-il pas que celle-ci apparait de manière assez
indécente à propos de l’intervention de la France au Mali.
Que le Front national et le Front de gauche tirent à boulets
rouge sur l’intervention, quoi de plus normal, ils sont dans l’opposition
systématique.
Mais que cette posture soit de mise dans le camp de la
Droite et, malheureusement, du Centre, ces derniers jours est, au minimum,
décevant et irresponsable.
Comment qualifier, par exemple, les propos d’un Valéry
Giscard d’Estaing parlant de risques néo-colonialistes?
Nous ne ferons pas l’injure de rappeler à l’ancien chef de
l’Etat ses relations africaines sans parler de quelques coups d’éclat (salués
justement en leur temps) comme celui des parachutistes à Kolwezi (République
démocratique du Congo) en mai 1978.
Mais il n’est pas le seul.
Laurent Wauquiez, vice-président de l’UMP parle, lui, d’impréparations,
de «manque de stratégie claire» (oubliant, au passage, l’intervention en Libye de
Nicolas Sarkozy et de son fameux va-t-en-guerre, Bernard-Henry Lévy, si
clairvoyants que cela permet aujourd’hui aux djihadistes d’avoir des bases
arrières dans le pays et de posséder un arsenal impressionnant qu’ils utilisent
notamment… au Mali contre notre armée), et de légèreté (sûr qu’il en connaît un
bout avec son rôle dans la crise de l’UMP).
Quant à Hervé Morin, président du Nouveau centre et un des
leaders de l’UDI, avant même toute action militaire, il avait déjà commencé à
critiquer l’intervention des troupes françaises dont pourtant il fut le
ministre.
Dans cette longue liste, nous n’oublions pas Alain Juppé, Axel
Poniatowski, Brice Hortefeux et quelques autres.
Notons, en revanche, les propos pleins de lucidité de
Michel Barnier fustigeant la «politique politicienne» de ses amis de l’UMP.
Il se peut que les opérations militaires contre les
terroristes islamistes qui se sont établis au Mali ne donnent pas les résultats
escomptés ou que des pertes importantes choquent les Français qui pensaient
sans doute que c’était une promenade de santé, ce qui n’a jamais été le cas de
n’importe quelle action de guerre.
Dans ce domaine tout est possible et les retournements de
l’opinion publique, actuellement majoritairement en faveur de cette
intervention, sont connus et redoutés par les politiques.
Mais avant de critiquer pour diviser le pays – ce
qu’adorent, entre nous soit dit les terroristes – les responsables politiques
de l’opposition devraient faire une analyse honnête et responsable de la
situation.
Peut-être auraient-ils souhaité que l’offensive des groupes
islamistes sur Bamako réussisse? Cela leur aurait permis de critiquer
l’irresponsabilité et la légèreté de François Hollande.
Mais ne faisons pas de procès d’intention…
Reste que tout cela rappelle la stratégie de la critique
systématique mise en place par les républicains face à Obama aux Etats-Unis.
Si une partie de la Droite et du Centre vont dans ce sens, le
débat démocratique risque d’en souffrir.
Enfin, rappelons quand même de quoi on parle.
Des groupes terroristes islamistes ont établi des bases au
Mali pour mener des opérations meurtrières en Afrique et ailleurs dans le
monde. Dans le même temps, ils s’en prennent à la population locale et
professent des idées obscurantistes.
Ils détestent au plus haut point la démocratie occidentale
et, par extension, tous les Occidentaux.
Ils n’ont aucunement intention de laisser le monde en paix
puisque leur vision de l’Islam est que celui-ci doit devenir la religion de la
planète par la soumission de tous ceux qui ne sont pas musulmans.
Pour cela, ils sont prêts à tuer quiconque, hommes, femmes,
enfants, pour leur dessein.
Quand on tente de débarrasser le monde de ces individus, on le
rend plus sûr.
Pour cela, il faut s’en donner les moyens.
Et quand la France fait ce qu’il faut, tous les démocrates
devraient supporter son action.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC